À 31 ans, Manue est agronome et paysanne en Pays basque. Salariée au sein d'une association locale qui milite pour une agriculture paysanne et durable, elle mène sa route avec un projet en tête : vivre du métier de paysan. Portrait d'une jeune femme engagée qui voit l'avenir en vert… et en basque !

Pour Manue, se définir comme « paysanne » n'est en rien galvaudé, et encore moins péjoratif. « C'est avant tout une fierté », énonce cette jeune ingénieure diplômée en agronomie de Bordeaux Sciences Agro. À la fin de ses études, elle trouve un poste à la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques, à Pau. Pendant 4 ans, elle y fait principalement de l'animation du territoire, mais a du mal à se retrouver dans le modèle d'agriculture préconisé. En 2012, Manue décide alors de rejoindre Euskal Herriko Laborantza Ganbara, association qui, depuis 12 ans, milite pour une agriculture paysanne et durable. Fruit d'une volonté locale et collective, celle-ci propose une alternative aux modèles actuels. « On défend un modèle de l'agriculture paysanne, basée sur six principes, qui répond globalement aux enjeux de l'agro-écologie », explique Manue. « Le but étant d'activer le maximum de leviers à notre disposition pour tendre vers ce modèle-là... » Aujourd'hui, c'est en tant que conseillère-technicienne agricole qu'elle met en place de multiples actions concrètes sur le territoire.

Se regrouper pour être indépendants

Passionnée par son métier, Manue rechausse ses bottes soirs et week-ends à la ferme de son compagnon : « À moyen terme, mon objectif est de m'y investir encore plus… et avec une ambition forte : que la ferme soit la plus autonome possible. » Installée à Larceveau-Arros-Cibits, au cœur du Pays basque, celle-ci compte 250 brebis laitières de race locale « manex tête rousse » et 20 vaches à viande de race « blonde d'Aquitaine » qui pâturent toute l'année. Engagée dans une démarche AOP Ossau-Iraty, la ferme fait partie de la Coopérative laitière du Pays basque (CLPB), structure créée en 1970 qui regroupe une centaine d'éleveurs, majoritairement de brebis. Elle a investi en 2014 dans la toute nouvelle fromagerie des Aldudes. « Cette fromagerie est très importante : elle nous permet d'être indépendants face aux industriels et de pouvoir mettre en avant la valeur ajoutée de nos produits, et donc de notre travail. Actuellement, nous sommes à un moment-clé où un coup de pouce politique et financier doit être réalisé pour que ce projet puisse faire vivre un territoire et défendre un modèle agricole. »

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