Naïda Drif-Lamia, haute-fonctionnaire à l'égalité des droits
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Inspectrice générale de l’agriculture, membre du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), Naïda Drif-Lamia a été nommée par le ministre Haute fonctionnaire en charge de l’égalité des droits (HFED) et de la lutte contre les discriminations au ministère en charge de l’Agriculture, le 10 novembre 2022. Elle est missionnée par le ministre pour définir, impulser, coordonner et suivre la mise en œuvre du plan d’action gouvernemental pour l’égalité femmes/hommes au sein du ministère, et pour sa déclinaison dans l'ensemble des politiques conduites. Elle nous parle de son implication – notamment à travers l’élaboration de la nouvelle feuille de route 2024-2026 pour la diversité professionnelle et l’égalité des droits entre les femmes et les hommes.
Quel est votre parcours ?
Mon parcours part du terrain et des services déconcentrés avant la centrale et l’inspection générale, ce qui me permet d’avoir un regard à 360 degrés sur l’ensemble des sujets relatifs à l’égalité. En effet, après vingt ans d’exercice au sein des établissements publics locaux d’enseignement et de formation, j’ai rejoint en 2015 la direction régionale interdépartementale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt d’Île-de-France (DRIAAF) en tant que cheffe de service régional de la formation et du développement. J’ai ensuite pris la fonction d’adjointe au sous-directeur des établissements dotations et compétences de la direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) du ministère en charge de l’Agriculture puis assuré l’intérim de la sous-direction avant d’être nommée inspectrice générale de l’agriculture en 2020.
Quelles sont les actions mises en place au ministère en matière d’égalité et de diversité ?
L’égalité entre les femmes et les hommes a été reconduite en grande cause du quinquennat par le président de la République et le ministère en charge de l’Agriculture est pleinement engagé avec la mise en place d’actions qui concernent les agents, les usagers, les apprenants et professionnels du monde agricole. En 2020, nous avons obtenu une double labellisation Égalité et Diversité, pour quatre ans, sur le périmètre des services d’administration centrale et des services déconcentrés. Cette labellisation est la concrétisation des actions initiées jusqu’à présent et menées quotidiennement au sein du ministère.
Dans la prochaine feuille de route du ministère, en lien avec le plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027 « Toutes et tous égaux », je souhaite mettre l’accent sur la santé des femmes (actions de communication dans le cadre d’Octobre rose et sur le sujet de l’endométriose) et créer un environnement de travail propice à l’inclusion. Nous devons également évaluer et prévenir les écarts de rémunération. Parmi les autres sujets se trouve également l’accompagnement à la parentalité et l’équilibre entre la vie professionnelle, personnelle et familiale. Je souhaite aussi encourager les femmes cadres à s’inscrire dans le programme Talentueuses afin qu’elles osent se positionner sur des postes d’encadrement supérieur.
Pour l’ensemble de ces projets, je peux m’appuyer sur le réseau interministériel des Hauts fonctionnaires à l’égalité des droits (HFED) ainsi que de l’appui des référent(e)s égalité-diversité du ministère en administration centrale et services déconcentrés. Je travaille en étroite collaboration avec le service des ressources humaines du ministère pour le volet interne et démarches de labellisation égalité-diversité. Je travaille aussi en lien étroit avec le cabinet du ministre en charge de l’Agriculture.
Quelles mesures seront mises en avant dans la feuille de route 2024-2026 ?
Dans le cadre du plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes, je porte deux mesures pour le ministère en charge l’Agriculture.
La première concerne l’égalité professionnelle et économique et vise à soutenir la création, la reprise ou le développement d’entreprise agricole par des femmes en ouvrant l’accès à la Garantie ÉGALITÉ Femmes portée par France Active. Son objectif est de favoriser l’entrepreneuriat des femmes. Elle est pilotée conjointement par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire et le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.
La deuxième est pilotée par la direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) du ministère en charge de l'Agriculture et vise à favoriser l’égalité filles-garçons dans l’enseignement agricole ainsi que la mixité dans les formations dites « genrées ». Avec 45% de filles et 55% de garçons, des écarts subsistent dans les filières. Sur la base d’une étude sociologique, nous allons préparer un plan d’action à destination des établissements.
Comment portez-vous la voix du ministère à l’extérieur et avancez-vous sur ces sujets ?
Je participe à de nombreux événements autour de la question de la place des femmes en agriculture. Les Rencontres nationales du retour à la terre et de l’avenir des territoires, qui se sont tenues à l’ESA d’Angers, avaient pour thème cette année « Le retour à la terre et au féminin ». J’entends les difficultés d’accès au foncier et aux prêts bancaires pour les femmes, c’est souvent le parcours du combattant. L’idée, c’est d’échanger et de valoriser les initiatives et les actions en faveur de l’égalité, partager des réflexions et essayer de répondre tous ensemble à certaines problématiques (entrepreneuriat, congé maternité, renouvellement des générations, accompagnement à l’installation...).
Je travaille également avec les associations comme Agridées, VoxDemeter et Back to Earth qui portent le sujet de l’égalité femmes-hommes dans le monde agricole et rural.
Les femmes à l’honneur au Salon international de l’agriculture 2024
En 2024, la thématique « Retour à la terre et au féminin » a permis de réunir sur le stand du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, en présence de la haute fonctionnaire Naïda Drif-Lamia et de la secrétaire générale du ministère Cécile Bigot-Dekeyzer, des femmes de toutes générations afin d’évoquer les problématiques auxquelles elles sont confrontées.
Pour Anne Dumonnet Leca, présidente de Vox Demeter, « il faut de la représentativité dans les instances agricoles ». Un sujet également porté par Muriel Penon, agricultrice et porte-parole des Elles de la Coop. Pour Anne-Cécile Suzanne, agricultrice et consultante en stratégie, « les femmes rendent service aux femmes ». Elles « apportent de l’innovation car elles viennent souvent du secteur tertiaire. Elles sont également dans des pratiques agroécologiques », explique Emmanuelle Coratti, présidente de l’association Back To Earth.
Parmi les autres sujets abordés, il y avait aussi les difficultés d’accès aux prêts et au service de remplacement ainsi que l’organisation du congé maternité.
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