L’égalité femmes-hommes et la mixité dans l’enseignement agricole
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Qu’en est-il de l’égalité femmes-hommes dans l’enseignement agricole ? Quelles sont les actions mises en place pour lutter contre le sexisme et favoriser la mixité dans les établissements scolaires ? À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes du 8 mars, Marie Pannetier, chargée de mission Aides sociales, Égalité-Diversité, Lutte contre les violences et discriminations à la direction générale de la recherche et de l'enseignement (DGER) du ministère en charge de l’Agriculture, pour l'enseignement technique, fait le point sur ces sujets ainsi que sur les actions organisées dans les établissements.
L’égalité femmes-hommes dans l’enseignement agricole
Comment qualifieriez-vous la situation des élèves et étudiantes dans l’enseignement agricole ?
On connaît une évolution positive de la place des filles dans l’enseignement agricole. En 1975, 20% des étudiants de l’enseignement supérieur agricole long (études agronomiques, vétérinaires et de paysage) étaient des femmes. En 2023, elles représentent 61% des effectifs.
S’agissant de l’enseignement agricole technique : à la rentrée 2023, les filles représentent 44% des effectifs des élèves, des apprentis et des étudiants. Les effectifs féminins sont désormais relativement stables sur les dix dernières années.
Existe-t-il des disparités entre les différentes filières ? Y a-t-il eu des évolutions dans ce domaine ?
Pour l’enseignement technique, derrière le chiffre de quasi parfaite mixité, se cachent en effet des disparités de répartition filles-garçons selon les filières. Des filières restent encore « genrées », que ce soit du côté masculin, avec par exemple les filières agroéquipements ou aménagements paysagers, ou du côté féminin avec la filière services aux personnes et animation dans les territoires (SAPAT).
Dans l’enseignement supérieur long, les femmes sont très présentes en filières vétérinaires, ce qui explique leur surreprésentation dans l’enseignement supérieur agricole long. Elles le sont moins dans les filières d’ingénieurs.
Les actions mises en place pour favoriser l’intégration des étudiantes
Quels sont les différents dispositifs visant à favoriser l’intégration des filles dans le monde agricole ?
L’action de la DGER en matière d’égalité filles-garçons est diverse. Nous engageons des actions de long terme : par exemple, une recherche-action portant sur les filières dites « genrées » de l’enseignement agricole technique visant à garantir à tous les jeunes, filles et garçons, des choix d’orientation éclairés. Nous sommes également à l’initiative d’appels à projets à l’attention des établissements les encourageant à mener des projets portés par les jeunes apprenants, encadrés par le personnel éducatif, ayant pour objectif de s’interroger sur les questions d’égalité et de diversité. Par exemple, nous proposons aux établissements de participer au concours de vidéos « Buzzons contre le sexisme » dans le cadre d’un prix spécial « enseignement agricole ». L’an dernier, nos établissements y ont remporté de nombreux prix locaux et nationaux (consulter le palmarès). Enfin, nous coopérons avec des associations, comme l’association « 100 000 entrepreneurs » qui vise à transmettre aux jeunes une culture d’entreprendre et qui organise chaque année un focus sur l’entrepreneuriat féminin, auquel l’enseignement agricole prend part depuis cinq ans.
Quels sont selon vous les leviers les plus efficaces pour favoriser la mixité filles-garçons dans l’enseignement agricole ?
Un des leviers les plus efficaces est d’agir en faveur de la lutte contre les stéréotypes et les discriminations, mais aussi, dans une démarche plus « positive », vers l’ouverture des esprits. Cela s’accompagne d’un travail portant sur la représentation des métiers : montrer, prouver et convaincre que les femmes peuvent acquérir des compétences, remplir des missions et assumer des activités dans tous les domaines, et qu’il en est de même des garçons. Il n’existe pas d’assignation professionnelle de genre. Ce travail doit être mené au sein de l’enseignement agricole, mais aussi avec les professionnels, au vu des enjeux et des transitions à venir dans le monde agricole.
Pour ce faire, il y a d’une part le cadre législatif et réglementaire : c’est le sens de la loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’École qui rappelle que l’apprentissage de l’égalité entre les filles et les garçons est une condition nécessaire pour que, progressivement, les stéréotypes s’estompent et d’autres modèles se construisent. De même, en 2019, le ministre en charge de l’Agriculture et la secrétaire d’État en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations ont signé la convention interministérielle pour l’égalité dans le système éducatif, d’une durée de cinq ans. La Haute fonctionnaire à l’Égalité des droits est chargée de son suivi, ainsi que des liens entre égalité au sein de l’enseignement agricole et égalité entre agricultrices et agriculteurs plus généralement. Nous travaillons d’ailleurs de concert en vue de la définition de certaines mesures propres à l’enseignement agricole composant la prochaine feuille de route que la Haute fonctionnaire présentera prochainement au ministre.
Les dispositifs de lutte contre le sexisme dans les établissements
Quels sont les dispositifs contre le sexisme en place dans les établissements d'enseignement agricole ?
Plusieurs dispositifs sont mis en place par le réseau Insertion & Égalité, animé par une animatrice nationale qui est chargée de piloter les actions et les initiatives, et qui détient un rôle de relais entre les différents acteurs. Dans cette optique, plusieurs appels à projets sont lancés, des partenariats avec des associations sont conclus et des formations sont proposées au personnel éducatif. Sur ce dernier point, les enquêtes « climat scolaire » nous offrent une aide précieuse pour adapter les besoins de formations selon les diagnostics établis grâce à ce travail de proximité. L’égalité filles-garçons nécessite un travail transversal, car c’est une question présente dans tous les domaines et à chaque moment de la vie de l’élève.
Des actions sont-elles prévues à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes du 8 mars 2024 ?
Les actions pour le 8 mars sont riches et diverses chaque année. De nombreux projets sont menés au sein des établissements agricoles à l’occasion de cette journée, avec les apprenants, les encadrants et l’ensemble des personnels. Mais il est important de ne pas s’en tenir à une seule action. Les travaux sur l’égalité et les actions doivent non seulement être transverses, mais également se tenir tout au long de l’année. Il ne s’agit pas d’organiser un événement le 8 mars puis ne plus se sentir concernés par la question. C’est dans le long terme que nous réussirons notre action.
Cette année, nous avons pour objectif d’annoncer au mois de mars 2024 le plan d’action qui découlera de l’étude sur les filières dites « genrées » de l’enseignement agricole. Il s’agit de mettre en place un certain nombre de mesures visant à offrir une orientation libre de tous les stéréotypes aux jeunes de l’enseignement agricole. Sa mise en œuvre est prévue pour la rentrée 2024 et s’étendra sur les trois prochaines années.
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