Entrepreneuriat féminin en agriculture : libérer les potentiels !

Ces échanges, entre trois agricultrices, une étudiante en BTSA et la présidente de Vox Demeter, association pour la mixité et l’équité femmes-hommes dans le monde agricole, ont permis de mettre en lumière des parcours variés et inspirants d’entrepreneuses agricoles, ainsi que d’évoquer les freins qui persistent.

« J’ai pu une fois encore mesurer les enjeux auxquels font face nos agricultrices, qu’il s’agisse de l’installation ou de la gestion quotidienne de leur activité. Face à ces défis, il est essentiel de soutenir l’engagement des femmes dans le secteur agricole », a déclaré la ministre de l’Agriculture. Elle a rappelé qu’une « attention particulière avait été portée au statut des exploitantes agricoles dans la Loi d’orientation agricole, votée avant le salon de l'agriculture, afin de mieux prendre en compte les difficultés spécifiques auxquelles elles sont confrontées ».

Pour Anne Dumonnet-Leca, présidente de Vox Demeter, l’existence de freins culturels, structurels et psychologiques conduisent à des inégalités dans le monde agricole envers les femmes : « Il y a encore des difficultés pour trouver un stage quand on est une fille. Des chefs d’exploitation les refusent. Elles doivent montrer qu’elles sont légitimes, même quand elles sont filles d’agriculteurs. Dans notre imaginaire, l’agriculture c’est un agriculteur. Il faut que cela évolue pour que l’on pense à un agriculteur et à une agricultrice. »

La ministre Annie Genevard a affirmé le caractère précieux de la contribution des femmes à la vie agricole : « Les femmes sont une source pour le renouvellement des générations, défi majeur des dix prochaines années ». La ministre a annoncé le lancement d’un groupe de travail composé d’agricultrices dédié aux questions de l’entrepreneuriat féminin en agriculture. Son objectif : proposer des solutions concrètes et adaptées à cette réalité.

Des parcours variés et inspirants

Géraldine Marichal

Géraldine Marichal, 43 ans, est cheffe d'une entreprise agricole en Seine-et-Marne, où elle a installé un atelier d’élevage de poules pondeuses en plein air et de qualité Label rouge. Petites filles d’éleveurs, Géraldine Marichal a conservé une affinité avec le monde du vivant en poursuivant des études d’ingénieur en agriculture. Des expériences professionnelles dans l’agroalimentaire puis dans la banque, en lien avec le financement des agriculteurs, ont motivé Géraldine Marichal à se lancer dans une reconversion professionnelle en tant qu’éleveuse. « Je voulais un métier viable pour ma famille et qui me donne du sens, où l’on voit le résultat de son travail au quotidien. Tous les jours je ramasse mes œufs. Et donner un cadre aligné avec mes valeurs à mes animaux, c’est très gratifiant ! », conclut-elle.

Camille Poulet

Camille Poulet, 37 ans, est maraîchère à Saint-Rémy-de-Provence. Diplômée d’HEC, elle exerce pendant quatre ans dans la grande distribution avant de reprendre l’exploitation familiale. Cette reprise d’exploitation est marquée par son projet de développement et d’innovation : « J’ai lancé de nouvelles cultures et méthodes de production, ainsi que créé la marque de l’exploitation, car j’avais conscience que je devais monter en gamme pour valoriser mon produit ». L’exploitation s’est dès lors rapidement développée avec des rachats de terres et l’embauche d’une centaine de salariés. « Cette exploitation est un moyen d’expression fort pour moi, car je peux partager mes valeurs avec mes salariés », confie-t-elle. Camille Poulet partage son quotidien de cheffe d’entreprise sur LinkedIn : « Je m’attache à communiquer sur le volet entrepreneurial du métier d’agriculteur qui est en mutation permanente ».

Océane Vidcoq

Océane Vidcoq, 32 ans, est paysanne boulangère en Île-de-France. Après un premier diplôme d’ingénieur et un second aux Mines, en sciences environnementales, elle travaille plus de huit ans dans l’industrie agroalimentaire et le conseil. Suite à ces expériences professionnelles, elle explique : « J’avais envie de connaître l’amont agricole qu’on ne percevait jamais du côté industriel. Et grâce à quelques stages, j’ai découvert le métier, ce qui m’a passionné ! ». Pour préparer son installation, Océane Vidcoq a analysé les pratiques économiques et agricoles qui correspondaient à son projet de production biologique de pain au levain. « C’est grâce à la transformation des produits bio que les agriculteurs peuvent avoir le contrôle du prix. C’est cela qui m’a inspiré. C’était mon métier de base la transformation, donc je me suis dit que j’allais cultiver et transformer le produit », partage-t-elle. Océane Vidcoq insiste également sur l’aspect collectif facilite les conditions de travail grâce à une organisation partagée avec ses trois collègues. Elle n’élude cependant pas les difficultés à l’installation comme l’acquisition du foncier et les démarches administratives : « Il y a un vrai marché pour notre proposition de pain biologique, mais le temps, le financement et l’accès au foncier ralentissent notre projet ».

Lou Mouronval

Lou Mouronval est étudiante de 22 ans en BTSA à l’École supérieure des Agricultures d’Angers. Elle découvre le monde agricole après un baccalauréat général et des études de droit à Montpellier. Une première expérience en fromagerie déclenche sa réorientation en BTSA Production animale et, depuis, se destine à une installation en élevage de bufflones laitières. « Ces témoignages m’encouragent à y croire, à passer outre les difficultés d’expérience vécues dans le monde agricole en tant que femme », a conclu Lou Mouronval.