28 mars 2022 Publication

L'entrepreneuriat dans l'enseignement supérieur agricole

  • Claude Bernhard
  • Claire Laugier

Le CGAAER a été chargé d’établir un état des lieux et un bilan sur l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur agricole.

Rapport de mission de conseil n°20079

Août 2021

Mots-clés : enseignement supérieur agricole, entrepreneuriat, esprit d’entreprendre, création-reprise d’entreprise, exercice libéral

Enjeux

L’entrepreneuriat permet de développer l’insertion professionnelle, de valoriser la recherche scientifique au travers de l’innovation. Il contribue à la croissance et à la compétitivité de l’économie. Ces enjeux font partie des missions de l’enseignement supérieur qui se préoccupe ainsi de plus en plus du développement de l’entrepreneuriat étudiant.

Le ministère en charge de l’enseignement supérieur a mis en place dès 2013 le dispositif Pépite (Pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat) créant notamment un statut d’étudiant-entrepreneur et un prix favorisant la création de start-up.

Le CGAAER a été chargé d’établir un état des lieux et un bilan sur l’entrepreneuriat dans les formations initiales d’ingénieur, de vétérinaire, de paysagiste et de doctorat des établissements publics et privés relevant du ministère de l'agriculture et de l'alimentation.

Méthodologie

Après une étude bibliographique englobant les textes réglementaires, la mission a consulté, par visioconférence du fait de la situation sanitaire, plus d’une cinquantaine d’interlocuteurs issus du monde de l’entreprise, de l’enseignement supérieur et d’associations de diplômés.

Pour dresser l’état des lieux de la situation dans les établissements relevant du ministère, un questionnaire leur a été adressé, complété par des entretiens avec les équipes de direction et des étudiants.

Résumé

La première idée générale est que l’entrepreneuriat doit consister à développer l’esprit d’entreprendre.

L’enquête menée dans les établissements de l’enseignement supérieur agricole (ESA) montre que l’entrepreneuriat est, sauf exception, bien pris en compte dans les intentions stratégiques, l’organisation et la gouvernance.

Toutefois l'activité libérale, débouché classique pour les vétérinaires et les paysagistes, n'est pas associée à la création de start-up. Les actions mises en œuvre par les écoles d’ingénieurs ont un impact limité sur la création d’entreprise par les jeunes diplômés.

Les étudiants sont particulièrement bien préparés au monde de l’entreprise mais ils s’orientent principalement vers le salariat. Les femmes sont nettement moins présentes en création ou reprise d’activité que les hommes.

Malgré la proximité avec la recherche et l’innovation, les doctorants sont peu impliqués dans la création d’entreprise.

La mission a procédé à l’interclassement des établissements en attribuant des points en fonction des critères entrepreneuriaux. Les établissements privés figurent nettement en tête de classement. De manière générale, les écoles d’ingénieurs sont plus performantes que les écoles vétérinaires. La comparaison avec quelques établissements français et européens montre une bonne performance des établissements de l’ESA.

En définitive, les établissements de l’ESA sont aujourd’hui tous investis dans l’entrepreneuriat mais de manière contrastée suivant les catégories d’écoles (publiques ou privées, nature du diplôme, orientation vers le secteur public ou privé) et l’environnement universitaire local. L’impulsion donnée par les directions des établissements est un facteur essentiel, ainsi que la mise en place d’une mission entrepreneuriat dans l’organisation, avec un responsable issu du monde de l’entreprise.

Une offre de formation tout au long de la vie en matière d’entrepreneuriat serait à développer pour répondre aux besoins des anciens diplômés. Le référentiel de formation d’ingénieur fixé par la commission des titres d’ingénieurs pourrait inspirer ceux concernant les vétérinaires et paysagistes. Sur le plan pédagogique, les formes ouvertes et créatives sont à privilégier. Des échanges de bonnes pratiques et la mise en réseau des responsables pédagogiques sont recommandés tant au niveau local que national.

Enfin, une formation des encadrants de thèse serait utile pour accompagner les doctorants vers la création d’entreprise.

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