La valorisation des gros bois
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Le CGAAER a été chargé d'analyser les causes et conséquences de l'accumulation de gros bois dans les forêts françaises alors que la demande semble privilégier des arbres de plus faible diamètre.
Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr Rapport de mission de conseil n° 18130
Février 2020
Mots-clés : bois, forêt française, gros bois
Enjeux
L’analyse brute des données de l’inventaire forestier national montre une augmentation singulière des volumes de bois en forêt dans certaines catégories de diamètres correspondant à des gros et très gros bois.
Le CGAAER a été chargé d'examiner la situation afin de comprendre pourquoi les propriétaires semblent vouloir conserver ces bois alors que les plus grosses scieries, qui traitent une part importante des grumes récoltées, privilégient des bois de plus faibles diamètres. Il a également étudié les éventuelles conséquences défavorables de cette capitalisation dans les gros et très gros bois.
Méthodologie
La mission s’est déroulée de mai à décembre 2019.
Outre l’audition des représentants professionnels nationaux, la mission a effectué des visites de terrain et analysé dans le détail les différentes sources de données et les études permettant d’appréhender la réalité de la situation des gros et très gros bois en France.
Résumé
La diversité de la forêt française ne permet pas de s’arrêter à un constat global qui masque des différences marquées. La mission a analysé les données disponibles, issues principalement de l’Inventaire forestier national (IFN), en cherchant à caractériser des situations forestières homogènes ; une approche d’autant plus nécessaire que la forêt française n’est pas sur une trajectoire stabilisée et que plusieurs dynamiques sont à l’œuvre, reflets de l’histoire et des politiques forestières passées.
L’augmentation globale des volumes et de la proportion de gros bois résulte ainsi d’une évolution structurelle, de long terme, qui juxtapose des peuplements en croissance (vagues de plantations et de conversions), et des peuplements matures, parfois sous-exploités et sur-matures du fait de l’existence de nombreux freins à une gestion forestière dynamique (notamment les sapins de moyenne montagne, les sapins et épicéas de haute montagne, les hêtres dans les Pyrénées).
L’analyse du marché et des outils de transformation montre des situations diamétralement opposées entre les grumes feuillues et les grumes résineuses. Dans le premier cas, les gros bois sont recherchés, dans le second des coupes avec gros bois restent invendues car les prix de soumission ne permettent pas de couvrir les frais d’exploitation et les frais de maintien de l’état forestier, encore moins de rémunérer les propriétaires.
Dès lors, les freins qui s’opposent aujourd’hui à une valorisation des gros bois dans certains contextes ne pourront être levés sans un accroissement des surfaces gérées de manière dynamique, produisant des gros bois de qualité « voulus » et non « subis », sans des aides pour faciliter l’exploitation en zone difficile, sans soutiens aux industries pour qu’elles investissent et innovent et sans implications régionales. Autant d’évolutions qui ne sont pas spécifiques aux gros bois, mais qui sont nécessaires pour le développement de la filière dans son ensemble, les gros bois n’étant qu’un révélateur de handicaps déjà bien identifiés.
La mission propose cinq recommandations principales, axées sur la dynamique de filière et l’investissement, tout en prenant acte qu’une partie de la ressource forestière, notamment celle constituée de très gros bois résineux mais également celle cumulant les handicaps économiques, ne sera pas valorisée à court terme :
- préserver et renforcer l’outil de suivi statistique de la ressource,
- inciter à une dynamisation de la gestion forestière,
- renforcer les dynamiques régionales pour sortir des situations de blocage sylvicole,
- considérer la valorisation du bois d’œuvre comme stratégique et développer la filière de transformation,
- relancer un dispositif national d’aides au boisement.