Réduction des herbicides: "Chercheurs et agriculteurs sont complémentaires"
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Ingénieur de recherche à l’INRA de Dijon, Nicolas Munier-Jolain travaille en étroite collaboration avec les agriculteurs pour les aider à réduire leur utilisation de produits phytopharmaceutiques.
Nicolas Munier-Jolain n’est pas de ceux qui obéissent à un itinéraire tracé à l’avance. Au lycée, il voulait devenir vétérinaire. Il est aujourd’hui chercheur en agronomie et ne regrette pour rien au monde d’avoir changé de voie. « J’ai vite compris qu’une formation d’agronome offrait des opportunités diverses et un travail varié », confirme le chercheur, « c’est un métier que j’ai appris sur le tas. »
De sa précédente ambition, Nicolas Munier-Jolain conserve une certaine sensibilité au monde de la faune et de la flore, même s’il avoue ne pas avoir été recruté à l’INRA pour ses compétences écologiques : « Je suis agronome avant d’être écologiste, » précise-t-il, « mais les deux disciplines finissent toujours par se rejoindre. Il y a forcément une vocation environnementale à vouloir limiter l’utilisation d’herbicides. »
Programme expérimental
Depuis la fin des années 1990, Nicolas Munier-Jolain développe un programme expérimental pour permettre aux agriculteurs de produire autrement. Parmi les techniques mises en œuvre, la rotation des cultures consiste à varier les semis afin d’éviter l’épuisement du sol et la propagation des adventices.
Le système du faux semis est ingénieux lui aussi : il s’agit d’un travail de préparation du sol visant à faire germer les graines de mauvaises herbes avant de les détruire, pour placer ensuite le vrai semis.Le centre de recherches étant équipé de parcelles expérimentales, c’est à l’INRA que les agriculteurs viennent observer les résultats de ces techniques. « Nous leur démontrons, preuves à l’appui, que des solutions alternatives fonctionnent et qu’ils peuvent, eux aussi, diminuer leurs doses de produits phytopharmaceutiques. » explique l’ingénieur.
Mais Nicolas Munier-Jolain n’est pas magicien pour autant et il aime à le préciser : « Il n’y a pas de solution miracle. Au contraire, c’est une combinaison d’un grand nombre de leviers agronomiques qui, s’ils sont utilisés intelligemment, produisent de bons résultats. C’est pour cela que la collaboration entre les agriculteurs et le centre de recherches est nécessaire. »
« Nous avons créé une vraie complémentarité »
Cette collaboration fonctionne sur le mode d’une véritable interaction entre ceux qui mettent à jour les méthodes économes en produits phytopharmaceutiques et ceux qui les utilisent sur leur exploitation. En effet, l’INRA propose des formations aux agriculteurs et en retour, s’inspire des résultats obtenus sur les parcelles. « Nous avons créé une vraie complémentarité » , poursuit Nicolas Munier-Jolain. « À partir du niveau de réussite des méthodes économes en herbicides que nous observons chez les agriculteurs, nous engageons des recherches qu’ils ne pourraient pas mener, faute de moyens. »
En mêlant expérimentation et partage d’expériences, les chercheurs en agro-écologie comme Nicolas Munier-Jolain créent les solutions alternatives de demain.