30 septembre 1998 Info +

Notes et études économiques n°8

Dans ce huitième numéro de Notes et études économiques, nous publions une partie d’une étude commandée en 1995 par la Direction des affaires financières et économiques sur les perspectives d’évolution de l’agriculture française.

Sommaire

Cette étude, réalisée par Sylvie Bonny, chercheuse à l’Institut
national de la recherche agronomique, a été utilisée dans les travaux de prospectives préparatoires à la loi d’orientation agricole. L’extrait publié dans ce numéro concerne les perspectives d’évolution des rendements des grandes cultures en France, et plus particulièrement le cas du blé. Aujourd’hui on
pourrait considérer que la question d’une amélioration des rendements n’est plus d’actualité. En effet les objectifs d’autosuffisance ont été largement dépassés, l’Europe est devenue un des premiers exportateurs mondiaux et les possibilités d’extension des marchés mondiaux ne semblent pas aussi
prometteuses qu’on pouvait le penser il y a peu. L’heure n’est donc plus à la recherche d’une croissance de la production agricole à tout prix. Néanmoins, dans une réflexion prospective, il importe de dépasser les préoccupations de court terme et de prendre en considération l’évolution des besoins alimentaires de la planète qui vont découler de l’accroissement de la population. Même dans une optique plus immédiate, les décisions prochaines sur la réforme de la PAC devront s’appuyer sur une bonne évaluation des tendances à l’oeuvre au niveau de la production. Le texte de Sylvie Bonny, qui rassemble toutes les
données scientifiques les plus récentes sur la question, mérite donc d’être porté à la connaissance du public.

Le second texte constitue la synthèse d’une série d’études conduites par des chercheurs de l’INRA et de la Fondation nationale des sciences politiques sur les transferts publics à l’agriculture en Allemagne, en Espagne, au Royaume-Uni et en France (les analyses " nationales " ont été publiées dans les
numéros 5 et 6 de la revue " Notes et études économiques "). Ces travaux, réalisés à la demande et avec l’appui du Ministère, ont permis de comparer, dans un cadre conceptuel commun, les soutiens publics, tant nationaux que communautaires, dont bénéficient les agricultures de ces quatre pays. Ils révèlent des utilisations relativement diverses des outils de la politique communautaire dans la recherche de solutions nationales aux problèmes d’adaptation que posent aux Etats membres de l’Union européenne la crise de
l’intensification agricole et la réforme de la PAC de 1992.

Résumé

Sylvie Bonny

L’agriculture française a été marquée depuis 1950 par des gains de productivité physique considé-rables se traduisant par une forte progression des rendements. Cette tendance va-t-elle perdurer ou bien un infléchissement peut-il se produire ? A travers le cas du blé, culture particulièrement importante, on cherche à prendre en compte les nombreux facteurs physiques, techniques, écono-miques et sociétaux qui déterminent les rendements et à analyser leurs perspectives d’évolution.

Une première partie rappelle succinctement la loi des "rendements décroissants" et quelques notions sur l’optimum économique du producteur et sur le progrès technique. Puis on s’interroge sur la productivité maximale théorique du blé, sur ses facteurs de variation et enfin sur le rendement maximum atteignable et ses possibilités éventuelles d’augmentation. On observe actuellement un écart important entre les rendements réels et les rendements maximum possibles en France et dans le monde : quels en sont les facteurs explicatifs ? La quatrième partie examine ensuite s’il existe des voies possibles pour accroître les rendements sans dégrader l’environnement, notamment par un meilleur raisonnement des apports d’intrants. Mais l’un des déterminants majeurs de l’évolution des rendements est le choix et l’objectif des agriculteurs en la matière ; de ce fait on cherche à analyser si la croissance des rendements peut demeurer un de leurs objectifs essentiels, autrement dit si l’intensification reste économiquement avantageuse alors que certaines études montrent l’intérêt d’une relative désintensification particulièrement sous certaines hypothèses.

La dernière partie esquisse un bilan de divers travaux sur les perspectives d’évolution des rendements dans les prochaines années : on rappelle les estimations de divers organismes ou chercheurs, le mode de conduite envisagé par les agriculteurs dans un futur proche, et ce que donnerait l’extrapolation des tendances passées de croissance. Enfin on examine brièvement les évolutions possibles de divers facteurs susceptibles d’influer sur les rendements : le prix du blé, les perspectives de la demande mondiale en céréales, les options de l’UE en matière de politique agricole, et l’impact des réglementations environnementales récentes.

Hélène Delorme, Virginie Mechineau-Guichard, Daniel Perraud

Soumises aux pression opposées de la libéralisation des économies et des marchés, d’une part, des dynamiques internes de chaque agriculture nationale, d’autre part, les politiques agricoles des pays de l’UE connaissent depuis la réforme de 1992 une évolution paradoxale : tandis que leurs instruments s’homogénéisent, avec une montée générale et parallèle des financements européens et des paiements directs, leur contenu (objectifs, volume, structure administrative et sectorielle) reste spécifique et permet à chaque pays d’adapter l’ajustement aux caractéristiques de son économie agricole. Ce double mouvement de la politique agricole est repéré dans quatre pays de l’UE (Allemagne, Espagne, France et Royaume-Uni) à l’aide d’une comparaison des transferts publics à l’agriculture qui s’opère à trois niveaux successifs (volume global, structure d’ensemble, compo-sition des aides économiques à la production agricole) et qui utilise les outils d’analyse construits par le Ministère. Les trois formes d’adaptation au nouveau contexte (l’agrarienne en France, la libérale au Royaume-Uni, la régionaliste en Allemagne et en Espagne) sont révélatrices des perspectives novatrices qu’ouvre la réforme de 1992 : le passage à des paiements directs relativement découplés est en effet utilisé par chaque gouvernement pour réorienter sa politique agricole vers des objectifs sociaux plus vastes (emploi, qualité, environnement) et ainsi avancer dans la recherche d’une issue à la crise de l’intensification agricole.

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