Pascal Xicluna / agriculture.gouv.fr

26 mai 2019 Info +

« J’arrive à avoir de très belles salades sans aucun traitement »

« Faire autrement » est le credo de Thierry Robin, maraîcher, dont l’exploitation est certifiée Haute valeur environnementale (HVE). Pour ses fruits et légumes, qu’il vend en circuit court, il limite au maximum le recours aux produits phytosanitaires. Et constate que les consommateurs acceptent de mieux en mieux les produits avec de légers défauts d’apparence.

Des étangs, des bois et des haies qui quadrillent le paysage, pas de doute, nous sommes dans un territoire bocager typique des Pays de la Loire. Dans cet « échiquier aux lignes naturelles », pas très loin de la commune Les Alleuds, Thierry Robin, maraîcher depuis 25 ans, prend les devants : « les solutions chimiques sont peu à peu interdites, notamment pour le désherbage avec le glyphosate, alors j’essaye de faire autrement. Dans mes serres, j’utilise dorénavant une désherbeuse qui fonctionne sur batterie, pour enlever l’herbe mécaniquement et facilement. Dans mes vergers, j’ai investi dans une tondeuse spécifique pour enlever la végétation nuisible qui favorise les maladies et qui concurrence l’eau. En revanche, cela me demande plus de temps de travail, et des passages plus réguliers sur mes 3 hectares de verger, mes 3 hectares de légumes de plein champ, et mes 10 000 m² de serre. »

Faire mieux avec moins Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr

Avec son fils et son épouse, Thierry Robin cultive et vend directement aux consommateurs des pommes, des poires, des pêches, des fraises, des courgettes, des pommes de terre, des radis et des endives, ainsi que des salades, du melon et des brugnons. Ils ont choisi de pratiquer une agriculture raisonnée qui rime avec sobriété, raconte-t-il. « Je me rends compte que plus on traite, plus il faut traiter, ce qui n'est pas forcément bien. Alors nous essayons de faire mieux, avec moins. Pour les tomates nous avons diminué le nombre de rangs par serre, de 6 à 4, pour les aérer et éviter la prolifération des champignons (mildiou). Nous obtenons les mêmes rendements parce que la plante se développe davantage. Pour les légumes qui poussent vite comme les salades ou les radis (2 mois), je n’ai pas besoin de traiter, car les maladies n’ont pas le temps de s’installer, contrairement aux tomates qui poussent en 6 mois. J’arrive à avoir de très belles salades sans aucun traitement. »

Des consommateurs exigeants mais aussi plus compréhensifs

« Il est parfois difficile d’obtenir des beaux fruits sans utiliser de traitements, notamment en cas d’année humide, mais tout dépend de ce que le consommateur recherche », souligne Thierry Robin. Les défauts dapparence sur les fruits, notamment causés par les champignons en cas de diminution des fongicides (ex. les tavelures sur les pommes), sont mieux acceptés. Les consommateurs demandent de plus en plus de diminuer les traitements et de protéger l’environnement, ce que nous faisons, notamment en certifiant notre exploitation Haute valeur environnementale (HVE). Les nombreuses haies, arbres et étangs qui ornent les 32 hectares de l’exploitation, favorisent la biodiversité. Le système goutte-à-goutte permet d’économiser l’eau, et le désherbage mécanique permet de diminuer les traitements. Tous ces bénéfices environnementaux se retrouveront finalement dans le panier du consommateur. »