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Pascal Xicluna / agriculture.gouv.fr

24 février 2020 Info +

La forêt française, des défis multiples à la croisée des enjeux environnementaux, économiques et sociétaux

Si notre forêt est l’une des premières victimes des effets du changement climatique, elle est également l’une des solutions pour les atténuer, notamment par la captation de carbone. La forêt, comme les sols, est au cœur des stratégies française et européenne pour permettre à notre pays d’être neutre en carbone d’ici 2050. L’objectif est donc de valoriser le triple rôle carbone de la forêt et du bois : séquestration, stockage et substitution.

La France est un grand pays forestier avec près de 17 millions d'hectares en métropole, soit près de 31% du territoire métropolitain, et 8 millions en Guyane avec la forêt amazonienne. La forêt française métropolitaine est majoritairement feuillue.

Grâce à sa diversité d'essences, de types de propriétés, de modes de gestion, la forêt française possède une forte capacité de résilience et donc de se maintenir en cas de perturbations. Le principe est simple : un écosystème (exemple : une forêt) a d'autant plus de chances de résister à un facteur de mortalité (attaque d'insectes, sécheresse…) si il est composé d'unités (exemple : d'arbres) qui réagissent différemment. C'est vrai pour les forêts à l'échelle du peuplement, du massif ou du territoire.

Dans quelle mesure la forêt permet de lutter contre le changement climatique ?

La forêt et le bois interviennent sur 3 leviers dans le cycle du carbone :

  • la séquestration, c'est-à-dire le pouvoir des arbres à absorber le carbone par la photosynthèse ;
  • le stockage, soit la capacité à garder ce carbone. Un arbre sur pied ou transformé (valorisé par exemple pour de la construction ou des meubles) renferme un stock à moyen-long terme de carbone. La charpente de la cathédrale de Notre-Dame de Paris a par exemple stocké du carbone pendant 800 ans ;
  • la substitution : le bois est une ressource naturelle et renouvelable qui peut, pour certains usages, être utilisé à la place de matériaux ou de sources d'énergie plus énergivores ou d'origine fossiles comme le plastique, l'aluminium, l'acier ou le pétrole. Lorsque l'on utilise un matériau ou une ressource énergétique plus économe en émissions de carbone par « substitution » à d'autres matériaux ou énergie, on parle d'émissions évitées.

Les arbres stockent du carbone tout au long de leur cycle de vie. Ainsi, les jeunes forêts d'aujourd'hui (régénérée naturellement ou par plantation) ne compensent pas les émissions actuelles instantanément : elles séquestreront du carbone pendant de longues années.

Quelles sont les conséquences du changement climatique sur les forêts françaises ?

Il est nécessaire, pour assurer le potentiel de puits de carbone des forêts, que les forêts de demain soient adaptées au climat futur, de réfléchir aux essences qui seront le plus à même de résister. Un jeune arbre en 2020 sera présent au même endroit dans 50, 100 voire 200 ans selon les espèces. Sera-t-il en capacité de survivre aux futures conditions climatiques ?

Plusieurs équipes de recherche et développement réfléchissent à ces questions, au sein de l'Office national des forêts (ONF) pour les forêts publiques et de l'Institut de développement forestier (IDF-CNPF) pour les forêts privées. Le RMT AFORCE est un réseau multipartenarial de recherche, de développement, et transfert des connaissances spécialisé sur l'adaptation des forêts au changement climatique. Il est en partie financé par le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.

Pour déterminer les essences qui seront les plus résistantes et adaptées, les chercheurs croisent les données climatiques actuelles (comme les précipitations, les températures) et l'aire de répartition des espèces, et les projettent en fonction des prévisions futures. Ils peuvent ainsi tester si certaines provenances, par exemple des chênes historiquement présents dans le sud de la France, seraient plus aptes à résister plus au Nord dans le climat futur.

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