Les châtaignes AOP, doux fruits de l’hiver

Si leur longue histoire se ressemble, toutes deux défendent leur typicité et maintiennent un ancrage fort au territoire qu’elles ont contribué à façonner.

Le châtaignier, « l'arbre à pain »

Dès le Moyen Âge, la culture de la châtaigne recouvre les pentes ardéchoises et cévenoles jusqu’à son apogée au XIX^e siècle. Elle est la base de l’alimentation des populations locales et animales. En complément de l’exploitation du bois du châtaignier, elle est une ressource économique fondamentale, modelant fortement les paysages.

En Ardèche, le fruit à coque sert de monnaie d’échange au même titre que le blé ou le sel. Dans les Cévennes, son bois est utilisé pour toute construction, pour le mobilier, le fourrage et la vannerie….

De génération en génération, la culture de la châtaigne assure le maintien de petites exploitations et d’un tissu social en zone difficile. Autre atout : bien entretenue, la châtaigneraie permet de préserver la biodiversité et de protéger le territoire contre les incendies et l'érosion des sols.

Au XX^e siècle, en réponse à l’exode rural qui menace le maintien des châtaigneraies, un renouveau est envisagé, jusqu’à l’obtention d’une appellation d’origine contrôlée puis protégée. Il s’agit de diversifier les productions agricoles et de préserver un patrimoine culinaire et paysager.

En 2014, la châtaigne d'Ardèche obtient l’Appellation d’origine protégée (AOP), son aire géographique couvre le département de l’Ardèche et quelques communes limitrophes.

La châtaigne des Cévennes, essentiellement produite dans le Gard, l’Hérault et la Lozère, est reconnue en AOP en 2020.

À chaque châtaigne, sa typicité

Au fil du temps, de nombreuses variétés de châtaignier ont été sélectionnées, mais aussi des sols et les meilleures pratiques culturales afin de conférer à chaque appellation une saveur, une texture qui leur sont propres : c’est la typicité.

En Ardèche, la châtaigne AOP offre des notes discrètes de brioche, de pain au lait, de potimarron, de patate douce et de miel, avec parfois une légère amertume.

Dans les Cévennes, une texture souple et des arômes de miel, de lait chaud, de patate douce et de violette sont davantage exprimés.

L’AOP garantit une production dans une aire géographique délimitée, l’emploi de variétés traditionnelles, des méthodes de production, de récolte et de tri pour la qualité et le calibre des fruits, l’absence de fertilisant chimique et la typicité gustative.

Les châtaignes AOP en chiffres

Aujourd’hui, les Cévennes comptent 600 castanéiculteurs, essentiellement polyculteurs, pour une production artisanale de 1 500 tonnes de châtaigne commercialisées sous la forme de châtaigne fraîche, sèche et transformée en farine.

L’Ardèche produit 5 000 tonnes de châtaigne AOP (fraîche, sèche et farine), soit 50% de la production nationale et dont la moitié est transformée. Elle s’exporte notamment dans le nord de l’Europe. La filière crée près de 1 000 emplois au total.

Au total, en 2023, 8 571 tonnes de châtaignes ont été produites en France (source : Agreste).