Le GAEC de l'Uvry, en Meurthe-et-Moselle. - agriculture.gouv.fr

08 mars 2023 Actualité

Jean-Pierre Barbier, éleveur : « En passant en bio, nous gagnons sur tous les plans »

Jean-Pierre Barbier est éleveur de vaches laitières à Goviller, en Meurthe-et-Moselle. En 2018, il a entamé la transition de son exploitation vers le bio. Il en tire de nombreux bénéfices, économiques bien sûr, mais aussi pour le bien-être de ses bêtes et pour son propre métier d’éleveur.

Pouvez-vous nous présenter votre exploitation laitière ?

Nous sommes trois associés sur une surface de 300 hectares, à Goviller dans la région de Nancy, avec 180 vaches laitières et 80 génisses pour le renouvellement.

Quelles sont les raisons de votre transition vers l’agriculture biologique ?

Notre transition vers le bio a commencé en 2018. Pour nous, cela relève d’un changement de philosophie dans notre travail. L’idée principale est d’être plus résilients, moins dépendants des éléments extérieurs comme la sécheresse, et de ne pas participer à l’importation d’alimentation animale d’Amérique du Sud, par exemple. Ce que nous achetons à l’extérieur, colza ou soja, provient exclusivement de Meurthe-et-Moselle ou d’Alsace.

« Les incitations de la Politique agricole commune (PAC) ne dirigent pas notre action, mais elles l’accompagnent : notre transition vers le bio, nous l’aurions faite de toute façon pour des raisons personnelles. Autrement dit, même sans les aides, nous sommes gagnants. Mais elles sont évidemment nécessaires : la PAC contribue à faire changer les pratiques agricoles. »

Jean-Pierre Barbier

Travailler en bio présente-t-il d’autres avantages ?

L’une des grandes différences, c’est le bien-être animal. Avant notre conversion en bio, nous demandions aux vaches une production importante, jusqu’à 10 000 litres de lait par an, c’est beaucoup et cela les rendait fragiles. En bio, nous produisons moins, cela permet de désintensifier l’élevage. Diminuer la production des vaches laitières permet de limiter les problèmes de santé (mammites, fécondité) et les besoins en traitements antibiotiques. J’ai aussi commencé la phytothérapie, l’aromathérapie, on est davantage dans l’anticipation et la prévention des maladies. Je pense que cet équilibre est meilleur pour les bêtes et pour nous, éleveurs.

Y a-t-il une part de convictions personnelles dans cette décision ?

Bien sûr, on n’est pas dans un bocal ! Les agriculteurs sont en première ligne du changement climatique. Les vaches produisent du méthane, qui est un puissant gaz à effet de serre. Nous avons donc une responsabilité sur l’état de la planète, et sur ce que nous voulons laisser à nos enfants et petits-enfants. Dans le monde agricole il faut que chacun, dans la mesure de ses moyens, change ses pratiques à son niveau.

Vers 18% de surface en bio en 2027
L’agriculture biologique favorise la sortie des pesticides de synthèse et la protection de la faune sauvage, en particulier les auxiliaires de cultures et les pollinisateurs. Elle permet de protéger la ressource en eau, notamment dans les aires de captage de l’eau potable. Pour ces raisons, et en accompagnement d’une forte demande des consommateurs, le PSN (Plan stratégique national) fixe un objectif ambitieux pour le bio : atteindre 18% de la surface agricole utile (SAU) française en agriculture biologique d’ici fin 2027. Cela représentera près de 4,8 millions d’hectares de terres agricoles. Cette cible pourra être atteinte notamment grâce la mesure d’aide à la conversion en bio (2d pilier) et par la rémunération supérieure du bio comme voie d’accès à l’écorégime (1er pilier).

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