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Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr

02 juillet 2019 Info +

Trophées de l'agroécologie 2019 : « Être agriculteur, c'est préserver les ressources »

« On voulait une cohérence économique, environnementale, humaine et climatique ». C'est en ces termes qu'Yvon Cras-Quéau raconte comment avec son frère ils ont repris et réorienté l'exploitation familiale de Plougar, près de Morlaix. Rencontre avec les lauréats des trophées de l'agroécologie 2019.

Le respect de la terre et de l'environnement, Yvon et son frère Jean, qui travaille avec lui en GAEC, l'ont appris très jeunes. « Notre père nous répétait souvent en breton qu'il ne fallait pas piller les sols. Il nous mettait en garde : ce ne sont pas des réservoirs inépuisables. Cette conscience nous est revenue après quelques années de pratiques ».

En 1995, les deux frères rejoignent un groupe de réflexion : « c'est notre contrôleur laitier qui nous a proposé de rencontrer des membres d'Atout lait. On s'est dit : stop ! On essaye de faire du lait de manière raisonnée et rentable. Jusque là, on était dépendant des discours les plus répandus : la productivité à tout prix... On s'est rendu compte que si on ne voulait pas travailler à perte, la solution n'était pas forcément de s'agrandir mais de produire autrement. Et cela ne correspondait pas à mes convictions : être agriculteur, c'est préserver les ressources. »

Premier changement : le GAEC du bocage (GAEC CRAS à l'époque) arrête la production de pommes de terre et de choux fleurs et se spécialise en production laitière. Grâce à un échange parcellaire « crucial » et des rencontres d'expériences, la ferme évolue vers le « tout herbe » en mesurant les bénéfices économiques et environnementaux... « Avant, on cultivait du maïs pour nourrir les vaches. Avec nos 41 hectares et nos cinquante vaches, le système herbager est une solution aussi bien économique qu'écologique ».

Au fil des voyages à l'étranger et des discussions dans des groupes de réflexion, Yvon et Jean continuent à adopter de nouvelles pratiques. « Dès 2009, notre troupeau de vache "prim'holstein" évolue par la réalisation de croisements, les génisses qui renouvellent le troupeau sont désormais croisées jersiaises et rouge scandinaves ». Résultat : des animaux plus petits, plus robustes, qui ont une meilleure efficacité laitière et qui vêlent plus facilement. « Nos vaches sont au pré tous les jours de l'année, on les change de parcelles afin qu'elles aient une nouvelle herbe. Mon but n'est pas de produire plus de lait mais d'optimiser le pâturage et d'avoir un faible impact environnemental. » Yvon parcourt ses parcelles, observe les différentes plantes et s'assure que l'herbe soit de bonne qualité pour ses vaches.

Puis vient en novembre 2008 le challenge de la conversion à l'agriculture biologique. « Je me suis autorisé à faire différemment. » Là encore, Yvon doit convaincre son frère... « Se convertir au bio, ça fait peur », raconte Jean. « Yvon m'a parlé d'exemples d'exploitations où ça avait marché, et une fois rassuré, on s'est lancé ». Dix ans plus tard, la quantité de travail est régulière tout au long de l'année et les revenus stables.

Panneaux solaires photovoltaïques, non-labour… Le GAEC multiplie les pratiques respectueuses de l'environnement. Ce système vertueux a été récompensé par le prix innovation des trophées de l'agroécologie 2019.

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Jean Cras-Quéau, Yvon Cras-Quéau et son fils Simon qui le remplacera dans trois ans sur le GAEC - Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr
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Réalisation d'une clôture pour le pâturage tournant dynamique - Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr
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Trèfle blanc sur le pâturage - Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr
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Dans quelques années, les arbres formeront une haie qui favorisera la biodiversité - Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr
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