Éliane Marcoux : « Ce qui me plaît le plus, c’est d’amener un produit jusqu’au bout »

Dans le massif des Aravis, en Haute-Savoie, Éliane Marcoux, dite Lily, est à la tête d’une exploitation caprine bio avec son mari Morgan. Dès son installation en 2018, le couple organise avec précision son projet : soins à prodiguer à la centaine de chèvres, traite deux fois par jour, fabrication de fromages locaux… Avec, en fil rouge, un amour profond des montagnes et une volonté d’inscrire leur élevage dans la vie du territoire.

Originaire du Québec, Lily Marcoux arrive en Haute-Savoie en 2006. Après une carrière dans l’événementiel, les vaches de son voisin qui montent en alpages l’inspirent : elle passe rapidement son certificat professionnel éleveur au centre d’élevage de Poisy. C’est lors d’un stage que Lily se familiarise avec les chèvres, « des animaux très intelligents et très attachants ».

Dès 2017, les projets s’enchaînent : la commune du Bouchet-Mont-Charvin et la Safer (Société agricole d'aménagement foncier et d'établissement rural) reconstruisent un îlot de pâturages pour accueillir un nouveau projet d’installation agricole. Lily et Morgan, qui a quitté son emploi de charpentier pour rejoindre son épouse, se mettent sur les rangs et leur dossier est retenu. « Dès le départ, nous étions dans l’optique de porter un projet local, de perpétuer des savoir-faire », raconte Lily. Ils rachètent un troupeau de chèvres et dessinent déjà les plans de la stabulation qui jouxtera leur future maison.

« Avec 300 habitants, le Bouchet-Mont-Charvin ne peut pas vivre que du tourisme, explique Morgan. En commercialisant nos fromages, on participe pleinement à l’activité locale. » Les fromages en question (Chevrotins AOP, Tomme de Montagne, Persillé des Aravis) sont vendus dans des magasins bio et des petites épiceries de la région. Lily effectue également des livraisons auprès de particuliers dans trois communes des environs. « Ce qui me plaît le plus, c’est d’amener un produit jusqu’au bout, raconte-t-elle. Je biberonne mes chèvres à la naissance, j’échange au quotidien avec elles, je récolte leur lait, puis je livre le fromage aux consommateurs. »

Les chèvres, incontournables des Alpages

Leur troupeau se compose à 80% de chèvres de Savoie, un animal très rustique, bien adapté aux conditions de vie en montagne. Lily et Morgan font partie de la poignée d’éleveurs qui perpétuent cette race qui produit, par rapport aux autres, un lait plus riche mais en plus faible quantité. Ce lait est idéal pour la fabrication du Chevrotin AOP, dont Lily et Morgan produisent chaque jour 75 unités.

De mai à octobre, Lily, Morgan et le troupeau gagnent les alpages de la commune, situés à 1 440 m d’altitude. Sept chiens de berger veillent alors sur les 100 chèvres : « Les border collie nous aident à rassembler le troupeau, tandis que les bergers croisés ont un rôle de protection contre les loups. Les chiens vivent dès leur naissance parmi les chèvres, été comme hiver. »

Pour ce qui est de la gestion du paysage, les chèvres sont complémentaires des vaches : contrairement à ces dernières, qui se concentrent sur l’herbe, les chèvres mangent principalement les buissons et les branches basses. « Elles évitent que les terrains ne s’enfrichent trop », précise Morgan.

La Chèvrerie de Lily n’est pas au bout de ses projets : toujours dans cette optique de contribuer au dynamisme du territoire, Lily et Morgan prévoient de créer un point de vente directe à la ferme, ainsi que des ateliers de fabrication de fromage.

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