Eleveuse auprès de ses vaches dans un pré
Françoise Pichouron

16 mai 2022 Info +

Françoise Pichouron : « Sans ces aménagements pour ma santé, je n’aurais pas pu continuer mon métier d’éleveuse »

En 2014, Françoise Pichouron s’installe avec son mari à Loguivy-Plougras (Côtes d’Armor). À la suite de problèmes de santé, elle repense totalement son exploitation laitière composée de 90 vaches Montbéliardes. Plusieurs aménagements techniques ont également été pensés avec l’accompagnement de différents professionnels de la MSA, afin de lui permettre de poursuivre son activité professionnelle. Voici son témoignage.

Comment est né ce projet d’installation ?

J’exerçais la profession d’aide à domicile quand mon mari a eu pour projet de s’installer en élevage laitier. Nous avons tous deux grandi dans le milieu agricole. En octobre 2014, nous nous sommes lancés dans ce projet d’installation à deux. Nous avons fondé une EARL (Exploitation agricole à responsabilité limitée) afin que j’aie la possibilité de quitter la société si je le souhaitais. Nous avons constitué notre cheptel de 90 vaches, notre exploitation s’étendait sur 125 hectares. Nous avons démarré avec des méthodes d’élevage semi-intensive car nous souhaitions faire pâturer nos Montbéliardes.

Très vite, l’agriculture n’était plus seulement mon métier mais mon mode de vie. J’aime le contact avec les animaux et la nature, le fait de travailler en suivant les saisons… Ce qui me plaît également, c’est que nous nous sommes organisés pour passer plus de temps avec nos trois enfants. Nous avons trouvé notre point d’équilibre. Ce projet d’installation nous a donc beaucoup apporté tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel.

Quels aménagements ont été réalisés afin que vous poursuiviez votre travail ?

En 2017, j’ai eu des problèmes de santé. Mes problèmes de dos se sont aggravés. Suite à cela, nous avons décidé de réorienter tout le système, à commencer par nos méthodes. Nous sommes ainsi passés en vêlage groupé de printemps (février-mars-avril). De début novembre à fin décembre, notre élevage fonctionne en mono traite. Puis, de Noël à fin février, nous fermons la salle de traite.

Avant de nous lancer dans cette refonte globale de notre exploitation, nous avons rencontré des adhérents au CEDAPA (centre d'étude pour un développement agricole plus autonome), ce qui nous a permis une ouverture d'esprit afin de repenser l'exploitation.

Je voulais conserver pleinement mes activités, des aménagements s’imposaient donc. Une assistante sociale, un ergonome ainsi qu’un médecin du travail de la MSA se sont rendus sur notre exploitation. Cap emploi et l’AGEPHIP (Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées) sont également venus pour évaluer mes postures au travail.

Différents changements ont été apportés sur l’exploitation afin de me permettre de continuer à exercer mon travail, à commencer par le poste administratif : une formation « bien vivre au travail » m’a permis d’adapter mon espace de bureau afin qu’il soit plus ergonome.

Enfin, des aménagements importants ont été effectués en salle de traite et à la nurserie. Les anciennes griffes de traite étaient très lourdes, elles ont été remplacées par un modèle beaucoup plus léger. Grâce à un nouveau système, le démarrage d’aspiration est facilité. Par ailleurs, des tapis ont été installés au fond de la salle de traite. Cela permet de réduire les chocs pour mon dos et d’éviter que le sol ne soit glissant. Une canne de transfert à lait a été installée : auparavant, je montais, descendais pour apporter les pots à lait. La canne à lait aspire directement le lait. Grâce à un taxi (chariot électrique avec pompe), je n’ai plus de manutention lourde à effectuer pour distribuer les 250 litres de lait quotidiens aux veaux, en période printanière. Enfin, il était impossible pour moi de fermer la porte du bâtiment tant elle était lourde. Une porte à rouleau a été installée.

Je suis très satisfaite de tous ces aménagements qui ont été réalisés fin 2019. Sans cela, je n’aurais pas pu continuer mon métier d’éleveuse. Ponctuellement, nous recevons un apprenti sur l’exploitation, mais il était essentiel pour moi que je garde mon autonomie. Je ne voulais pas que mon associé, c’est-à-dire mon mari, compense les activités que je ne pouvais plus effectuer auparavant.

Le dispositif « maintien en emploi de la MSA en quelques mots

Le maintien en emploi à la MSA est destiné à un(e) exploitant(e) dont les problèmes de santé entraînent des difficultés dans son quotidien de travail et qui s'interroge sur la poursuite de son activité.

Un Travailleur Social de la MSA l’accompagne et le soutient tout au long de sa réflexion, il sera présent et disponible lors des différentes démarches à effectuer (MDPH).

Les liens et les collaborations en interne à la MSA entre le Travailleur Social, le Médecin du Travail, le Médecin Conseil, le Conseiller de Prévention sont permanents, afin de prendre en compte la globalité de la situation de l'exploitant.

Une étude ergonomique est menée en partenariat avec Cap Emploi. Elle permet d'identifier la réalité des difficultés de travail sur l'exploitation et les pistes de solutions envisageables (aménagement de poste, changement de production, nouvelle organisation du travail…).

Des financements et des prises en charge par l'AGEFIPH ainsi que le fonds d’action sociale de la MSA permettent à l'exploitant de poursuivre son activité en compensant ses difficultés et en préservant sa santé.