La vaccination en pratique : foire aux questions à destination des éleveurs et des acteurs de terrain
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La campagne de vaccination lancée à compter du mois d'octobre 2023 en France métropolitaine va mobiliser durant plusieurs mois un nombre important d'acteurs de terrain : éleveurs, vétérinaires sanitaires, techniciens etc... Qui doit vacciner ? Qui est exempté ? Combien d'injections sont nécessaires ? Quelles sont les bonnes pratiques à respecter ? Qui prend en charge le coût de la campagne ?...
Autant de questions auxquelles cette FAQ apporte des réponses, organisées autour de 10 grands thèmes. En complément de cette foire aux questions, des fiches opérationnelles préparées par la SNGTV sont disponibles en cliquant ici.
Une vaccination obligatoire et nationale
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Pour la campagne 2024-2025, La vaccination reste obligatoire pour les élevages détenant plus de 250 canards (Barbarie, mulard et Pékin) dont les produits (viande et foie gras) sont destinés à la commercialisation.
L’ensemble du territoire métropolitain (à l’exception de la Corse) est concerné. Cela représente, sur une période de 12 mois, environ 62 millions de canards à vacciner dans 2 700 élevages. -
Les canards sont des oiseaux particulièrement réceptifs au virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) : ils peuvent être infectés par de très faibles charges virales. Au-delà de leur sensibilité et de leur réceptivité à la maladie, une fois contaminés, ils sont très fortement excréteurs du virus c’est-à-dire ont une propension forte à expulser des particules virales autour d’eux. Ce sont des oiseaux fortement impliqués dans la diffusion de l’influenza aviaire.
Le choix de cibler les canards a été corroboré par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) dans son avis sur la stratégie vaccinale publié en avril 2023.
La décision des pouvoirs publics a également intégré des aspects technico-économiques dans la perspective de la mise en œuvre opérationnelle de la vaccination.
Exemptions et interdictions
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Non. La stratégie de vaccination cible les élevages commerciaux détenant un nombre important d’animaux (plus de 250 canards) qui, en cas de foyer IAHP, excréteraient des charges virales importantes entraînant un fort risque de propagation.
A ce jour, les élevages de moins de 250 canards, les basses-cours, les détenteurs de canards appelants pour la chasse au gibier d’eau et les élevages de canards colverts (gibier de chasse) ne sont pas concernés par cette campagne de vaccination.
Les critères de ciblage de la stratégie de vaccination (espèces, lieux de détention) pourront évoluer en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique.
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Pour la campagne 2024-2025, la vaccination reste interdite pour les élevages de canards reproducteurs dont la production (oiseaux d’un jour ou œufs à couver) est destinée au marché européen ou à l’export vers des pays tiers. Elle est autorisée sur une base volontaire lorsque cette production est destinée exclusivement au marché français (dont la Corse et les départements d’outre-mer).
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La réglementation prévoit comme principe de base l’interdiction de vacciner contre l’IAHP sauf cas prévus par la réglementation (cf tableau ci-après).
Par ailleurs, la réglementation prévoit certains cas particuliers où la vaccination peut être mise en place sur autorisation préalable du préfet :
- La vaccination préventive des oiseaux captifs dans les parcs zoologiques à caractère fixe et permanent, situés sur le territoire métropolitain ;
- La vaccination préventive des oiseaux de chasse au vol ;
- La vaccination préventive des oiseaux possédant une valeur génétique, culturelle ou éducative élevée dûment justifiée.
Le vaccin utilisé
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Les deux vaccins retenus par les pouvoirs publics sont le vaccin VOLVAC B.E.S.T développé par l’entreprise Boehringer Ingelheim, et le vaccin Ceva Respons AI H5 développé par l'entreprise Ceva Santé Animale.
Ces vaccins sont compatibles avec une stratégie sérologique dite « DIVA » qui permet de vérifier en cas de détection d’anticorps si ceux-ci sont issus d’une vaccination ou bien d’une contamination par un virus sauvage et donc de surveiller dans la population vaccinée une éventuelle circulation du virus à bas bruit. Cette vérification sera possible par des tests « ELISA-NP ». -
Des études ont été menées en conditions terrain et sur des sites expérimentaux afin d’évaluer la capacité du vaccin à protéger les canards, à réduire l’excrétion du virus et la transmission du virus entre canards vaccinés. Ces études ont confirmé la diminution de l’excrétion du virus chez les animaux et ont démontré la maitrise de la transmission virale entre canards vaccinés. Ces vaccins sont donc très efficaces.
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Oui, sous réserve de plusieurs conditions cumulatives. Le vaccin doit :
- Être efficace sur la souche IAHP clade 2.3.4.4.b ;
- Disposer d’une capacité de stratégie DIVA par sérologie ELISA NP ;
- Disposer d’une autorisation délivrée par l’ANMV (agence nationale du médicament vétérinaire).
Seuls les deux vaccins retenus par les pouvoirs publics (le vaccin VOLVAC B.E.S.T de Boehringer Ingelheim, et le vaccin RESPONS AI H5 de Ceva Santé Animale) répondent à ces exigences actuellement et font l'objet d’une prise en charge par l’État à la suite de leur sélection par des appels d'offre.
Nombre d'injections et âge des animaux
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Deux injections sont nécessaires pour que les 2 vaccins VOLVAC B.E.S.T et Ceva Respons AI H5, soient efficaces.
La mise en œuvre dans les élevages
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La vaccination est toujours effectuée sous la supervision du vétérinaire sanitaire de l'élevage mandaté pour cette mission par l'État. En pratique, l'acte de vaccination peut être effectué par différents acteurs :
- des vétérinaires ;
- l'éleveur et ses salariés ;
- des techniciens intervenant en élevages de volailles.
ATTENTION : les seuls techniciens autorisés à vacciner sont les techniciens salariés de sociétés prestataires de services de vaccination, c'est-à-dire les techniciens mentionnés à l'alinéa 6 de l'article L 243-3 du code rural qui est l'article listant les opérateurs autorisés à réaliser certains actes vétérinaires. En ce qui concerne les techniciens salariés de structures telles que les organisations de production ou les cliniques vétérinaires, ils ne sont pas autorisés à vacciner. En effet ces techniciens, mentionnés à l'alinéa 7 du même article, sont uniquement autorisés à réaliser certains actes zootechniques parmi lesquels ne figure pas la vaccination.
Des informations particulières sur la mise en œuvre de la vaccination et le rôle de supervision du vétérinaire sanitaire sont rassemblées dans les fiches opérationnelles correspondantes.
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Un chantier de vaccination de canards contre l’IAHP (avec administration du vaccin par voie sous-cutanée) sera semblable à un chantier de vaccination de canards contre d’autres maladies. L’âge et le poids des animaux peuvent interférer sur la durée.
On peut compter de 800 à 1 000 canards / heure par vaccinateur, avec deux à trois attrapeurs par vaccinateur selon l’âge et le poids des animaux.
Des précisions sont apportées dans la fiche opérationnelle correspondante.
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Les bonnes pratiques à suivre pour conduire les chantiers de vaccination sont apportées dans la fiche opérationnelle correspondante.
L’utilisation du vaccin doit respecter les indications figurant dans le RCP (résumé des caractéristiques du produit) de son autorisation. -
Les conditions d’utilisation des vaccins sont décrites dans les RCP (résumé des caractéristiques du produit) de leur autorisation.
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Les précautions particulières à prendre par la personne qui administre le produit aux animaux sont prévues dans le cadre du RCP (résumé des caractéristiques du produit) de l’autorisation délivrée pour chaque vaccin.
En cas d’auto injection accidentelle, même minime, contactez au plus vite un centre spécialisé de la main afin de procéder au retrait du vaccin ; stoppez la vaccination dès que vous constatez l’accident et en attendant votre arrivée dans un centre spécialisé : retirez toutes alliances ou bagues de votre main, lavez la plaie au savon, laissez-la ensuite reposer 15 minutes dans un bain antiseptique non coloré puis apposez de la glace dessus.
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Les opérateurs doivent appliquer des mesures de biosécurité :
- Mettre en place des zones, barrières, des zones de franchissement avec des aires de désinfection et des sas sanitaires.
- Organiser ses lots, ses flux, mettre en place des mesures d’hygiène systématiques pour le personnel et les visiteurs dont le lavage des mains, le changement de tenue, le lavage et la désinfection.
- Ne pas laisser les véhicules non indispensables au fonctionnement de l’établissement pénétrer dans la zone professionnelle
- Nettoyer et désinfecter régulièrement le matériel et les équipements utilisés dans les unités de production y compris avant changement d’unité de production
Des informations particulières sur la biosécurité des équipes de vaccination sont rassemblées dans la fiche opérationnelle correspondante.
Surveillance post-vaccination
Une surveillance renforcée des animaux vaccinés doit être mise en place après l’acte de vaccination, avec visites du vétérinaire et réalisation d’analyses. Elle s’appuie sur un réseau de laboratoires agréés et reconnus par l’État.
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Trois types de mesures de surveillance sont prévues :
- Des mesures de « surveillance évènementielle » : comme dans tout élevage de volailles, le détenteur d’oiseaux surveille ses animaux pour éventuellement identifier des symptômes de maladie et déclare au vétérinaire tout comportement anormal et/ou signes de maladie.
- Des mesures de surveillance « passive renforcée » : des prélèvements par écouvillon seront réalisés sur cadavres frais une fois par semaine (dans un maximum de 5 cadavres) par l’éleveur ou le technicien, en cas d’absence de volailles vaccinées morte ou d’un nombre inférieur à 5 volailles mortes au cours de la semaine, l’éleveur complète les échantillons sur des canards morbides. Après la réalisation des prélèvements, ceux-ci sont stockés à une température de +4°C, ou à défaut -20°C, jusqu’au jour de l’envoi des échantillons au laboratoire reconnu ou remise au vétérinaire sanitaire mandaté.
- Des mesures de surveillance « active » : au moins tous les 30 jours, le vétérinaire mandaté fait un examen clinique (avec examen des registres d’élevage) avec réalisation de prélèvements par écouvillon trachéal ou oro-pharyngés sur 60 animaux vaccinés. Les écouvillons sont envoyés dans un laboratoire agréé et analysés en rt-PCR temps réel.
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La surveillance post-vaccination est imposée au niveau européen pour chaque élevage détenant des volailles vaccinées. Elle est réalisée à l’échelle du site d’élevage et non pas du lot. Le temps à passer sera donc le même quel que soit l’éleveur.
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En cas de déclaration d’un foyer IAHP en élevage, les mesures d’abattage s’appliqueront même si les canards ont été vaccinés. Il s’agit de la mise en œuvre des mesures de lutte classiques prévues par le règlement UE 2020/687.
Le report de la mise à mort des volailles vaccinées pourra exceptionnellement être envisagé pour des élevages de reproducteurs (article 13.2 du règlement UE 2020/687).
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La vaccination réduit l’excrétion (l'expulsion des particules virales) et la circulation virale mais elle ne supprime pas totalement le risque de transmission du virus si l’élevage se retrouve contaminé. La survenue d’un cas d’animal malade dans un élevage oblige à passer à un niveau de mesure plus élevé pour protéger les élevages environnants et empêcher l’extension de la maladie, conformément à la règlementation européenne (règlement UE 2020/687).
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- Le dépeuplement préventif ne concernera pas les élevages de canards vaccinés avec un schéma vaccinal complet (c’est-à-dire ayant reçu 2 injections) car la vaccination a pour effet de réduire la population sensible au virus IAHP circulant.
- La vaccination préventive se poursuivra pour les lots situés en zone réglementée qui n’ont pas terminé le schéma vaccinal initial. Lors de la réalisation de la vaccination de ces lots, un examen clinique par le vétérinaire officiel sera réalisé avant l’acte vaccinal. Si des signes évocateurs de la maladie étaient observés, la vaccination serait suspendue, le signalement notifié aux autorités compétentes et des mesures de restriction et de biosécurité mises en place.
Pour les volailles récemment mises en place, destinées à être vaccinées mais n’ayant pas encore débuté leur schéma vaccinal lors de la survenue d’un foyer, aucune injection ne sera réalisée. Les mesures à appliquer à ces animaux seront celles déployées pour les animaux non vaccinés. - En ce qui concerne la surveillance post-vaccination, les établissements détenant des volailles vaccinées seront soumis à une surveillance renforcée. Cette surveillance comportera la réalisation de prélèvements pour analyse virologique (rt-PCR) effectués sur 60 volailles vaccinées par écouvillon trachéal ou oropharyngé toutes les deux semaines.
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Le fait qu’un élevage soit vacciné ne remet pas en cause l’indemnisation prévue en cas de foyer détecté. Par contre les élevages infectés et non vaccinés, alors qu’ils auraient dû être vaccinés, auront une réfaction de leurs indemnisations.
Coût et prise en charge de la vaccination
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Le coût annuel d'une campagne de vaccination avoisine 100 millions d’euros.
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Pour la campagne 2024/25, les intervenants seront rémunérés comme suit :
- Les vétérinaires mandatés seront rémunérés par l’État pour les prestations effectuées conformément à l’arrêté financier relatif à l’IAHP prévu à cet effet, cités ci-dessous :
- Gestion des vaccins ;
- Suivi de la vaccination (préparation du chantier et le temps passé sur la saisie des informations sur Calypso) ;
- Audit de vaccination ;
- Gestion des non conformités majeurs ;
- Surveillance active.
- Les interventions de vaccination seront payées par les professionnels ;
- Les analyses de surveillance active effectuées par les laboratoires agréés seront payées par l’État ;
- Les analyses de surveillance passive effectuées par les laboratoires reconnus seront payées par les professionnels.
- Les vétérinaires mandatés seront rémunérés par l’État pour les prestations effectuées conformément à l’arrêté financier relatif à l’IAHP prévu à cet effet, cités ci-dessous :
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Les éleveurs n’auront pas à faire d’avance financière. Les éleveurs auront à supporter le coût des analyses réalisées par les laboratoires reconnus dans le cadre de la surveillance passive renforcée ainsi que le coût de la prestation de vaccination, qu’elle soit faite par une équipe de vaccinateurs et d’attrapeurs ou un vétérinaire. Sur un plan opérationnel, le coût de la vaccination (attrapage et acte de vaccination) de la première injection sera pris en charge par le vétérinaire, le coût de la seconde par l’éleveur.
Suivi de la campagne de vaccination par l'État
Les services de l’État s’assureront de la bonne exécution de la campagne de vaccination.
Le non-respect de l’obligation vaccinale par un éleveur l’exposera à des sanctions administratives et pénales.
En cas de non-respect des mesures de prévention, de surveillance et de lutte contre les dangers zoo-sanitaires, des sanctions pénales sont également prévues.
Le non-respect des mesures relatives à la vaccination entrainera une réfaction de l’indemnité en cas d’abattage sur ordre de l’administration suite à la confirmation d’IAHP dans l’élevage.
Consommation de produits issus des animaux vaccinés
Le vaccin dispose d’une autorisation délivrée par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) qui garantit son innocuité. La consommation de viande ou de produits issus d’animaux vaccinés ne comporte aucun danger pour l’Homme.
De manière plus générale, la vaccination des animaux d’élevage est une pratique courante. Elle est autorisée par les autorités sanitaires européennes et nationales pour de nombreuses maladies animales (fièvre catarrhale ovine, maladie de Newcastle…) depuis plusieurs décennies dans le cadre d’un dispositif réglementaire très encadré.
Mesures de prévention à maintenir impérativement
À lui seul, le vaccin n’est pas à même d’assurer une protection à 100% des canards d’un élevage. Respecter les mesures de prévention reste donc impératif : respect des mesures de biosécurité ; surveillance sanitaire garantissant une détection précoce de la maladie ; maîtrise de la densité des élevages pour limiter la diffusion du virus.
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