06 août 2014 Info +

Collecter les données écologiques, promouvoir et organiser leur disponibilité, assurer le suivi des impacts sur les écosystèmes

Forestier mésurant le diamètre d'un chêne avec un compas. © Cheick Saidou/Min.Agri.Fr.

Objectif : Pour permettre aux différents acteurs de la forêt d’être informés de l’adaptation de leur activité au changement climatique, il est primordial de promouvoir et d’organiser la disponibilité des données écologiques et climatiques essentielles. Pour cela, plusieurs bases de données contenant des informations sur le sujet sont disponibles en libre accès.

Quelques exemples de mesures :

Établir et mettre à disposition une description standardisée des sources de données forestières, particulièrement les données pertinentes vis-à-vis du changement climatique, et de façon prioritaire les données libres d’accès

Le Ca-SIF « Catalogue en ligne des Sources d’Information sur la Forêt » est initié et conduit par le GIP ECOFOR. Lancé en 2008, il a pour vocation de rassembler et diffuser l’ensemble des informations relatives à la forêt jugées pertinentes pour la communauté forestière (chercheurs et gestionnaires forestiers). Cet outil inventorie et décrit différents types de sources : des sites ou réseaux d’observation, de suivi, d’expérimentation, des bases de données et des réseaux de personnes qui travaillent sur les écosystèmes forestiers.

Le catalogue a pour origine, la directive européenne Inspire entrée en vigueur en mai 2007. Inspire vise à faciliter et organiser la mutualisation des données géographiques environnementales en Europe pour mener à bien la politique communautaire dans le secteur de l’environnement.

Mettre en ligne des indicateurs sur les impacts du changement climatique sur les forêts

En France, l’ONERC met à disposition du public depuis 2005 un jeu d’indicateurs sur les impacts du changement climatique. A ce jour, sur les 25 indicateurs existant, un seul concerne la forêt (Front d’expansion de la chenille processionnaire du pin).

En 2013, le ministère a confié au GIP ECOFOR un projet afin d’établir un jeu d’indicateurs variés et représentatifs du changement climatique en forêt et qui pourraient enrichir les recueils existants

Le projet SICFOR ou « Du Suivi aux Indicateurs de Changement climatique en FORêt » s’inscrit dans cette thématique.

Cette étude s’est penchée sur différents types d’indicateurs : des indicateurs climatiques et bioclimatiques avec leurs seuils considérés comme nuisibles pour les arbres forestiers (ex : pluie), des indicateurs d’impacts dans lesquels le changement climatique intervient en partie (ex : date de débourrement), des indicateurs abiotiques de vulnérabilité des forêts (ex : réserve en eau utile), des indicateurs d’adaptation...

Carte de progression de la chenille processionnaire du pin en France et en régions Centre et Ile de France (Service de l’Observation et des Statistiques, 2010)
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Valoriser et adapter le réseau d’information forestier pour le suivi de la réponse des écosystèmes au changement climatique

L’objectif de cette mesure est d’utiliser les réseaux d’observation forestiers historiques pour améliorer la connaissance de l’impact du changement climatique sur les écosystèmes forestiers [1]. Compte tenu de la longueur du cycle forestier, il est nécessaire de disposer d’informations à long terme, afin de comprendre les mécanismes en action.

Plusieurs réseaux peuvent contribuer à cet objectif :

  • Le réseau RENECOFOR : REseau National de suivi à long terme des ECOsystèmes FORestiers

Le réseau mis en place par l’ONF depuis 1992 vise à l’observation et au suivi des écosystèmes forestiers sur 102 placettes permanentes. Chaque placette [2] est implantée sur une surface de 2 hectares avec une partie centrale clôturée d’un demi-hectare. Le suivi est prévu pour un minimum de 30 ans.

Créé suite aux dépérissements forestiers [3] , survenus dans les années 80, après le phénomène des pluies acides il avait comme premier objectif l’observation de l’impact de la pollution atmosphérique sur les écosystèmes forestiers. Depuis 2008, le réseau est également utilisé pour évaluer les impacts du changement climatique sur la forêt.

Chaque placette fait l’objet de mesures périodiques suivant des protocoles standardisés afin de pouvoir mettre en évidence d’éventuelles évolutions du fonctionnement des écosystèmes forestiers en réponse aux changements environnementaux. Les mesures portent principalement sur la météorologie, les dépôts atmosphériques, la dendrométrie, la phénologie, l’état de santé des arbres, la dendrochronologie, les chutes de litières, les propriétés physico-chimiques des sols, la nutrition foliaire, la composition floristique, les concentrations d’ozone dans l’air et les symptômes associés à l’ozone sur la végétation.

Pour en savoir plus : REseau National de suivi à long terme des ECOsystèmes FORestiers

  • Le réseau systématique de suivi de dommages forestiers ou réseau européen de niveau 1

Ce réseau, mis en place en 1989, est un outil de suivi global de la santé des forêts. Il est chargé de donner un état statistiquement représentatif des évolutions interannuelles de la vitalité des forêts. Tous les arbres observés font l’objet d’une estimation de leur déficit foliaire, de la coloration anormale de leur houppier et des mortalités de branches. Également, tous les dommages ou symptômes anormaux sont notés ainsi que leurs causes lorsque cela est possible.

Il est constitué de plus de 500 placettes permanentes implantées de façon systématique aux nœuds d’une maille carrée de 16 km sur 16 km, chaque fois que le nœud est situé dans un peuplement forestier (carte ci-dessous). L’observation des placettes se fait chaque année à période fixe. Une étude pédologique et botanique a également été menée sur l’ensemble des placettes du réseau en 1994/1995 puis en 2007. Il permet entre autres, de publier chaque année, un bilan de santé des forêts (exemple du bilan 2013) accessible sur la page du Département de la Santé des Forêts

Pour en savoir plus : Réseau Systématique De Suivi Des Dommages Forestiers

  • Le Groupement d’Intérêt Scientifique « Coopérative de données sur la croissance des peuplements forestiers » (GIS Coop)

La Coopérative de données sur la croissance des peuplements forestiers regroupe, depuis 1994, sept organismes forestiers incluant des organismes de recherche et d’enseignement supérieur, des ministères, des instituts techniques, des organismes de développement, des industriels et des collectivités territoriales. Elle a pour mission le recueil et la mise en commun de données scientifiques sur la croissance des peuplements forestiers dans le but d’établir des modèles mathématiques de croissance. Pour se faire, l’acquisition d’un très grand nombre de données de qualité sur une longue période est nécessaire.

Le suivi et les mesures sont réalisés sur un réseau multi-sites de placettes permanentes à très long terme. Le réseau concerne en futaie régulière [4], les espèces Chênes sessile et pédonculé, Douglas, Pin maritime et Pin laricio, auquel s’ajoute un groupe sur les forêts hétérogènes.

Un projet « Adaptation de la sylviculture au changement climatique » a été lancé par le « GIS Coop » dans le but d’améliorer les outils dont dispose le gestionnaire pour adapter sa sylviculture au changement climatique. Pour cela, il est prévu de mener deux actions : de faire évoluer la stratégie d’échantillonnage en tenant compte d’une analyse fine de l’ autécologie [5] des essences et caractériser écologiquement les dispositifs et les placettes du GIS Coop de Données.

Pour en savoir plus : GIS Coop de données


[1] Ecosystèmes : Système d’organismes vivants en interaction les uns avec les autres et avec leur environnement physique. Les limites de ce qu’on peut appeler un écosystème sont quelque peu arbitraires et dépendent du centre d’intérêt ou du thème de l’étude effectuée. Un écosystème peut donc se limiter à un espace très réduit ou s’étendre à l’ensemble du globe

[2] Placette forestière : Surface de faible étendue, localisée géographiquement, caractérisée par une surface et une forme définie. Elle peut servir à de l’inventaire, de l’expérimentation, de l’observation, de la démonstration...

[3] Dépérissement forestier : Phénomène traduisant une altération durable de l’aspect extérieur des arbres (mortalité d’organes pérennes, réduction de la qualité et de la quantité du feuillage) et une réduction de la croissance. La mort d’un certain nombre de sujets est observée mais l’issue n’est pas obligatoirement fatale même si la situation est préoccupante. (Delatour, 1990). Plusieurs facteurs ou combinaisons de facteurs peuvent être responsables de ce dépérissement forestier : pollution atmosphérique, pluies acides, sécheresse, stress hydrique, tempêtes, attaques de parasites...

[4] Futaie : Peuplement forestier composé d’arbres issus de semis ou de plants. On distingue les futaies régulières, juxtaposition de futaies équiennes plus ou moins denses, les futaies irrégulières ou jardinées, ainsi que les futaies sur souche : par extension, vieux taillis aux brins éclaircis.

[5] Autécologie : Étude de l’action du milieu sur la morphologie, la physiologie et le comportement d’une espèce. Elle définit essentiellement les limites de tolérance et les préférendums des espèces considérées isolément vis-à-vis des divers facteurs écologiques.

Voir aussi