Retour sur le déplacement de Marc Fesneau au Japon à l'occasion du G7 des ministres de l’Agriculture

Dans un contexte toujours marqué par la guerre en Ukraine et la crise plus structurelle liée au dérèglement climatique qui impactent fortement les systèmes alimentaires, le Japon a organisé les échanges autour de cinq séquences portant respectivement sur un dialogue avec la jeunesse, un dialogue avec le secteur privé, la sécurité alimentaire, la durabilité et l'innovation.

Lors de la séquence sur la sécurité alimentaire, les ministres ont, en présence virtuelle du ministre ukrainien, à nouveau fermement condamné la guerre d'agression illégale, non provoquée et injustifiée menée par la Russie contre l'Ukraine, réaffirmé leur solidarité à l'Ukraine, et se sont engagés pour la reconstruction de ce pays. Compte tenu de l'impact de ce conflit pour la sécurité alimentaire globale affectant en particulier les pays les plus vulnérables, ils ont reconnu l'importance de l'accord conclu sous l’égide des Nations unies qui sécurise l'exportation de céréales ukrainiennes via plusieurs ports de la mer Noire (Initiative céréales de la Mer Noire) et ont appelé au renouvellement et à la pleine mise en œuvre de cet accord. Ils ont par ailleurs rappelé l’importance des corridors terrestres de solidarité mis en place par l’Union européenne.

Trois priorités pour répondre aux défis et aux enjeux actuels

Les ministres ont convenu que tous les pays étaient confrontés aux mêmes défis, à savoir concilier sécurité alimentaire, lutte contre le changement climatique et préservation des ressources et de la biodiversité. Ils ont également partagé leurs visions et les solutions mises en œuvre pour répondre aux enjeux d'insécurité alimentaire et de nécessaire transition vers des systèmes alimentaires plus résilients et durables. Leurs interventions se sont fait l’écho des trois priorités de la présidence :

• Promouvoir des chaînes d’approvisionnement alimentaires résilientes et durables qui répondent aux besoins des pays à court, moyen et long terme. Les ministres ont reconnu l’importance de maintenir/favoriser i) une production locale, qui ne dispense pas pour autant des nécessaires échanges commerciaux ii) une diversification de la production et des approvisionnements, dans le respect des ressources naturelles disponibles et dans le cadre d’un marché ouvert, juste, transparent, prévisible et fondé sur les règles de l’OMC (Organisation mondiale du commerce).

• Mettre en place des solutions opérationnelles pour renforcer la croissance durable de la productivité et de la production. Les ministres ont rappelé les engagements internationaux pris pour favoriser la transformation vers des systèmes alimentaires plus résilients et durables, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité. Ils ont souligné l’importance de l’approche « Une seule santé » et la nécessité de produire davantage, de manière durable, pour répondre à l’insécurité alimentaire à travers i) la mise en œuvre des innovations (voir infra), sous réserve qu’elles soient adaptées aux contextes locaux et à l'enjeu de durabilité, ii) la promotion de pratiques agricoles durables, respectueuses des ressources comme l’agroécologie et iii) la lutte contre les pertes et gaspillages. Les ministres reconnaissent la nécessité d’accompagner les agriculteurs en ce sens via des politiques agricoles et des mesures adaptées pour assurer le revenu de leurs activités. Ils soulignent également l’importance de bien informer le consommateur sur la manière dont les aliments sont produits, transformés et distribués.

• Promouvoir l’innovation sous toutes ces formes et la nécessaire inclusion du secteur privé pour atteindre les objectifs et réaliser ces transformations. Les ministres ont rappelé l’importance de l’innovation, aussi bien à travers le développement de nouvelles technologies que de la mise en œuvre opérationnelle des technologies et pratiques durables, nouvelles et existantes. Ils ont souligné le rôle de l’innovation comme facteur d’attractivité pour les jeunes et toute partie prenante souhaitant s’impliquer en agriculture. Dans ce cadre, ils ont mis en avant le rôle du secteur privé comme facteur de diffusion et d'accélération de l'innovation durable.

Les ministres ont rappelé le rôle majeur des agriculteurs pour nourrir la population et faire face aux enjeux climatiques, et la nécessité de les accompagner, à travers des politiques agricoles adaptées pour répondre à ces enjeux, ce qui nécessite de renforcer les coopérations entre membres du G7 et avec les organisations internationales compétentes.

Marc Fesneau a rappelé le caractère stratégique de l'agriculture

Marc Fesneau a exprimé la plus ferme condamnation par la France de l'agression russe en Ukraine et rappelé notre soutien total à la reconstruction de ce pays. Il a appelé à renforcer les voies de sortie des céréales d'Ukraine et notamment terrestres. Il a mis en valeur l’objectif de produire suffisamment et mieux, c’est-à-dire d’assurer l’accès de tous à une alimentation saine, diversifiée, équilibrée, en quantité suffisante, et à un prix abordable en permettant aux agriculteurs de tirer un revenu décent de leur travail. Marc Fesneau a rappelé la nécessaire transition vers des systèmes alimentaires plus résilients et durables qui ne peut se faire qu'en assurant une juste rémunération des agriculteurs et en les accompagnant. Il a également souligné le caractère stratégique de l'agriculture au plan géopolitique et la nécessité de politiques agricoles fortes et adaptées ainsi que d'un commerce ouvert et basé sur des règles. Tout cela permet d'assurer la souveraineté alimentaire d’un pays, qui n'est pas le repli sur soi mais la maîtrise de ses dépendances.

Marc Fesneau a aussi mis en valeur le besoin d'innovation sous toutes ses formes, incluant technologie, digitalisation, sélection variétale, notamment à travers les NGT (Nouvelles techniques génomiques), pratiques agroécologiques, ainsi que l'innovation sociale. Il a indiqué que l'approche d'une innovation, au service de la durabilité des systèmes alimentaires, constitue un volet important de la loi d'orientation et d'avenir agricoles en préparation en France. Il a également valorisé le continuum formation/recherche/transfert qui constitue un élément clé de la dynamique d'innovation et de transformation des systèmes productifs. Tous ces éléments sont des leviers d'attractivité qu'il faut utiliser pour assurer le renouvellement des générations. En ce sens, il a félicité les lycéens japonais pour leur engagement et les trois propositions qu’ils ont formulées : agir pour ne plus impacter l'environnement, communiquer pour favoriser le lien entre producteurs et consommateurs, et promouvoir le lien entre alimentation et culture. Marc Fesneau a souligné que le dialogue avec la jeunesse est plus que jamais nécessaire pour éclairer le choix des politiques et donner l'envie à la jeunesse de travailler dans ce secteur.

Il a, enfin, tout au long de ce G7, mis en relief l’importance de la coopération internationale en matière agricole en allant à la rencontre des dirigeants du Programme alimentaire mondial - PAM, de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et du Fonds international pour le développement agricole - FIDA.

Un communiqué commun des ministres agricoles du G7

À l'issue de cette réunion, et en écho aux échanges, les ministres ont adopté un communiqué avec une annexe intitulée « Miyazaki Actions » qui présente les principaux travaux sur lesquels les ministres se sont engagés (voir documents à télécharger ci-dessous). Ce communiqué porte un message ambitieux qui permettra, selon la présidence japonaise, de nourrir la déclaration des chefs d’État et de gouvernement du G7, dont la réunion est prévue mi-avril à Hiroshima.

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