21 décembre 2017 Publication

Préservation de l'élevage extensif en milieux humides

  • Yves Brugière-Garde
  • Charles Dereix

Le CGAAER et le CGEDD ont été chargés de proposer des modalités de gestion des territoires d'élevage en milieux humides, qui permettent de préserver les qualités écologiques de ces territoires dans des conditions soutenables pour tous les acteurs

Crédit et légende ci-après
Baie de Somme - © DR - Syndicat Mixte Baie de Somme Grand Littoral Picard

Rapport de mission interministérielle de conseil n° 16100 CGAAER-CGEDD

Juillet 2017

Mots clés : milieu humide, marais, élevage extensif, service écosystémique, système pâturant, espèce invasive, MAEc, projet territorial

Enjeux

La biodiversité fait souvent l'actualité sous l'angle de la régression des espèces animales ou végétales ou de la perte de milieux de grand intérêt écologique.

Dans les milieux humides, élevage et biodiversité ont partie liée. Ces milieux sont reconnus pour leurs services écosystémiques et il est admis que les activités d'élevage extensif constituent la mise en valeur la plus pertinente pour les entretenir et conserver leurs fonctions.

Sur ce constat, les deux ministères en charge de l'agriculture et de l'environnement ont demandé au CGAAER et au CGEDD de proposer des modalités de gestion des territoires d'élevage en milieux humides qui permettent de préserver les qualités écologiques de ces territoires dans des conditions soutenables pour tous les acteurs.

Méthodologie

La mission interministérielle était composée de Marie-Hélène Aubert et François Guerber (CGEDD), Yves Brugière-Garde et Charles Dereix (CGAAER).

Elle a effectué cinq visites sur le terrain, marais de Brouage en Charente Maritime et de l'Ouest, marais et zones humides des Hauts de France (Audomarois, baie de Somme, …), marais du Cotentin et du Bessin, marais Vernier, Camargue. Elle a pris connaissance d'une large documentation et mené de nombreux entretiens avec les représentants nationaux des différentes institutions concernées. A la Commission européenne, elle a rencontré les deux directions générales en charge de l'agriculture et de l'environnement. Elle a régulièrement rendu compte de ses travaux devant le groupe thématique agriculture issu du Plan national d'action en faveur des milieux humides.

Résumé

La biodiversité et l'élevage sont en grande difficulté dans les milieux visités.

Des initiatives prometteuses émergent grâce à la mobilisation enthousiaste et à l'intelligence collective d'acteurs locaux très attachés à leur territoire et à leur métier. Faute d'appropriation, de dynamique collective, de projet global et cohérent sur le territoire, faute aussi de moyens, ces initiatives restent cependant trop souvent à l'état de préconisations ou d'ébauche, sans un véritable impact ni sur l'élevage extensif ni sur la biodiversité des milieux concernés.

Pour la mission, l'avenir de ces zones humides passe par l'élevage extensif. Trois notions clés s’imposent pour une véritable alliance entre les parties prenantes :

  • une approche globale et systémique de niveau territorial ;
  • une prise en charge collective des questions d'intérêt général dans les registres de la gestion des niveaux d'eau, du foncier et de l'accessibilité au marais, des questions sanitaires et de lutte contre les espèces invasives ;
  • une production agricole extensive, privilégiant la qualité des produits et leur reconnaissance (label, appellation, agriculture biologique), diminuant les charges et tirant le meilleur parti des potentialités des milieux humides.

La mission propose donc une méthodologie visant à mettre les agriculteurs au cœur d'un projet territorial de développement durable élaboré par l'ensemble des acteurs et porté par les élus territoriaux. Cette méthodologie est appelée à être déclinée sur chaque site concerné selon des formes appropriées aux spécificités locales, dans ces territoires si particuliers, fruits de la nature mais aussi du travail des hommes.

L'implication des éleveurs constitue le préalable indispensable à la réussite du projet. Mesurant le poids de l'humain, la mission recommande la conduite et la prise en compte des aspects sociaux du changement, la constitution de groupes locaux de coopération et de dialogue, une posture de co-construction des solutions.

Elle recommande aussi de développer les travaux de recherche afin d'apporter à chaque éleveur les moyens de définir son « bon » système pâturant : recherche technique sur les qualités fourragères et transfert des bonnes pratiques de gestion des prairies.

Confortée en cela par les représentants de la Commission européenne, la mission en appelle à la mise en place de MAEc collectives spécifiques, assises sur les objectifs environnementaux définis au niveau du territoire au regard des espèces et milieux d'enjeu prioritaire, adaptables en fonction des données locales et portées par des collectifs d'agriculteurs.

La lettre de mission interministérielle suggérait une expérimentation sur le terrain pour conforter les propositions les plus appropriées. Sans fermer la porte à d'autres initiatives, la mission a identifié trois sites s’y prêtant bien : les marais de Brouage, les marais du Cotentin et du Bessin, la baie de Somme/Plaine Maritime Picarde. Dans chacun de ces sites, les acteurs ont manifesté leur adhésion enthousiaste.

Lien vers le rapport :


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