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agriculture.gouv.fr

31 octobre 2018 Info +

« Notre rôle, c'est de négocier les conditions sanitaires pour exporter »

Loïc Evain, chef des services vétérinaires (CVO) du ministère de l’Agriculture et de l'Alimentation, s'est déjà rendu plusieurs fois en Chine pour faire le point sur les dossiers sanitaires en cours entre les deux pays. Il nous dévoile le fonctionnement de la « diplomatie sanitaire ».

Comment fonctionne la « diplomatie sanitaire » ?

Cela nécessite de s'adapter au pays et au contexte. En ce qui concerne la Chine, les négociations se font toujours en deux temps : une discussion technique, toujours de longue haleine, puis une phase politique. Il est très important de dialoguer régulièrement au niveau technique. Avec mes homologues chinois, notamment le CVO du MoA (ministère de l'agriculture) et les responsables de l'AQSIQ, nous nous voyons au moins deux fois par an et avons des contacts réguliers à travers le Service économique de l'Ambassade de France. Dans les zones stratégiques, comme la Chine, le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation met à disposition du pôle agricole un conseiller spécialisé sur les questions sanitaires.

Les entreprises françaises sont-elles nombreuses à s'intéresser à la Chine ?

Oui, évidemment, tous les pays du monde frappent à cette porte ! C'est un immense marché, considéré par beaucoup comme un Eldorado... Mais une entreprise ne peut pas se lancer dans l'export sans s'y être préparée. C'est un chemin semé d'embûches, en particulier au plan administratif. C'est l'intérêt des filières, des fédérations et des interprofessions d'aider leurs adhérents à accéder aux marchés extérieurs. L’administration ne peut pas tout faire : notre rôle à la Direction générale de l'alimentation (DGAL) est de négocier les conditions sanitaires pour exporter, et c'est une tâche ardue.

C'est-à-dire ?

L'AQSIQ, qui délivre les agréments d'entreprises à l'export, a beaucoup de demandes à traiter. Il faut donc qu'elle priorise selon des critères qui généralement nous échappent... Certains dossiers peuvent rester bloqués longtemps, sans que nous comprenions pourquoi. D'où l'importance d'avoir des contacts sur place et, surtout, des rencontres à très haut niveau comme celle de ce début janvier. L'Union européenne a aussi un rôle important à jouer : elle aide collectivement les Etats membres à lever des barrières. Ce sont ces actions conjointes qui, quand elles sont couronnées de succès, permettent de mesurer la plus-value européenne.

Existe-t-il une coopération franco-chinoise autour de la sécurité sanitaire ?

Oui, l'expertise française en matière de sécurité sanitaire est réputée et recherchée, y compris par les Chinois. Dans le cadre de la stratégie d'influence internationale du ministère de l'Agriculture, nous avons notamment un programme de formation en anglais à l'ENSV de Lyon sur des thématiques de sécurité sanitaire, auquel participent régulièrement des vétérinaires officiels chinois. De même, au sein du Comité mixte agricole créé en 1998 entre nos deux ministères, qui se réunit une fois par an, des actions de coopération sont régulièrement discutées, par exemple avec l'Anses (médicament vétérinaire, brucellose etc).

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