Les crues en Bretagne de 2013 et 2014
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Une mission d’expertise interministérielle a été déclenchée après les spectaculaires crues qui ont affecté la Bretagne de février 2013 à mars 2014, pour améliorer le dispositif de prévision hydrométéorologique et réduire les risques pour les personnes et les dommages...
Rapport de mission interministérielle d’expertise n°14036 CGAAER - IGA - CGEDD
Les crues en Bretagne de 2013 et 2014
François Colas-Belcour, Michel Penel
Avril 2015
Mots clés : Inondation, prévision de crue, gestion de risque, Bretagne, pluie
Inondations, février 2014, à Plancoët en Bretagne
©yannchollet
Enjeux
En visite sur les quais inondés de Morlaix et Quimperlé, le 26 décembre 2013, le ministre de l’intérieur pose la question d’une « erreur d’appréciation » de la part des services de l'État quant à l’importance des pluies à venir à partir de la fin de journée du 23 décembre.
A ce moment, personne ne sait encore que la Bretagne sera soumise, jusqu’en mars 2014, à une série de violentes tempêtes qui apporteront de très importantes quantités d’eau supplémentaires.
En février 2014, les ministres en charge de l'intérieur, de l'écologie et de l'agriculture ont respectivement confié à l'IGA, au CGEDD et au CGAAER le soin d’analyser la gestion de ces inondations par les services de l'État depuis la prévision de crue jusqu’à la gestion de crise. Ils ont souhaité aussi que la mission présente des propositions en vue de réduire les risques pour les personnes et les dommages résultant de phénomènes hydrométéorologiques et de favoriser un rapide retour à la normale après survenue du sinistre.
Méthodologie
La mission a été l'occasion de faire le point avec des services de l'État et des collectivités encore mobilisés par la gestion de crise, sur les évolutions apportées au dispositif de prévention et de gestion des inondations depuis le rapport interministériel du 19 juin 2001 produit à la suite des inondations catastrophiques de novembre 2000 à janvier 2001 et auquel le CGAAER avait contribué.
La mission a délibérément choisi de travailler sur les cas de cinq collectivités : d’une part, Châteaulin, Morlaix et Quimperlé parce que la prévision de crue y a fait l'objet de critiques ; d’autre part, Landerneau parce que le bassin de l'Élorn ne fait pas partie du dispositif « Vigicrues » géré par l'État et que la Ville de Landerneau a développé ses propres méthodes ; et enfin, Redon parce que la ville y a bénéficié du déploiement d’un nouveau type de barrages-boudins anti-crues dont l'efficacité a été remarquée par les acteurs.
Pour chacun des cinq sites étudiés, la mission s’est livrée à une analyse détaillée de la prévision hydrométéorologique et des événements lors des tempêtes Dirk, Gerhard, Christine et Qumaira ainsi que de la mise en œuvre des secours. Elle a également étudié la politique de prévention et les suites données au rapport de 2001.
Résumé
Bien que la Bretagne ait été touchée de fin décembre 2013 à début mars 2014 par une dizaine de tempêtes accompagnées d’une cinquantaine de phénomènes de crues, aucun dommage aux personnes n’a été déploré et les dégâts ont été circonscrits.
L’analyse des prévisions hydrométéorologiques a été réalisée aux différents maillons d’une chaîne de prévision complexe. Les écarts importants entre les prévisions et les constatations ont conduit la mission à formuler une série de recommandations. Elles portent sur les procédures mises en œuvre, l’organisation des services concernés et la nature des outils utilisés.
L’articulation entre les services de l’État et les collectivités territoriales ont fait aussi l’objet de plusieurs propositions d’amélioration, de même que le système d’annonce de crues « Vigicrues ». Les collectivités ont initié des démarches en vue de déposer un dossier de Programme d'actions de prévention des inondations (PAPI). Le rapport suggère d’étendre les financements à cette phase préliminaire.
Pour ce qui concerne la gestion des secours, la mission a jugé satisfaisante l’efficacité de la chaîne des intervenants et des dispositifs de gestion de crise. Elle souligne que l’existence quasi systématique de plans communaux de sauvegarde y contribue fortement. Elle n’a donc formulé que peu de recommandations sur ce thème.
La mission suggère enfin de rendre systématique l’établissement d’un plan d’actions à l’issue des missions de ce type et de désigner le responsable chargé de sa mise en œuvre.