L'agriculture durable, une histoire de famille
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Pascal et Pierre Beaujean sont maraîchers dans la ceinture verte d’Angers. Ensemble, ils se sont engagés dans le plan Ecophyto en 2009.
Pascal et Pierre Beaujean sont maraîchers dans la ceinture verte d'Angers. Ensemble, ils se sont engagés dans le plan Ecophyto en 2009. La réduction des produits phytopharmaceutiques, pour eux, est une histoire de famille.
D’une génération à l’autre, on aime transmettre à la descendance bijoux de famille et porcelaine onéreuse. Mais pas chez les Beaujean. Dans cette famille-là, le trésor qu’on se lègue de père en fils depuis cinq générations est une exploitation maraîchère de soixante-dix hectares, gérée dans l’esprit d’une agriculture durable.
« Dans la famille, on n’a jamais nourri une grande passion pour les produits phytopharmaceutiques », confie Pascal Beaujean avec ce rire dans la voix qui indique un doux euphémisme. « C’est plutôt le contraire, moins on traite nos exploitations, mieux on se porte, et ce depuis toujours. » Autrefois ferme de polyculture puis exploitation légumière, le GAEC du Mélinais des frères Beaujean produit aujourd’hui essentiellement poireaux, choux et salades. Le temps a passé sur le domaine familial, mais la conviction d’une agriculture saine, dépourvue au maximum de produits phytopharmaceutiques, est restée.
Travail à quatre mains
« Mon frère et moi avons été éduqués dans ce respect des cultures, de la santé humaine et de l’environnement », poursuit l’agriculteur. « Aujourd’hui avec Pierre, nous ne faisons qu’appliquer ce que notre tradition familiale nous a inculqué ». Pascal et Pierre Beaujean gèrent leur exploitation en association. Un travail à quatre mains qui permet de diviser les tâches - Pascal s’occupe de la production Pierre de l’aspect commercial - et qui offre aussi l’opportunité de multiplier les moyens d’actions au nom de leur conviction commune : la réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques.
Les frères Beaujean utilisent quatre méthodes alternatives aux intrants : La bineuse mécanique remplace les produits phytopharmaceutiques dans la lutte contre les adventices tandis que la technique de solarisation élimine les champignons avant la mise en culture. Il s’agit en effet de recouvrir le sol d’une bâche en plastique afin de faire monter la température et d’assainir le terreau qui accueillera les jeunes pousses. « Ces méthodes sont propres et peu onéreuses, assure le maraîcher. La solarisation nécessite un peu d’ensoleillement, et même à Angers, nous obtenons des résultats très satisfaisants. »
« Je ne traite qu’en cas de réelle nécessité »
L’agriculteur prend soin de choisir des variétés de salades résistantes au mildiou, et place également sur l’exploitation des pièges à insectes, pour ne traiter qu’en cas de réelle nécessité. « S’il y a peu d’insectes dans les pièges d’une parcelle, je peux me dispenser de la traiter. C’est tout l’intérêt de cette technique », détaille-t-il.
Seuil de tolérance
Des techniques astucieuses qui supposent un seuil de tolérance. En effet, dès lors qu’un agriculteur réduit son utilisation de produits phytosanitaires, il doit accepter que ses parcelles ne soient pas entièrement propres. Un compromis dans lequel Pascal Beaujean dit se retrouver : « La réduction de produits phytopharmaceutiques est une démarche qui commence à entrer dans les habitudes des consommateurs, plus tolérants. Aujourd’hui, ils savent qu’un puceron dans une salade, c’est un gage de qualité ! »
Vient donc la question de savoir qui reprendra, à la suite de Pierre et Pascal Beaujean, cette entreprise familiale innovante en matière de réduction des produits phytopharmaceutiques. Après cinq générations d’activité, la descendance n’est pas assurée. « La question reste en suspens », explique Pierre Beaujean, « mais nous ferons notre possible pour perpétuer cette exploitation et notre conviction d’une agriculture durable. »