Vaches normandes en pâture

25 novembre 2020 FAQ

La tuberculose bovine : Questions - Réponses

  • La tuberculose est une maladie contagieuse causée par des bactéries du genre Mycobacterium qui sont plus ou moins adaptées à certaines espèces. Il existe une souche bovine (Mycobacterium bovis), responsable de la tuberculose bovine, qui peut être transmise à l’Homme (zoonose) dans certaines conditions mais qui touche principalement les bovins.

    En France, plus de 99% des cas de tuberculose chez les humains sont dus à la souche humaine de la maladie (Mycobacterium tuberculosis).

  • Depuis quelques années, les autorités sanitaires font face à une augmentation progressive du nombre de cas qui est passé d’une cinquantaine à une centaine par an avec une concentration des cas dans certaines zones localisées en Côte d’Or, en Dordogne et dans le Sud-Ouest. La maladie s’est également développée chez certaines espèces d’animaux sauvages (sangliers, cerfs et blaireaux), ce qui rend son éradication plus complexe. Un bilan de la situation en France en 2019 est disponible sur le site du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.

  • La tuberculose se transmet le plus souvent par voie respiratoire, même si la voie digestive peut exister également. Les modes de contamination privilégiés sont :

    • L’inhalation de gouttelettes émises lors de la toux ou d'aérosols contaminés (lorsque les bovins se reniflent de mufle à mufle par exemple) ;
    • L’ingestion, inhalation ou léchage de matières contaminées : lait, eau d'abreuvement, fourrage, pierres à lécher, etc.

    Comme la maladie évolue lentement, pendant des mois, voire des années, avant qu’elle ne tue un animal atteint, celui-ci peut la transmettre à de nombreux autres animaux de l’élevage avant de commencer à présenter des signes cliniques.

    Les bovins domestiques représentent l’espèce hôte de maintien de l’infection à Mycobacterium bovis (sauf cas exceptionnels), c’est-à-dire que la maladie se transmet d’abord et avant tout de bovin infecté à bovin sain.
    Les bovins peuvent dans certains cas excréter la bactérie et contaminer d’autres espèces (cervidés, suidés, certains carnivores, etc.) par voie directe ou indirecte, car la bactérie peut être résistante plusieurs mois dans l’environnement dans certaines conditions.

  • Les Hommes, qui sont moins sensibles que les bovins à cette mycobactérie, se contaminent principalement par ingestion de produits contaminés (lait cru par exemple) dans les pays où la prévalence de la maladie est importante ce qui n’est plus le cas de la France.

    L’inhalation d’aérosols provenant de carcasses présentant des lésions importantes ou les coupures avec des instruments tranchants ayant servi à l’inspection de carcasses présentant des lésions importantes peuvent constituer des modes de contamination pour les personnels d’abattoirs et les chasseurs pratiquant l’éviscération des carcasses infectées.

  • Les animaux infectés ne présentent pas, le plus souvent, de signes ou de symptômes caractéristiques ; leur état général peut être altéré (maigreur, baisse de production) de façon plus ou moins prononcée. Ce n’est qu’après leur mort (ou leur abattage) que peuvent être identifiées à l’autopsie (ou au cours de l’inspection sanitaire) les lésions évocatrices, de type abcès, « signant » la présence de Mycobacterium bovis.

  • La méthode standard de détection de la tuberculose bovine, du vivant de l’animal est, comme chez l’Homme, le test allergique cutané à la tuberculine.

    Celui-ci consiste à injecter par voie intradermique (tests d’intradermotuberculination simple, IDS, ou d’intradermotuberculination comparative, IDC) une petite quantité d’allergène (extraits de mycobactéries) et à mesurer la réaction allergique éventuelle qui révèle une sensibilisation antérieure à une mycobactérie. Ce diagnostic est peu spécifique (une réaction positive n’est pas toujours due à la maladie) et il doit être complété par d’autres méthodes. La confirmation de la présence de la maladie sur les animaux détectés en élevages ne peut se faire qu’après abattage des animaux suspects.

    L’inspection de la carcasse, qui est systématique à l’abattoir, permet de détecter la présence de lésions suspectes qui font l’objet d’examens de laboratoires complémentaires.

    Le diagnostic définitif repose sur l’identification de la bactérie en laboratoire, le diagnostic par analyse PCR permet désormais d’obtenir un résultat en une dizaine de jours.

    • À partir d’animaux

    En règle générale, pour les personnes amenées à entrer en contact avec des animaux suspects (issus de cheptels infectés ou des animaux sauvages présentant des abcès suspects), les règles d’hygiène générales classiques s’appliquent :

    • Se laver les mains (eau potable et savon) systématiquement après contact avec les animaux les déchets ou les déjections animales et avant les repas, les pauses, en fin de journée de travail.
    • En cas de plaie : laver, savonner, puis rincer, désinfecter et recouvrir d'un pansement imperméable, en cas de signe de surinfection, consulter un médecin.
    • À partir des aliments

    Le risque de transmission au consommateur est maîtrisé par les mesures de sécurité sanitaires des aliments mises en œuvre sous le contrôle de l’État :

    • Pour la viande, il s’agit de l’inspection systématique de salubrité des carcasses des espèces sensibles mises sur le marché . Cette inspection permet de détecter les lésions et d’écarter les carcasses qui présenteraient un risque (considéré comme négligeable) pour la santé publique.
    • Pour le lait (l’Anses a évalué en 2010 que le risque pour la santé publique en France était négligeable), un traitement thermique du lait (pasteurisation) dans les troupeaux suspects est obligatoire.
    • Pour les venaisons de gros gibier, un examen initial est rendu obligatoire pour toute carcasse qui n’est pas consommée dans le cadre familial.
  • L’éradication de la tuberculose bovine passe avant tout par la lutte contre cette infection en élevage.

    La surveillance du cheptel bovin français repose à la fois :

    • sur l’inspection systématique des carcasses dans les abattoirs pour la recherche de lésion évocatrice de la maladie ;
    • et sur la mise en place de campagne de dépistage au moyen d’un test cutané sur les animaux des troupeaux selon des rythmes définis en fonction du risque identifié.

    Dans les zones où la maladie circule depuis plusieurs années entre cheptels bovins, des animaux de la faune sauvage, notamment le sanglier, le blaireau et le cerf, peuvent contracter l’infection et des mesures de surveillance de la faune sauvage sont également mises en place via le réseau de surveillance Sylvatub.

    La vaccination est pratiquée en médecine humaine. Elle est interdite en France et dans le reste de l’Union européenne chez les bovins : les vaccins à usage vétérinaire existants sont d’une efficacité variable et ils entravent le diagnostic de la maladie et donc son éradication.

    L’assainissement des troupeaux infectés se fait par abattage total ou sélectif des animaux du troupeau infecté, abattage qui doit être suivi d’un nettoyage et d’une désinfection des locaux.

    Le traitement des animaux par antibiotiques est interdit en France et dans le reste de l’Union européenne pour des raisons de santé publique, car le traitement étant très long, il induirait des risques de présence de résidus d’antibiotiques dans les produits animaux et des risques de sélection de souches résistantes aux antibiotiques. Les médicaments contre la tuberculose sont réservés à l'Homme.

    Un plan de lutte national contre la tuberculose pour la période 2017-2022, associant les différents acteurs (représentants de la filière, vétérinaires, chasseurs) a pour objectif d’intensifier les mesures de dépistage en élevage et de renforcer les mesures de biosécurité afin de mieux protéger le cheptel français.

Voir aussi