25 février 2020 Publication

Installation et maintien de l’exercice vétérinaire dans les territoires ruraux

  • Frédéric Poisson
  • Arthur Tirado et Bernard Vanhoye

Le CGAAER a été chargé d'analyser le risque de désertification des territoires ruraux par la profession vétérinaire et d'élaborer un plan de lutte contre ce risque.

Rapport de mission interministérielle de conseil n° 18119

Décembre 2019

Mots-clés : Vétérinaire, éleveur, bien-être animal, maillage vétérinaire, surveillance sanitaire, désertification rurale

Enjeux

Certains territoires ruraux sont confrontés à un phénomène de désertification par la profession vétérinaire.

Pour les éleveurs, cette situation peut engendrer des pertes économiques notables du fait d’un défaut de maîtrise des maladies animales et de la baisse de performance zootechnique des troupeaux, mais également, des souffrances, humaines et animales, aux conséquences parfois dramatiques.

Pour les pouvoirs publics, le risque est d’affaiblir un réseau d’épidémiosurveillance et de ne plus permettre de garantir le statut sanitaire des cheptels ni de réagir efficacement en cas de crise épizootique. Ceci pourrait avoir de graves conséquences sanitaires et socio-économiques : santé publique, viabilité économique des élevages et exploitations agricoles, pertes de marchés à l’exportation, accentuation de la désertification rurale.

Méthodologie

La mission a consulté une abondante documentation et conduit de nombreux entretiens, à Paris et en départements, avec les représentants d’organisations professionnelles vétérinaires, des vétérinaires libéraux, des éleveurs, des institutions, des établissements publics et des organisations professionnelles concernés.

Parallèlement, elle a réalisé, avec le concours de conseillers aux affaires agricoles, un parangonnage par questionnaire auprès d'une dizaine d’États-membres de l’Union européenne.

Résumé

A l’instar des professions médicales et paramédicales, la profession vétérinaire fait face à une désaffection croissante des territoires ruraux. En cause : la perte d’attractivité de ces territoires (disparition des services publics, éloignement des commerces, des services et des centres d’intérêt), les conditions de vie professionnelle contraignantes (fréquence élevée des gardes) pour des cabinets vétérinaires ruraux de taille modeste et la faible rentabilité de l’activité vétérinaire rurale dans ces territoires.

Comme en attestent les chiffres de

, le phénomène de désertification est établi en France et dans un certain nombre d’États-membres. Il va s’aggravant avec le départ en retraite des vétérinaires ruraux non remplacés.

D'ores et déjà, de nombreux éleveurs rencontrent des difficultés à trouver un vétérinaire pour le suivi sanitaire de leurs animaux. Il en résulte une fragilisation du statut sanitaire, une perte de rentabilité des élevages et un affaiblissement inquiétant du dispositif national d’épidémiosurveillance des maladies animales. Les conséquences socio-économiques sont considérables. Elles exposent à un risque accru de souffrance animale mais aussi de détresse morale chez les éleveurs isolés.

Afin d’éviter que la situation s'aggrave et devienne irréversible, la mission du CGAAER préconise d'activer dans l'urgence un dispositif national de lutte contre le développement des déserts vétérinaires.

Elle propose l’instauration d’une gouvernance nationale de mesures générales et la mise en œuvre de mesures spécifiques adaptées aux contextes territoriaux.

Les mesures générales concernent les modalités de recrutement et de formation des étudiants vétérinaires, la promotion de nouveaux métiers d’appui aux vétérinaires ruraux, le renforcement des missions de santé publique vétérinaire, l'incitation à la mise en place de contrats assurantiels éleveurs-vétérinaires, individuels ou collectifs, et l'adoption d’une approche plus préventive et holistique de la médecine vétérinaire en élevages.

Les mesures spécifiques portent sur l'attribution de bourses d’étude et d’aides à l’installation et au maintien en activité des vétérinaires ruraux, sur la promotion d'un tuilage au bénéfice des jeunes diplômés, ainsi que sur le soutien aux dispositifs de permanence et de continuité des soins vétérinaires. Des évolutions législatives, visant à permettre aux collectivités locales d'agir localement dans ce domaine, sont jugées nécessaires afin de compléter les mesures gouvernementales.

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