24 janvier 2020 Publication

Évaluation des gisements et des modes de production de la biomasse pour la production électrique dans les DOM

  • François Colas
  • Michel Vallance

Une mission interministérielle a été chargée d’évaluer les gisements et les modes de production de la biomasse pour stabiliser la production électrique dans les départements d’outre-mer.

Rapport de mission interministérielle de conseil n°18047

Octobre 2018

Mots-clés : Départements d’outre-mer, Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, La Réunion, production électrique, forêt, bois, biomasse, défrichement, cultures énergétiques

Enjeux

Dans les départements d’outre-mer, la stabilité des systèmes électriques est un enjeu très important. Les programmations pluriannuelles de l’énergie (PPE) ont révélé le rôle majeur que peut jouer la biomasse. Néanmoins le potentiel de mobilisation durable de la filière biomasse reste à préciser.

Dans la perspective de la révision des PPE, la mission avait pour objectif d’identifier et de décrire, pour chacun des territoires concernés, les options envisageables pour mobiliser la biomasse produite localement (ou non) à hauteur des objectifs fixés dans les PPE. Les critères d’identification des gisements mobilisables devaient prendre en compte leur contribution à la performance économique, environnementale et sociale des territoires concernés et traiter de façon prospective les éventuels conflits d’usage.

Dans le cas particulier de la Guyane, la mission devait prendre en compte les réflexions en cours sur le transfert du foncier forestier et sur l’outil de gestion du foncier agricole.

Méthodologie

La mission s’est déroulée de juin à octobre 2018. Elle était composée de deux membres du CGEDD, Jean-Jacques Becker et Florence Tordjman, d’un membre du CGIET, Jean Cueugniet, et de deux membres du CGAAER, François Colas et Michel Vallance.

L’étude concerne les cinq DOM : Guyane, Martinique, Guadeloupe, Mayotte et La Réunion.

La mission a contacté plus de 100 personnes (instances professionnelles de la forêt et de l’énergie, élus, associations de protection de la nature, administration et autorité administrative indépendante à Paris et dans les DOM). Elle s’est déplacée en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe.

Résumé

La mission a distingué deux situations contrastées : la Guyane, disposant d’un fort potentiel de biomasse forestière, et les quatre départements insulaires.

Les îles sont caractérisées par une forte densité de population, l'exiguïté de leurs surfaces agricoles et l’absence de filière bois. Mayotte mis à part, ce sont des îles où la culture de la canne à sucre est fortement implantée. La canne fournit un sous-produit, la bagasse, qui a permis le développement de centrales électriques installées par des industriels de l'énergie à côté des sucreries. Elle représente une faible part de la production électrique et le complément est fourni par du charbon importé. Deux voies de renforcement du gisement cannier ont été étudiées par les industriels avec l'appui de la recherche agronomique :

  • sélectionner les cannes à sucre pour augmenter simultanément leur rendement et leur teneur en fibre,
  • substituer sur une partie de la sole cannière à sucre, une canne énergie à fort rendement biomasse. Cette substitution a l’avantage d’être relativement neutre sur le plan social. Le caractère saisonnier de la production nécessitera une importation de biomasse sous forme de pellets.

Pour Mayotte, le projet de centrale biomasse prévu par la PPE ne pourra être réalisé qu’à la condition d’importer la biomasse : cette option ne semble pas susciter de difficultés d’acceptabilité sociale dans son principe, et semble judicieuse d’un point de vue socioéconomique.

En Guyane, la biomasse comme source d'énergie est aujourd’hui marginale avec une seule centrale à Kourou de 1,7 MW. Bien que certains projets soient maintenant lancés, l’accroissement de capacité ne s’est pas encore concrétisé.

  • Le bois énergie en forêt et issu des opérations de défrichement n’est pas ramassé faute de centrale pour le brûler.
  • L’appréciation du coût d’accès à la biomasse bois en Guyane était fortement sous-évaluée jusqu’aux accords de Cayenne d’avril 2017.
  • Les porteurs de projet se heurtent aux difficultés d’obtention de foncier pour des cultures énergétiques afin de sécuriser leur approvisionnement.
  • La lourdeur des procédures administratives et le fait que l’exploitation de la forêt est un sujet sensible ralentissent les projets.

Au vu de ces constats la mission formule un certain nombre de recommandations.

En Guyane, celles-ci visent à permettre le développement d’une filière bois-énergie sur les zones de forêts secondaires, créatrice d’emplois locaux, et à envisager des cultures énergétiques.

À télécharger