DEPHY EXPE : le volet expérimental du réseau DEPHY montre des résultats encourageants dans trois filières
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Volet expérimental du réseau DEPHY, le dispositif DEPHY EXPE vise à encourager les innovations en matière de pratiques et systèmes de cultures économes en intrants. 41 projets ont été sélectionnés en 2011 et 2012 pour tester de nouvelles approches. Quelques années plus tard, l’heure est au bilan, avec la publication des résultats obtenus à mi-parcours pour trois filières à date : grandes cultures, viticulture et horticulture. Pour les deux premières, les objectifs sont globalement atteints. Pour l’horticulture, le rapport coût/efficacité doit encore être amélioré.
Grandes cultures : des IFT en baisse et une absence de lien constaté entre IFT et marge
Point de départ : avec 17,5 millions d’hectares, soit 65% de la Surface Agricole Utile (SAU) du pays, les grandes cultures (céréales, oléagineux) constituent l'un des piliers de l’agriculture française. La filière utilise plus des deux tiers des produits phytopharmaceutiques consommés en France.
Résultats obtenus : 114 systèmes cultures répartis en 69 sites (dont 58 stations expérimentales, 29 parcelles d’agriculteurs et 10 établissements d’enseignement) ont été testés. En quatre ans, un sur deux atteint un IFT (indice de fréquence de traitement phytopharmaceutique) inférieur de 50% à l'IFT de référence régional.
Plus de 50% des expérimentateurs se déclarent satisfaits de la maîtrise des bio-agresseurs. La proportion de systèmes économiquement performants est la même chez ceux qui ont atteint des niveaux d'IFT inférieurs à la moyenne régionale et chez les autres (26%).
Chiffre-clés :
- 1 expérimentateur sur 2 a réussi à réduire l'utilisation de produits phytopharmaceutiques et se déclare satisfait de la maîtrise des bio-agresseurs,
- 1/4 des projets ont mis en place des systèmes économes en phytos et économiquement performants.
Viticulture : des rendements maintenus dans des systèmes économes en phytos
Point de départ : avec 760 000 hectares, le vignoble représente une faible proportion de la surface agricole française, mais le niveau d'utilisation de produits phytopharmaceutiques y est relativement élevé, avec des traitements fongicides ultra-dominants (la lutte contre le mildiou et l'oïdium représente près de 80% de l'IFT). Dans cette catégorie, 48 systèmes de culture différents ont été expérimentés, répartis sur 27 sites (dont 40% de stations expérimentales, 30% de parcelles de lycée agricoles, et 30% d’exploitations de producteurs).
Résultats obtenus : après trois ans d‘expérimentation, 85% des systèmes testés se sont révélés économes ou très économes (c'est-à-dire avec des niveaux d'IFT inférieurs à la moyenne régionale) en produits phytopharmaceutiques (parmi eux, 73% en appellation d’origine protégée). 80% des sites n’ont eu recours à aucun herbicide. L’enherbement du sol (pratique alternative au désherbage chimique) s’est montré particulièrement efficace contre les adventices (plantes qui poussent dans champs sans y avoir été intentionnellement installées, généralement nuisibles à la production). Par ailleurs, selon les années, la mise en œuvre des systèmes de culture a permis de maintenir le même niveau de rendement qu’avec l’utilisation de produits phytopharmaceutiques dans 70% à 80% des cas.
Chiffres-clés :
- 85% des systèmes testés économes ou très économes en intrants,
- 8 sites sur 10 n’ont eu recours à aucun herbicide durant la durée des expérimentations.
Horticulture : des solutions alternatives efficaces, mais encore onéreuses
Point de départ : en France, la filière horticulture est l’une des plus grands pourvoyeuses d’emplois dans le secteur agricole. Elle compte, en effet, 4 500 entreprises, soit 22 000 emplois directs et 17 000 hectares de production. Les horticulteurs étant les premières personnes exposées aux effets nocifs des produits phytopharmaceutiques, la filière a très rapidement pris conscience de la nécessité d’en réduire l’utilisation. Une préoccupation qui rejoint également les attentes des consommateurs. Dans le cadre de DEPHY EXPE, 30 systèmes de culture ont été expérimentés, répartis sur 20 sites (exclusivement des stations expérimentales).
Résultats obtenus : les différentes expérimentations menées en horticulture ont toutes atteint une réduction d'IFT supérieure à 50%. Dans un certain nombre de cas, les solutions alternatives (comme la Protection Biologique Intégrée (PBI) ou le paillage des sols), se révèlent néanmoins trop onéreuses par rapport aux solutions chimiques actuellement utilisées. Aussi, les experts agricoles jugent indispensable de rendre ces méthodes financièrement plus accessibles afin de favoriser leur transfert sur les exploitations. Le coût n’est pas le seul obstacle à lever. Il faut également adapter ces nouvelles méthodes aux différents sites et systèmes de production, mettre en place une organisation adéquate, puis former le personnel en conséquence.
Chiffre-clé :
Réduction de 50% de l’IFT pour l’ensemble des sites DEPHY EXPE de la filière agricole
Sur les trois filières étudiées, ces premiers résultats sont globalement prometteurs et démontrent la pertinence de ces nouvelles techniques. Encore faut-il que les acteurs agricoles y soient sensibilisés et puissent se les approprier. Cela passe notamment la mise en œuvre d’actions de communication sur le terrain et également par des réflexions sur le transfert des méthodes expérimentales aux itinéraires techniques des exploitations agricoles.
Plus d'infos
Consultez la synthèse des résultats à mi-parcours à l’échelle nationale :
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