Agriculteur devant une réserve d'eau
Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr

06 janvier 2022 Info +

Centre-Val de Loire : un projet de territoire de gestion de l’eau

Sur le territoire de Puiseaux-Vernisson, un groupe d’agriculteurs a impulsé dès 2010 une réflexion collective afin d’atténuer les effets du changement climatique. Réunissant les différents usagers de l’eau, cette démarche a permis d’élaborer un Projet de territoire de gestion de l’eau (PTGE) et de définir plusieurs actions, dont la création de réserves d’eau pour l’irrigation des cultures et la restauration de zones humides pour éviter les crues et inondations.

Le changement climatique se traduit déjà par davantage de pluies en hiver et de fortes sécheresses en été. Ces perturbations vont se renforcer dans les prochaines années.

Restaurer les zones humides pour limiter les crues et les inondations

« En hiver, les crues provoquent des inondations », rappelle Sébastien Mery, agriculteur et Vice-Président de la Chambre d’agriculture du Loiret. « Cette situation est d’autant plus critique sur ce territoire qu’il est très humide, étant traversé par le Puiseaux et le Vernisson, deux cours d’eau qui confluent avec le Loing, un affluent de la Seine en amont de Paris. Durant cette période excédentaire en eau, le stockage de l’eau prend tout son sens. » À l’étiage (débit minimal du cours d'eau), la rareté de la ressource devient dommageable aux écosystèmes de zones humides. « Le groupe d’agriculteurs se mobilise pour restaurer des zones humides à proximité des cours d’eau notamment, et affirme ainsi sa volonté de travailler en concertation sur le sujet. » Prochainement, 2,5 hectares de zones humides seront réhabilités car elles jouent un rôle essentiel dans la gestion de l’eau et la biodiversité.

Maintenir l’agriculture sur le territoire

Les besoins en eau des cultures dépendent essentiellement de trois paramètres : du climat, de la pédologie (le sol) et aussi des caractéristiques propres à chaque végétal.

« La disponibilité de la ressource en eau durant la période estivale sera impactée avec le changement climatique, d’où la nécessité d’anticiper une gestion efficiente de l’eau », explique Benoît Louchard, chef d’équipe eau – environnement à la Chambre d’agriculture du Loiret.

« Les agriculteurs cherchent sans cesse des techniques concrètes pour s’adapter : couverts végétaux, désherbage mécanique, recours aux outils d’aide au pilotage de l’irrigation… En contactant d’autres acteurs* de l’eau, les agriculteurs sont parvenus à les fédérer autour de ce projet d’amélioration qualitative et quantitative de la ressource en eau. »

« Depuis presque vingt ans, les agriculteurs (actuellement sept dans le projet) améliorent l’efficience de l’eau en irrigation. Pour pérenniser durablement l’activité agricole, la création de réserves d’irrigation est désormais un enjeu primordial », précise Sébastien Mery, agriculteur et Vice-Président de la Chambre d’agriculture du Loiret. Dans le cadre du PTGE, sept réserves d’eau sont prévues, d’une capacité totale de 367 500 m³, dont quatre sont déjà opérationnelles et utilisables pour les cultures maraîchères et les grandes cultures, blé, orge et soja.

Améliorer l’irrigation des cultures avec des réserves d’eau

Après une importante phase de concertation et d’études, les travaux ont commencé en octobre 2020. « La construction de sept retenues d'eau est subventionnée par l'agence de l'eau Seine-Normandie. Ces retenues sont alimentées par la récupération d’eaux de drainage. » Grâce à ces réserves d’eau pour l’irrigation, les forages, c’est-à-dire les prélèvements en nappes phréatiques, seront fortement diminués.

« En irrigation, l’idée d’une gestion efficiente de l’eau consiste à fournir aux cultures la bonne dose au bon moment », précise Benoît Louchard. Parmi les très nombreuses actions du PTGE Puiseaux-Vernisson figurent donc des mesures visant la mise en place de pratiques économes en eau, dans la continuité des démarches engagées par les agriculteurs jusqu’alors.

D’autres actions portent sur l’adaptation des pratiques agricoles pour restaurer la qualité des masses d’eau (réduction de l’usage des produits phytosanitaires, aménagements parcellaires notamment), et plus largement une évolution des systèmes de production.

Net-Irrig une application pour piloter l’irrigation

Pour assurer l’efficience de l’eau, la Chambre d’agriculture du Loiret déploie différents outils. Depuis quelques années, elle développe une application appelée Net-Irrig avec son laboratoire de pédologie (étude des sols).

Une centaine d’agriculteurs du Loiret utilisent ce logiciel qui est en cours d’une utilisation nationale au niveau des Chambres d’agriculture.

Sans sonde ni capteurs dans les champs, le logiciel calcule le bilan hydrique des cultures à partir de prélèvements de sol, permettant d’évaluer la capacité du milieu à fournir l’eau utilisable par la plante (réserve utile).

Le logiciel applique la logique de « la bonne dose au bon moment », c’est-à-dire qu’il évalue au quotidien les besoins en eau de la plante, et préconise la date optimale à laquelle il convient d’irriguer, sans excès et sans la faire souffrir.

* Parmi les nombreux membres du comité de pilotage du PTGE figure notamment l’Office Français de la biodiversité (OFB). Le comité de pilotage du PTGE est issu de la commission locale de l'eau (CLE) du schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) de la nappe de Beauce. Présidé par l’EPAGE du Loing, le comité de pilotage du PTGE est composé des principaux acteurs de l'eau du territoire (collectivités territoriales, établissements publics, usagers, organisation professionnelle) et représentants de l'État.