Valorisation de la biomasse en Guadeloupe
Partager la page
La biomasse en Guadeloupe est actuellement sous utilisée. Une mission du CGAAER a été chargée d’évaluer la faisabilité de la mise en œuvre de diverses filières biomasse en Guadeloupe et d’identifier les projets prioritaires devant permettre à la région d’atteindre ses objectifs en matière de traitement des déchets et de production électrique à partir de la biomasse d’ici 2020…
Rapport de mission d’expertise n° 14063 - CGAAER
Juin 2015
Mots clés : Biomasse, électricité, déchets, compost, méthanisation, bio gaz, incinération
Centrale à bagasse et à charbon du Moule (Guadeloupe)
Enjeux
Les États généraux de l'outre-mer organisés en 2009, ont mis l’accent sur le développement endogène des territoires ultramarins et sur les voies de la valorisation de la biomasse (énergie, matériaux, chimie) dans la ligne des options choisies par la France pour la mise en œuvre du « paquet énergie-climat » européen.
La biomasse en Guadeloupe est actuellement sous utilisée. Une mission du CGAAER a été chargée d’évaluer la faisabilité de la mise en œuvre de diverses filières biomasse en Guadeloupe et d’identifier les projets prioritaires devant permettre à la région d’atteindre ses objectifs en matière de traitement des déchets et de production électrique à partir de la biomasse d’ici 2020.
Méthodologie
La mission s’est appuyée sur les nombreuses études réalisées sous la conduite du comité de pilotage « biomasse » présidé par le Conseil régional de la Guadeloupe. Elle a par ailleurs rencontré tous les acteurs des filières concernées, au niveau de l’administration territoriale et consulaire, des structures de recherche et de toutes les principales entreprises privées impliquées.
Résumé
La gestion des déchets reste pour l’instant en devenir, mais les options de valorisation sont identifiées et économiquement viables pour toutes les filières.
Le respect de la réglementation nationale impose d’améliorer la collecte des déchets pour éviter les décharges sauvages et permettre un tri à la source. Pour ce faire, l’achèvement du réseau de déchèteries communales est une condition préalable à la transformation d’une part significative du gisement de « biomasse/déchets » de la Guadeloupe. Un taux moyen de valorisation d’un minimum de 80 % de ces gisements paraît un objectif raisonnable compte tenu de leur éparpillement géographique et de leur difficile accessibilité. Pour les 20 % restants, le dépôt en brut restera la règle.
La mission a identifié quatre projets prioritaires pour valoriser les déchets par ce réseau de déchèteries :
- l’accroissement des capacités de production de compost pour transformer les 68 000 tonnes de biomasse végétale : extension de la plate-forme du Moule et développement de la plate-forme de Trois Rivières ;
- la mise en place de la plate-forme multi-filières du site de Gabarre afin de transformer et valoriser les 140 000 tonnes de déchets ménagers et assimilés ;
- la mise en place de l’usine GEDEG (Gestion de déchets de Guadeloupe) pour la transformation et le valorisation de l’ensemble des déchets animaux de la Guadeloupe (4 500 tonnes) ;
- l’installation de la station d’épuration de Pointe à Donne dans le cadre de la communauté de commune de Cap Excellence (60 000 équivalents-habitants).
Par ailleurs, le gisement en biomasse peut permettre à la Guadeloupe d’atteindre ses objectifs de production électrique d’origine renouvelable. Les programmes identifiés sont réalisables à des coûts de production compatibles, voire inférieurs au coût de production actuel :
- centrale géothermique de Bouillante (3,30 MW) ;
- centrale «biomasse/bagasse» du Moule (60 MW) ;
- centrale «biomasse/bagasse» de Marie-Galante (11 MW).
Le développement d’une filière «canne-fibre» devrait permettre de réduire la part de biomasse importée pour l’alimentation des centrales «biomasse/bagasse» du Moule et de Marie-Galante, voire d’envisager la construction d’une troisième centrale «biomasse» sur la Basse-Terre. Le foncier étant limité en Guadeloupe, le développement de cette filière «canne-fibre» devra éviter toute concurrence avec les filières «canne à sucre» et «banane».
L’engagement politique de la Région est nécessaire pour convaincre la commission de régulation de l’énergie (CRE) et EDF, car ces projets viennent en substitution d’infrastructures de production existantes et utilisant une matière première fossile et importée.
Le potentiel de création d’emplois est significatif tant pour la production d’électricité que la production de compost. Il devrait constituer un indicateur de prise de décision complémentaire en faveur de toute filière exploitant les ressources de biomasse.