27 juin 2023 Publication

Traitement à l'eau chaude du matériel de multiplication de la vigne

  • Sylvie Dutartre
  • Xavier Le Coeur

Le CGAAER a été chargé d’étudier les conditions de traitement à l’eau chaude du matériel de multiplication de la vigne au regard de la norme internationale en vigueur.

Bandeau de la lettre n° 176 du CGAAER juin 2023
vigne
cgaaer

Rapport de mission de conseil n°22030

Décembre 2022

Enjeux

Dans le cadre de la lutte obligatoire contre la flavescence dorée les pépiniéristes viticoles ont, dans certaines situations, l’obligation de soumettre les plants et boutures de vigne à un traitement à l’eau chaude. Ce traitement est encadré par une norme internationale appliquée jusqu’alors avec une marge de tolérance.

FranceAgriMer, nouvelle autorité compétente, envisage une application stricte de cette norme et rencontre l’opposition des professionnels qui craignent pour la viabilité du matériel végétal.

Le CGAAER a été chargé d’étudier la question et de se prononcer sur les mesures à prendre.

Méthodologie

La mission s’est déplacée sur sites pour rencontrer des pépiniéristes, observer les équipements utilisés et les conditions de mise en œuvre des traitements.

Elle a également rencontré, outre les administrations concernées, des pépiniéristes, des instituts de recherche, ainsi que des acteurs techniques, fabricants et étalonneur. Des investigations documentaires ont par ailleurs été conduites dans les domaines réglementaire, scientifique et technique. Enfin une enquête a été menée dans trois pays membre de l’Union européenne.

Résumé

La mission constate qu’en matière d’impact du traitement à l’eau chaude sur la viabilité du matériel végétal les données sont lacunaires et pas toujours clairement interprétables sur les intervalles voulus. Les avis des acteurs divergent sur ce point. Des travaux complémentaires seraient nécessaires.

Le parc de stations de traitement français est récent, pour autant il est difficile de se prononcer avec certitude sur sa capacité à répondre strictement aux exigences de la norme, à la fois du point de vue des performances thermiques comme de celui des mesures. Les exigences réglementaires en matière de conception, de maintenance, de vérification et d’étalonnage du matériel sont peu contraignantes. La mission préconise de conduire des études sur les performances des équipements.

L’efficacité de la technique pour détruire le phytoplasme de la flavescence dorée est établie avec certitude, même en réduisant un peu la durée du bain. Cependant la révision de la norme, un temps envisagée par la France, ne paraît plus pertinente compte-tenu des doutes sur les performances des matériels utilisés, sur la fiabilité et la répétabilité des mesures, ainsi que des risques d’incidents. En outre des réserves ont été exprimées par les partenaires européens, les trois autres États membres principalement concernés ne faisant pas remonter les mêmes difficultés à appliquer la norme.

Les conditions de mise en œuvre des traitements et la configuration des bâtiments semblent dans l’ensemble conformes aux préconisations, avec toutefois des nuances et des marges de progrès. Compte-tenu de l’importance que revêtent ces conditions sur la réussite du traitement à l’eau chaude et sur la préservation du matériel végétal, il apparaît pertinent d’élaborer et de diffuser un guide des bonnes pratiques, pédagogique, argumenté et convaincant.

Le développement potentiel du volume de bois et plants soumis au traitement à l’eau chaude, du fait de la réglementation et des attentes des viticulteurs, impose d’agir sans délai pour que les nouveaux équipements soient à même d’atteindre les performances voulues. Il va de soi que, concomitamment, les pépiniéristes devront investir en conséquence et adapter leurs pratiques.

Enfin il ne pourra pas être fait l’économie d’une prospective fondée sur l’évolution en cours des stratégies de lutte contre la flavescence dorée, mais aussi sur l’émergence de nouveaux dangers sanitaires qui pourraient peser en faveur d’une application très large du traitement à l’eau chaude des bois et plants de vigne et, par conséquent, sur le niveau d’équipement des pépinières viticoles et les conditions de mise en œuvre de cette technique de désinfection.

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