24 avril 2017 Info +

Stéphane Le Foll et Pascal Lamy à l'assemblée générale du 7 avril 2017

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« Lors de l'assemblée générale du 7 avril à laquelle participait l'ancien directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, le Ministre Stéphane Le Foll a remercié le CGAAER des missions accomplies au cours des cinq dernières années. » - ©Pascal Xicluna/Min.Agri.Fr

Lors de l'assemblée générale du CGAAER réunie le 7 avril 2017, le vice-président, Alain Moulinier, a accueilli le ministre Stéphane Le Foll et l'ancien directeur général de l'Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, invité à s'exprimer sur la mondialisation des échanges agricoles.

Stéphane Le Foll s'adressait pour la huitième et dernière fois, dans ses fonctions actuelles, au Conseil qu'il préside, au terme des cinq années à la tête du ministère de l'agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt.

En remerciant chaleureusement ses membres pour l'ensemble des missions accomplies au service des politiques engagées sous sa responsabilité, le ministre a rappelé son projet agro-écologique pour la France. Sur la mondialisation des échanges agricoles, le ministre a redit son attachement au principe du multilatéralisme, seul mécanisme susceptible de défendre l’intérêt général de la planète et la cause des pays les plus pauvres. Il a également plaidé pour l'intégration, à l'OMC, des enjeux sanitaires et environnementaux liés au réchauffement climatique grâce à une « boîte vraiment verte ». En quittant la tribune sous les applaudissements prolongés de la salle, Stéphane Le Foll a invité l'assistance à poursuivre la voie ouverte par l'agro-écologie, en insistant sur l’intérêt stratégique d'une baisse des charges opérationnelles induite par de nouveaux modèles de production agricole.

Pascal Lamy a enchaîné en rappelant les spécificités de l'agriculture dans les échanges mondiaux, où celle-ci n'occupe que 10 %. Contrairement au secteur manufacturier ou aux services, l'agriculture est exposée à plus d'inégalités sociales, aux aléas climatiques et du vivant, ainsi qu'à une grande diversité culturelle. En occupant l'essentiel du territoire, elle conserve partout une certaine influence politique. Dans les négociations internationales, ces facteurs déterminent un spectre de positions allant du « Que le meilleur gagne » au « Chacun chez soi ».

Au sein de l'OMC, l'agriculture est l'objet de règlements spécifiques autorisant notamment un régime de subventions très encadré (système de « boîtes rouge, verte et jaune ») en vertu de principes de protection (social, sécurité alimentaire...) et de précaution (sanitaire, environnement…) souvent dictés par les opinions publiques nationales.

Si le cycle de Doha a calé en 2008 sur un point qui n'est d'ailleurs pas en rapport avec l'agriculture, l'OMC continue et continuera de fonctionner. Avec 3 ou 4 milliards d'habitants supplémentaires d'ici 2050, la planète va porter une classe moyenne beaucoup plus nombreuse et exigeante dans son régime alimentaire. La globalisation se poursuivra, mais elle devra être maîtrisée en considération de facteurs économiques, politiques, sociaux, environnementaux, climatiques et sanitaires... Le cadrage de l'OMC s’avérera d'autant plus nécessaire.

Le multilatéralisme ne s'oppose pas au bilatéralisme. Les deux coexistent depuis l'origine et se complètent. Par exemple, si le régime des subventions est soumis au multilatéralisme, les précautions d'ordre sanitaire relèvent plus facilement du bilatéralisme.

Enfin, Pascal Lamy a évoqué l'avenir de la PAC. Il pronostique une réduction importante (environ 15 %) du budget dédié à l'agriculture sous l'effet du Brexit et de l'augmentation des dépenses communautaires de défense et de sécurité. Il prévoit également qu'une part prépondérante du budget sera accordée aux précautions sanitaires et environnementales qui appelleront inévitablement davantage de conditionnalité.


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