01 juillet 2014 Info +

Notes et études socio-économiques n°38

Le changement climatique pose de redoutables défis à l’action publique. Il constitue l’archétype des « transformations silencieuses » chères au philosophe François Jullien : des ensembles de modifications graduelles de l’environnement qui se produisent si continûment qu’on ne les perçoit pas, mais dont le résultat se manifeste si soudainement qu’il nous heurte de plein fouet. Comment mobiliser des acteurs dispersés, comment maîtriser et orienter ces transformations si l’urgence n’est pas devant nous, évidente, sensible ?

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Du fait de sa contribution aux émissions de gaz à effet de serre (GES), il est essentiel que le secteur agricole participe à l’effort d’atténuation global. Il est également important que les potentiels d’atténuation dans ce secteur soient mobilisés au meilleur coût pour la société. Ce texte synthétise les méthodes, concepts et résultats des travaux d’économie appliquée qui ont examiné cette question. Il précise le concept d’efficacité en coûts et le rôle que peuvent jouer les instruments économiques à cet égard. Les différentes méthodes mobilisées dans la littérature pour évaluer les potentiels et les coûts d’atténuation sont ensuite comparées et les implications des résultats de travaux récents, portant sur les cas français et européen, sont discutées.

Stéphane De Cara, Bruno Vermont

Les filières de l’agrofourniture, de l’agriculture et de l’agroalimentaire (AAA) ont amorcé leur transition vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais les changements ne peuvent s’opérer sans contrainte réglementaire ou incitation économique. Dans un premier temps, l’article passe en revue l’organisation du marché inter-États du protocole de Kyoto ainsi que le marché carbone européen (EU ETS) et la place des filières AAA dans ces dispositifs. Dans un second temps, l’article s’intéresse à la place de l’agriculture au sein des mécanismes de compensation carbone. La majorité des projets concerne l’amont et la substitution d’énergie fossile par la biomasse agricole, pour des raisons qui tiennent aux spécificités de la production agricole : émissions diffuses et difficultés de mesure, faible intégration des acteurs et difficulté à coordonner les projets de réduction d’émissions. À l’heure où les marchés de conformité sont saturés en crédits carbone, la « compensation volontaire » apparaît comme une voie privilégiée pour assurer un débouché aux crédits issus des projets agricoles au sens strict.

Claudine Foucherot, Valentin Bellassen

Les travaux présentés dans cet article ont été réalisés dans le cadre de l’étude Quelle contribution de l’agriculture française à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ? Potentiel d’atténuation et coût de dix actions techniques (Pellerin et al., 2013), menée par l’Inra et commanditée par l’Ademe et les ministères chargés de l’Agriculture et de l’Écologie. Cette étude a mis en évidence un potentiel d’atténuation significatif des émissions du secteur agricole à l’horizon 2030, uniquement lié à des leviers techniques, sans remise en cause des systèmes de production, de leur localisation ni des niveaux de production. De plus, pour deux tiers, ce potentiel d’atténuation peut être atteint à coût négatif ou modéré (moins de 25 euros/tCO2 évité). La présence d’un groupe de sous-actions à coût « négatif », également repéré dans des études équivalentes conduites dans d’autres pays, interpelle. Pourquoi ces actions, permettant à la fois une réduction des émissions et un gain financier pour l’agriculteur, ne sont-elles pas davantage spontanément mises en œuvre ? Ceci s’expliquerait en partie par la présence de coûts de transaction privés associés à ces actions, que nous examinons plus particulièrement dans cet article.

Laure Bamière, Stéphane De Cara, Lénaïc Pardon, Sylvain Pellerin, Élisabeth Samson, Pierre Dupraz

Améliorer les capacités d’adaptation des élevages aux aléas climatiques et développer des outils d’assurance couvrant la production des prairies contre ces risques constituent un enjeu majeur dans une perspective de transition du régime public des calamités agricoles vers les assurances privées. S’appuyant sur l’analyse d’un large panel de données d’exploitations « allaitantes » sur la période 2000-2009, cette étude a pour premier objectif de quantifier la sensibilité des résultats économiques des exploitations aux aléas climatiques et d’identifier les leviers techniques mobilisés par les producteurs pour leur faire face. À partir d’enquêtes réalisées dans différentes régions, son second objectif est de mieux cerner les visions que les éleveurs ont des aléas climatiques, leurs façons de gérer ce risque ainsi que leurs motivations à souscrire une assurance « prairie ».

Claire Mosnier, Simon Fourdin, Jean-Christophe Moreau, Anaïs Boutry, Émilie Le Floch, Michel Lherm, Jean Devun

Nathalie de Noblet, Frédéric Levrault, Alexandre Meybeck

Cet article présente les principaux résultats d’une étude commanditée par le ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt dans le cadre de la préparation de la mise en oeuvre des Mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) de la Politique agricole commune pour la période 2014-2020. L’étude a visé à identifier les pratiques de gestion extensive des surfaces fourragères fournissant des services environnementaux, à évaluer les risques de disparition de ces pratiques et déterminer le coût de leur maintien pour un agriculteur. Après une réflexion sur la définition de la gestion extensive en agriculture à différentes échelles spatiales (parcelle, exploitation, territoire), un état des lieux des pratiques de gestion des prairies et des pâturages de longue durée (surfaces toujours en herbe incluant les landes, les alpages et les parcours) a été dressé à ces différentes échelles. Sur la base de recherches bibliographiques, les services environnementaux fournis par ces surfaces ont été identifiés. Des enquêtes auprès d’agriculteurs ainsi que l’analyse des évolutions tendancielles des assolements à partir des données du recensement agricole 2000 et 2010 ont permis d’identifier les principaux facteurs d’évolution de la gestion des prairies et des pâturages de longue durée. Des scénarios d’évolution ont ensuite été proposés pour un nombre limité de cas types (exploitations modélisées sur le plan technique et économique) du réseau d’élevage (bassin laitier normand, bassin allaitant charolais, bassin laitier des Alpes du Nord et bassin ovin du Sud-Est). Des simulations techniques et économiques ont enfin permis d’évaluer les évolutions attendues des résultats économiques dans chacun de ces scénarios.

Alexandra Rossi, Eric Pottier, Pierre Defrance, Jean Devun, Sylvie Granger

GALTIER Franck
lGérer l’instabilité des prix alimentaires dans les pays en
développement

DEBRÉ Patrice, GONZALES Jean-Paul
Vie et mort des épidémies

MISSEMER Antoine
Nicholas Georgescu-Roegen, pour une révolution bioéconomique

BONNAUD Laure, JOLY Nathalie (dir)
L’alimentation sous contrôle : tracer, auditer, conseiller

ABIS Sébastien, POUCH Thierry
Agriculture et mondialisation
Un atout géopolitique pour la France