Lutte biologique dans les châtaigneraies : un insecte peut en chasser un autre
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Dans les châtaigneraies françaises, en 2009, le constat est rude : infestés par le cynips, une micro guêpe venue de Chine et arrivée en France via l’Italie depuis quatre ans, les bourgeons font peine à voir. Ratatinés et boursoufflés, ils hébergent des petites larves qui s’en régalent. Ces larves attaquent les bourgeons qui évoluent en galles, on observe une chute de production pouvant atteindre 50 à 70% et très rapidement un affaiblissement des arbres.
«En 2009, ces insectes ont été recensés sur l’ensemble du territoire français et nous voyons le plus gros des attaques depuis trois ans» explique Marie-Lisa Brachet du pôle santé des plantes et biocontrôle au Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes (CTIFL) « Aucun insecticide de synthèse n’est possible sur des arbres aussi haut, sans risquer de perdre la biodiversité « utile » des vergers de châtaigner. De nombreux insectes auxiliaires régulent naturellement les ravageurs des châtaigniers : si l’équilibre est menacé par l’insecticide, les ravageurs peuvent reprendre le dessus ».
Bataille d’insectes dans les châtaignes
S’inspirant des expériences asiatiques et italiennes, la filière châtaigne appuyée par l’Inra et le CTIFL à l’aide des financements publics Ecophyto et Casdar, s’orientent vers la lutte biologique avec… Une autre micro guêpe d’origine chinoise, le Torymus sinensis ! Prédateur naturel du cynips, ce petit insecte pond ses œufs dans les bourgeons colonisés par le cynips. Lors de leur développement, « les bébés » Torymus se nourriront alors de larves des cynips ! Prédateurs de prédateurs, la solution 100% bio ! Pour la filière, c’est un délicat travail de fourmi : on ne sait pas encore multiplier en laboratoire cet insecte auxiliaire. Il faut le récolter directement dans les vergers avant de le lâcher dans d’autres. Depuis 2011, plusieurs milliers de lâchers de Torymus ont été effectués sur l’ensemble des châtaigneraies. Un travail qui récolte déjà des fruits : selon Marie-Lisa Brachet, «La lutte biologique s’apprécie sur le long terme, temps d’installation des auxiliaires dans les écosystèmes. Mais les observateurs notent déjà que sur près de 80% des sites de lâchers, les Torymus s’y sont installés durablement et commencent à réguler naturellement les populations de cynips».
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