21 septembre 2015 Publication

Les parcours professionnels des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts

  • Sylvie Hubin-Dedenys
  • Yves Geffroy

De création récente, en 2009, le corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (IPEF) résulte de fusions successives de corps préexistants. Avec 3 600 membres, il constitue le corps supérieur de l’État comptant l’effectif le plus important. Les vagues successives de réformes qui ont affecté l’organisation de l’action publique ont fortement impacté les parcours professionnels des IPEF…

Rapport de mission interministérielle d’expertise n°14062 CGAAER - CGEDD

Les parcours professionnels des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts

Sylvie Hubin-Dedenys, Yves Geffroy

Avril 2015

Mots clés : IPEF, parcours professionnel, ingénieur

Enjeux

De création récente, le corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (IPEF) est le corps supérieur de l’État le plus important numériquement. Les vagues successives de décentralisation, le développement des opérateurs publics et la modernisation de l’action publique ont fait évoluer le rôle, le périmètre et les modes d’action de l’administration, tant au niveau central que déconcentré. Ces évolutions rapides ont fortement impacté les parcours professionnels des IPEF.

Le CGEDD et le CGAAER ont été chargés d’identifier et d’analyser les difficultés structurelles que le corps rencontre aujourd’hui. Le rapport produit propose l’instauration d’un véritable plan d’action afin de faciliter les parcours multi-employeurs et de spécialité.

Méthodologie

La mission était composée de trois membres du CGEDD, Edmond Grazsk, Alain Neveu et Pierre-Alain Roche, et de deux membres du CGAAER, Sylvie Hubin-Dedenys et Yves Geoffroy.

Vu la rareté des éléments statistiques et qualitatifs relatifs aux parcours professionnels des IPEF et en l’absence d’un système structuré d’informations, la mission a procédé à ses propres investigations. Elle a analysé les parcours des IPEF de trois générations de promotions espacées de dix ans. Un zoom a été fait sur les membres des promotions 2002-2003-2004 auxquels a été adressé un questionnaire permettant de recueillir leurs motivations et de cibler leurs attentes. Ensuite, une analyse détaillée des emplois de responsabilité qu’occupent les IPEF dans l’administration et de leurs parcours est venue étayer le diagnostic de la mission. Enfin quatre-vingts entretiens sont venus nourrir les réflexions stratégiques et la proposition de plan d’action.

Résumé

- Créé en 2009, le corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (IPEF), qui regroupe 3 600 agents, résulte de fusions successives de corps préexistants. À la demande des deux secrétaires généraux des ministères de rattachement, la mission conjointe du CGAAER et du CGEDD a été chargée d’analyser les parcours professionnels des IPEF et de formuler des propositions d’amélioration de leur gestion.

- L’analyse de la situation du corps au regard de sa démographie ainsi que de la diversité de ses employeurs et de leurs attentes montre une diminution des effectifs du corps. Cette diminution s'accompagne d’un repli sur les services de l’État, alors même que la décentralisation et la multiplication des opérateurs publics offraient des opportunités d’ouverture. Ce repli, allié au vieillissement du corps et à la diminution du nombre des emplois supérieurs, a abouti à ce qu’un nombre important d'IPEF expérimentés restent en fonction dans les ministères sans accéder à des postes de responsabilité. Les parcours professionnels sont ainsi exposés à une tension croissante entre le déroulement traditionnel des carrières et la nouvelle dynamique induite par les statuts d’emploi. La faible dimension opérationnelle actuelle des parcours des IPEF sous l’effet du transfert de nombreuses missions aux collectivités territoriales et aux opérateurs publics, comporte le risque de réduire l’employabilité future des IPEF, en tant qu’ingénieurs. Le cloisonnement des carrières s’accroît. Le secteur privé recrute moins de cadres supérieurs et dirigeants parmi les ingénieurs de l’État. Malgré les évolutions qu’elle a pu connaître, la gestion du corps n’est plus adaptée au contexte actuel.

- Ces constats conduisent la mission à proposer qu’un plan d’actions soit engagé sur une période de cinq ans pour infléchir cette situation. Ce plan s’articule autour de deux orientations principales : d’une part, affirmer l’identité du corps et son ancrage scientifique dans le champ des politiques publiques des trois ministères de rattachement, d’autre part, élargir le périmètre de ses employeurs, en cohérence avec les enjeux traités par ces mêmes ministères. Une utilisation volontariste des dispositifs existants devrait permettre de rendre les parcours multi-employeurs plus « fluides ». La mise en œuvre de ce plan nécessite la mobilisation d’une équipe projet au sein des secrétariats généraux des ministères de rattachement afin de conclure des accords bilatéraux avec les opérateurs et les collectivités, renforcer les moyens de suivi, inciter les acteurs des réseaux d’orientation internes à se tourner vers l’extérieur et appuyer les démarches individuelles de rebond et d’essaimage. Elle suppose également la mise en place d’une instance de pilotage et de facilitation placée sous la présidence du chef du corps associant, outre les secrétaires généraux des ministères de rattachement, toutes les parties prenantes du projet.

Lien vers le rapport


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