Un agent forestier travaille en forêt domaniale de Bercé
Éric Facon/ONF

06 décembre 2024 Info +

Les chênes français, au cœur de la renaissance de Notre-Dame-de-Paris

Le 8 décembre 2024, la cathédrale Notre-Dame-de-Paris rouvre ses portes, cinq ans après l’incendie qui avait ravagé sa toiture et sa flèche. Pour la rebâtir à l’identique, la forêt française a été mise à contribution de manière inédite. Pas moins de 2 400 chênes, issus de forêts publiques et privées, ont été sélectionnés avec soin pour redonner vie à l’édifice. D’où viennent ces arbres, et quels critères ont guidé leur choix ?

Suite à la décision de reconstruire la cathédrale à l’identique, les architectes des monuments historiques ont précisé les dimensions exceptionnelles des arbres nécessaires à la reconstruction de ses différents éléments : la flèche de Viollet-le-Duc, les charpentes du transept, des travées, de la nef et du chœur.

Sous le pilotage de l'interprofession France Bois Forêt (FBF), l’ensemble de la filière forêt-bois française s’est mobilisée pour relever le défi et fournir gracieusement les 1 000 premiers chênes nécessaires aux travaux.

Chêne en forêt domaniale de Bercé
Éric Facon/ONF

Des fûts réguliers, très droits, très longs

Les chênes identifiés pour la restauration de la cathédrale ont été récoltés à 50% en forêts domaniales et communales et à 50% en forêts privées. Ils devaient répondre à des critères bien précis : les fûts devaient être réguliers, très droits, très longs (jusqu’à 15 mètres) et très fins, en particulier pour la charpente médiévale. Le prélèvement total a représenté moins de 0,2% de la quantité récoltée annuellement en France.

C'est en forêt domaniale de Bercé (Sarthe) qu'ont été choisis les huit chênes destinés au tabouret de la flèche. Ces arbres d’un mètre de diamètre et 20 mètres de hauteur, d’une rectitude parfaite, sont le fruit du travail de plusieurs générations de forestiers. « Les chênaies domaniales sont pratiquement les seules à pouvoir fournir cette qualité de bois, car la tradition forestière y est ancienne », explique Aymeric Albert, chef du département commercial bois à l’Office national des forêts (ONF). « Cela fait plus de trois siècles que des chênes sont menés en futaies régulières. Cette technique permet de produire des arbres très élancés, d’une qualité et d’un diamètre hors normes. Nés sous Colbert, ils vont continuer d’écrire l’histoire de France ».

Coupés en hiver, puis débardés et sciés, les bois ont été entreposés pendant 12 à 18 mois afin d'obtenir un taux d’humidité inférieur à 30%. La moitié d’entre eux, destinés à la nef et au chœur, ont été travaillés intégralement à la hache, selon des méthodes ancestrales. Tous ont ensuite été livrés aux charpentiers sur le chantier de Notre-Dame.

La cathédrale Notre-Dame-de-Paris en cours de rénovation
gettyimages

Comment la gestion durable des forêts préserve-t-elle la biodiversité ?
Le cycle de la gestion d'une forêt s'étend entre 80 et 150 ans. La connaissance des caractéristiques propres à chaque forêt permet d'en orienter la gestion durable à moyen et à long terme. Pour le choix des essences, l'entretien des peuplements, le rythme des coupes, les forestiers s'appuient sur un document de référence qui donne les grands axes pour une gestion durable et efficace. Il tient compte de la dimension multifonctionnelle de la forêt, c'est-à-dire la valorisation de ses fonctions économique, environnementale et sociale. La coupe d’un arbre permet au stock de graines contenues dans le sol de s’exprimer enfin. La flore profite de l’augmentation de lumière et de la disponibilité en eau. 90% de la diversité floristique en forêts se retrouve dans les zones ouvertes. De nombreux oiseaux nicheurs et insectes profitent de l’habitat que constituent ces nouveaux peuplements.