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Thierry Houx, viticulteur

08 avril 2019 Info +

Le trichogramme, la star des campagnes

Le biocontrôle c’est utiliser ce que l’on trouve dans la nature pour protéger les cultures (végétaux, animaux, minéraux, etc.). Témoignage de Thierry Houx, viticulteur et membre du réseau Dephy, qui expérimente cette méthode, avec par exemple le trichogramme pour remplacer les insecticides.

La tordeuse de la vigne, un nom qui ne donne pas envie, mais rassurez-vous, on l’appelle aussi l’eudémis de la vigne. « Ce petit papillon lorsqu’il est au stade de larve se nourrit des grains de raisin et les fait pourrir. Pour éviter sa prolifération, j’utilise des insectes protecteurs issus des méthodes de biocontrôle, les trichogrammes », explique Thierry Houx. Le trichogramme est une petite guêpe de moins de 0.5 mm qui défend ardemment les vignes. Les trichogrammes sont largement utilisés en biocontrôle, notamment pour les vignes, mais aussi le maïs (contre la pyrale), ou bien les pommiers (contre le carpocapse).

De l’œuf à la larve, chaque stade biologique a son utilité

Le trichogramme est utilisé pour remplacer les insecticides. On dit que cet insecte est un « parasitoïde oophage », c’est-à-dire qu’au stade de larve, il va coloniser l’œuf d’un autre insecte nuisible pour s’en nourrir et s’y développer.

« On disperse les trichogrammes à l’aide de petites plaquettes de carton que l’on accroche sur les vignes infestées. Ces plaquettes contiennent des œufs de trichogrammes qui vont éclore tout au long de la saison pour aller coloniser les œufs d’eudémis qui posent problème. »

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Thierry Houx installe ce dispositif tous les 10 pieds de vigne. Cette année, 3 hectares sur 16.5 ont été traités de cette manière pour cette production de vin rouge AOC Bourgueil.

De l’argile en passant par le phosphore, le biocontrôle c’est une histoire de choix

Pour protéger ses vignes en monocépage Cabernet Franc, Thierry Houx utilise aussi des substances qui stimulent les défenses naturelles des plantes. Ce sont des substances alternatives aux traitements phytosanitaires, qui déclenchent chez les plantes, des réactions de défense face à diverses agressions : insectes, plantes champignons, virus, bactéries, etc.

« J’utilise depuis 6 ans un produit de biocontrôle qui permet de lutter contre le mildiou, un champignon. Ce produit à base de phosphore, permet à la vigne de se défendre d’elle-même contre le champignon. Pour cela, elle sécrète une substance chimique présente dans la peau du grain de raisin rouge, la phytoalexine. »

D’autres substances, au fonctionnement simple, peuvent aussi être utilisées, comme l’argile qui permet de lutter contre la cicadelle verte !

« La larve de la cicadelle verte abime la feuille de vigne et perturbe sa photosynthèse. La photosynthèse donne l’énergie nécessaire à la vigne pour produire un raisin sucré. Pour protéger les feuilles de la larve, je pulvérise dessus de l’argile dilué dans de l’eau, qui en séchant, constitue une croute blanche de protection. Les feuilles deviennent alors très douces, glissantes, et moins appétentes pour les larves. »

La complexité du vivant appréhendée collectivement grâce au réseau expérimental Dephy

Installé depuis 1997, Thierry Houx intègre en 2011 le réseau de fermes DEPHY de l’Indre et Loire, qui regroupe une dizaine d’exploitations.

« Le réseau DEPHY nous incite à essayer de nouvelles techniques, et à partager nos retours d’expériences avec les autres viticulteurs du réseau, car pour trouver des alternatives adéquates de biocontrôle, il faut s’armer de patience et faire plusieurs tentatives. Il y a une diversité de mécanismes naturels qu’il faut comprendre pour trouver les interactions qui fonctionnent le mieux entre les organismes vivants. Il m’aura fallu 10 ans pour trouver le bon engrais vert, c’est-à-dire un mélange de seigle, de trèfle, et d’avoine que je cultive entre mes rangs de vigne, pour apporter, une fois roulé (rouleau rolofaca), de la biodiversité et de la matière organique au sol », souligne Thierry Houx.

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