La filière forêt-bois en Aquitaine six ans après la tempête Klaus
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Le CGAAER a été chargé de proposer des solutions au risque de pénurie de bois qui apparaît dans la région Aquitaine six ans après la tempête Klaus
Rapport de mission d'expertise et de médiation n°15100 CGAAER
Mars 2016
Mots clés : Pin maritime, Aquitaine, tempête, filière forêt-bois, interprofession
Enjeux
Après la tempête Klaus qui s'est abattue sur la France le 23 janvier 2009, les forestiers aquitains ont dû stocker 8 millions de tonnes de bois.
A la fin de 2016, ces stocks auront été entièrement consommés. L’approvisionnement des industries de transformation ne reposera plus que sur les récoltes de bois en forêts, qui risquent d’être inférieures aux besoins. En effet, entre 1999 et 2011, à la suite des tempêtes de 1999 (Martin) et de 2009 (Klaus), le capital sur pied du massif de pin maritime est passé de 140 à 90 millions de m³.
En 2015, la crainte d’une pénurie a été à l’origine d’une forte hausse des prix du bois. Les prix des produits manufacturés étant restés stables, de nombreux industriels se sont trouvés confrontés à des difficultés financières. Des tensions sont apparues entre vendeurs et acheteurs de bois, mais aussi entre transformateurs.
La Fédération des industries du bois d’Aquitaine (FIBA) a alerté les pouvoirs publics aux niveaux régional et national. En juillet 2015, le ministre a confié au CGAAER le soin d'étudier la question
Méthodologie
La mission a auditionné tous les acteurs de la filière, de l’amont (syndicat des sylviculteurs, Office national des forêts, coopérative Alliance forêt-bois) à l’aval (scierie, papier-carton, panneaux).
Elle a rencontré les principaux services régionaux de l’État concernés (DRAAF, DIRECCTE), ainsi que le Centre régional de la propriété forestière (CRPF), l’ADEME, la Banque de France et l’institut Forêt cellulose bois et ameublement (FCBA).
Un contact a été établi avec les services du Conseil régional d'Aquitaine (en transition entre l’ancien et le nouveau périmètre régional). Des informations ont été recueillies auprès des DRAAF de régions voisines (Midi-Pyrénées, Limousin) sur les ressources de bois mobilisables.
Résumé
La mission a confirmé la tension régnant au sein de la filière forêt-bois d’Aquitaine où les prix du bois en forêt ont augmenté de plus de 35 % en deux ans. Elle estime que la demande potentielle annuelle de bois de pin maritime pourrait dépasser l’offre de 1 à 1,5 million de m3 au cours des dix ans qui viennent. La pénurie devrait surtout porter sur les bois de petits diamètres et disparaître lors de l’entrée en production des reboisements effectués après la tempête Martin du 26 décembre 1999.
Pour faire face au manque de matière première, la mission a identifié plusieurs pistes :
- avancer et intensifier les éclaircies des jeunes plantations de pin maritime qui poussent plus vite parce que constitués de variétés améliorées,
- importer des petits bois résineux du Limousin,
- récolter un maximum de vieux pins maritimes landais,
- augmenter l’utilisation de feuillus dans les chaufferies,
- diminuer les exportations de pin maritime hors région,
- engager une politique de réduction générale de l’âge d’exploitabilité du pin maritime.
Mises en œuvre de manière coordonnée, ces actions seraient susceptibles de fortement réduire, voire de supprimer, la pénurie de bois.
Si la mission a pu apprécier les nombreux atouts dont dispose la filière forêt bois d’Aquitaine, les acteurs n’ont pas encore élaboré une vision commune de l’avenir du massif régional de pin maritime. L’orientation vers une sylviculture à plus courte révolution ne recueille pas un vrai consensus. De même, plusieurs projets qui présenteraient pourtant un fort intérêt collectif sont bloqués ou ralentis faute d’une collaboration suffisante entre acteurs.
La mission estime qu’une action résolue de l’État (notamment lors de la rédaction du programme régional de la forêt et du bois de la nouvelle région) et des professionnels lorsqu’ils seront enfin réunis au sein d’une section « pin maritime » de l’interprofession France Bois Forêt permettraient de surmonter une grande partie des difficultés conjoncturelles actuelles et d’engager la filière forêt bois d’Aquitaine dans une nouvelle phase de son développement. Sept recommandations ont été formulées à cet effet.