27 septembre 2021 Publication

La charge de mécanisation des exploitations agricoles

  • Hervé Durand
  • Dominique Tremblay

Le CGAAER a été chargé d’étudier les charges de mécanisation des exploitations agricoles en vue d’améliorer leur compétitivité et faciliter la transition écologique.

agroéquipement
Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr

Rapport de mission d’évaluation et de conseil n° 20064

Juin 2021

Mots-clés : Charge, matériel agricole, innovation, filière, industrie

Enjeux

La maîtrise des charges de mécanisation est un des leviers majeurs de l'amélioration de la compétitivité, de la performance et de l’adaptation à la transformation agro-écologique. Il n'existe pourtant que peu d'outils pour aider les agriculteurs à raisonner leurs investissements et maîtriser leurs charges, d'autant qu’ils peinent à établir un véritable rapport de force avec les grands constructeurs mondiaux. Aussi les filières doivent-elles se mettre en mouvement pour définir une stratégie partagée avec l’ensemble des acteurs et répondre aux besoins futurs d’agroéquipements en facilitant la transition agro-écologique et en permettant une maîtrise améliorée de ce poste de charge.

Le CGAAER a été chargé d’étudier les charges de mécanisation des exploitations agricoles en vue d’améliorer leur compétitivité et faciliter la transition écologique.

Méthodologie

Après un travail préalable de recueil documentaire et d’échanges avec quelques acteurs institutionnels de premier plan pour préciser les champs d’investigation et évaluer les ressources disponibles en matière de données, les travaux de la mission se sont déroulés en trois phases :

  • Une analyse factuelle pour examiner la variabilité des charges de mécanisation sur les trois systèmes de production dominant : bovin-lait, bovin-viande et céréales.
  • Une étude européenne pour examiner l’environnement concurrentiel et le niveau de performance de l'agriculture française.
  • Un travail plus prospectif pour tenter de mettre en évidence les potentialités des innovations attendues en termes de facilitation de la transition agro-écologique avec la généralisation du numérique, de l'introduction de la robotique et de l'intelligence artificielle dans les exploitations agricoles.

Résumé

Réinvestir le sujet de la mécanisation, le remettre au centre de la gestion des exploitations agricoles, disposer d'outils de conseil, d'analyse et d'optimisation constituent des étapes à franchir. Les enjeux apparaissent d'autant plus importants que le prix du matériel ne cesse de croître et que les exploitations connaissent des problèmes d'organisation et de disponibilité de main d'œuvre.

La mécanisation est intimement liée à l’essor de la production agricole européenne. Elle a permis une augmentation massive de la productivité du travail et elle est devenue progressivement un des leviers majeurs de l’amélioration de la compétitivité et de la performance des exploitations.

Le secteur des agroéquipements concentre un tissu industriel important. L’innovation y constitue un puissant moteur d’accès au marché. Le poids des charges de mécanisation peut varier du simple au double d’une exploitation à l’autre et la faiblesse des revenus moyens en agriculture pose nécessairement la question des économies possibles à faire en matière d’investissement, d’autant que l’agriculture française est souvent présentée comme très bien équipée.

Le marché de l’agroéquipement est globalisé et très concentré. Les cinq grands constructeurs mondiaux présents dans ce secteur concentrent à eux seuls la moitié du chiffre d’affaires mondial des agroéquipements. Ils orientent de ce fait profondément ce marché. Ils s’appuient sur des réseaux de distribution très structurés avec lesquels ils passent des contrats d’exclusivité renforçant ainsi leur influence. À côté de ces groupes mondiaux existent de nombreuses PME-PMI, très innovantes et très performantes. Pour la France, ce ne sont pas moins de 200 entreprises qui peuvent être ainsi identifiées pour un chiffre d’affaires global de 6 milliards d’euros.

Les agriculteurs évoluent dans ce marché avec peu d’outils à leur disposition. Ils sont bien souvent seuls avec peu de choix et peu de concurrence. Quelques initiatives émergent, souvent du fait des CUMA, mais pas seulement. On voit des agriculteurs se rassembler pour procéder à des achats groupés, mettre en place des assolements en commun et même parfois renoncer à des investissements pour recourir à des prestations de service via les entreprises de travaux agricoles.

La connaissance et la maîtrise du coût de la mécanisation dans les coûts de production restent donc fondamentales dans l’économie des exploitations agricoles. Ces éléments sont d’autant plus importants que les exploitations font aujourd’hui face à la transformation des systèmes de production et que les outils de l’agroéquipement sont au cœur de cette transformation. La substitution du glyphosate, le développement de l’agro-écologie et la décarbonation vont entraîner la mise en œuvre de nouvelles pratiques culturales et, par voie de conséquence, le recours à de nouveaux outils, certains avec de nouvelles technologies dont l’intelligence artificielle.

Les innovations en cours de déploiement requièrent une réelle montée en compétences, à tous les niveaux. De leur conception à leur utilisation en passant par leur maintenance, ces nouveaux outils nécessitent une adaptation des référentiels de formation en mesure d’accompagner la transformation des différents métiers.

La structuration de cette filière apparaît dès lors indispensable et urgente pour faciliter la transformation du secteur agricole. Elle dépend avant tout de la volonté de ses différents acteurs. Pour faciliter une telle évolution, l’État doit se doter d’une stratégie et d’une feuille de route qui regroupent et priorisent les orientations et les politiques qu’il entend mener dans ce secteur. Ce travail doit bien sûr être engagé en étroite relation avec tous les ministères concernés. Il doit aussi associer les Régions.

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