Foire aux questions : tout savoir sur le biocontrôle
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Dans les champs, sous serre et en plein air, mais aussi dans les parcs et les jardins, des méthodes alternatives aux produits phytopharmaceutiques conventionnels peuvent être utilisées pour lutter contre les maladies, les agresseurs de cultures (insectes, virus, bactéries, acariens…) et les mauvaises herbes.
Le biocontrôle, qui s’appuie sur des mécanismes naturels et les interactions entre les espèces, en fait partie. Pilier de l’agroécologie, il fait l’objet d’une stratégie nationale (2020-2025) qui vise la mise en œuvre d'une série de mesures dans le domaine de la recherche, de l'expérimentation, de l'innovation industrielle, de la réglementation et du déploiement de solutions sur le terrain.
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Le biocontrôle est constitué d’un ensemble de techniques de protection des plantes qui font appel à des agents et produits utilisant des mécanismes naturels, qui présentent des risques limités pour la santé humaine et l’environnement. Il s’agit d’un levier majeur de la protection intégrée des cultures (PIC).
Le biocontrôle inclut :
- les macro-organismes utiles aux végétaux : insectes, acariens, nématodes. Un exemple emblématique est la coccinelle qui est un prédateur naturel de pucerons. Dans son jardin, il est possible d’accrocher des plaques d’œufs de coccinelles dont les larves et les coccinelles adultes se nourriront des pucerons. Les plantes seront ainsi protégées ;
- les produits phytopharmaceutiques composés de substances d’origine naturelle, qui comprennent trois catégories :
- Les micro-organismes (bactéries, virus, champignons) : la bactérie Bacillus thuringiensis par exemple produit une toxine qui freine le développement des chenilles, voire les élimine. Elle peut être utilisée pour lutter contre la pyrale du buis, un papillon qui fait des ravages dans les parcs et jardins car sa chenille dévore les feuilles des buis ;
- Les médiateurs chimiques (dont les phéromones) : dans les vergers par exemple, des diffuseurs sont accrochés aux branches des arbres fruitiers comme les pommiers. Ceux-ci diffusent des phéromones et brouillent le message entre le papillon mâle et le papillon femelle, ce qui diminue le nombre d’accouplements et donc la présence de vers dans les fruits ;
- Les substances naturelles d’origine minérale, animale ou végétale : l’acide pélargonique par exemple, secrété naturellement par les géraniums, se substitue aux herbicides conventionnels (aujourd’hui interdits d’usage pour les particuliers) pour les allées de jardin ou les voies ferrées en desséchant les plantes invasives et mauvaises herbes.
Les produits de biocontrôle peuvent constituer des alternatives aux produits chimiques, notamment les plus préoccupant
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Il ne faut pas confondre agriculture biologique et biocontrôle. L’agriculture biologique est un mode de production qui a recours à des pratiques agricoles et d’élevage, soucieuses du respect des équilibres naturels et qui repose sur des normes élevées en matière de santé, d’environnement et de bien-être animal. Le respect de ces normes est garanti par la certification des acteurs de la chaîne de la production à la distribution. La protection des plantes en agriculture biologique repose d’abord sur des mesures préventives et en dernier recours, sur des produits phytopharmaceutiques autorisés au niveau européen (liste définie dans le Règlement UE 2021/1165) et par ailleurs jugés compatibles avec les objectifs et les principes de la production biologique.
Le biocontrôle est constitué de solutions techniques de protection des plantes, qui sont pour la plupart utilisables en agriculture biologique, à l’exception des herbicides et des régulateurs de croissance.
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Le déploiement du biocontrôle s'inscrit dans les objectifs de réduction de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques les plus préoccupants, tels que fixés par le Gouvernement dans le cadre d’Ecophyto 2+ (-50% d'ici 2025), et par la Commission européenne dans le cadre du « Pacte vert pour l'Europe » et de la stratégie « De la ferme à la table ».
Cette dernière a notamment pour objectifs, à l’horizon 2030 :
- de réduire de 50 % l’utilisation des produits phytopharmaceutiques et les risques pour l’environnement et la santé qui leur sont associés ;
- de réduire de 50% l’utilisation des produits phytopharmaceutiques les plus dangereux.
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Le service statistique du ministère en charge de l’agriculture enregistre une progression de l’application des produits de biocontrôle pour les filières arboriculture et viticulture. Les autres filières (ex. grandes cultures) n’ont pas encore fait l’objet de ce type d’analyse. GRAPH’AGRI 2021 montre ainsi une augmentation du nombre de traitements par des produits de biocontrôle, de 2012 à 2018, pour tous les fruits, mesurée par l’indice de fréquence de traitement (IFT) biocontrôle, associée à une réduction de l’IFT total pour tous les fruits à l’exception des cerises.
D’après une enquête réalisée fin 2021 pour IBMA France (association française des entreprises de produits de biocontrôle), 69 % des agriculteurs déclarent utiliser des solutions de biocontrôle, toutes cultures et tous modes de production confondus. Ils étaient 44 % dans une enquête équivalente fin 2018. Plus de 50 % des agriculteurs utilisant des solutions de biocontrôle estiment qu’ils en utiliseront encore plus dans les années à venir. Près de trois agriculteurs sur quatre n’en utilisant pas aujourd’hui pensent en utiliser certainement dans le futur ou en étudier l’option (49 %).
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Il existe davantage de solutions de biocontrôle pour les cultures spécialisées (viticulture, arboriculture et maraîchage) qu’en grandes cultures (céréales, oléagineux, protéagineux, betteraves, pommes de terre…), et davantage en cultures sous abris qu’en cultures de plein champ.
Le biocontrôle est ainsi bien développé dans le maraîchage sous serre. L’emploi du biocontrôle se développe par ailleurs pour l’entretien des espaces verts et des jardins particuliers, compte tenu de l’interdiction de l’emploi des produits phytosanitaires conventionnels dans les espaces accueillant du public. (Loi n° 2014-110 du 6 février 2014 visant à mieux encadrer l'utilisation des produits phytosanitaires sur le territoire national, dite « loi Labbé »)
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Oui. Les quantités totales de substances actives vendues (QSA) de produits utilisables en agriculture biologique et de biocontrôle, publiées annuellement par les ministères chargés de l’agriculture et de l’environnement, sont en augmentation : la moyenne triennale 2018-2020 est la plus élevée enregistrée, avec une progression de 20% par rapport à la moyenne triennale 2015-2017.
D’après IBMA France (association française des entreprises de produits de biocontrôle), le volume des ventes en 2021 des produits de biocontrôle s’établit en France à 274 millions d’€, en hausse de 16% par rapport à 2020.
Les solutions de biocontrôle représentent 13% du marché de la protection des plantes en 2021 (contre 12 % en 2020). Les ventes de produits de biocontrôle sont surtout marquées par la hausse (en valeur) des ventes de produits fongicides et par celle des molluscicides (comme les anti-limaces).
A l’exception des herbicides, les autres segments progressent en parts de marché :
- insecticides : 38 % (contre 37 % en 2020).
- molluscicides : 29 % (26 % en 2020).
- fongicides : 19,5 % (13 % en 2020).
- herbicides : 3 % (3 % en 2020).
Ce sont les ventes des produits comprenant des substances naturelles qui ont progressé le plus en 2021 (ces produits représentent en valeur près de trois ventes de produits de biocontrôle sur quatre) ainsi que celles des macro-organismes.
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La mise à disposition d’un nombre suffisant de solutions de biocontrôle, présentant une efficacité suffisante, est une des clefs de l’appropriation du biocontrôle par les agriculteurs à une large échelle, et finalement de la réussite de la transition agroécologique. Le Gouvernement a publié en novembre 2020 une stratégie nationale de déploiement du biocontrôle, en application de la loi du 30 octobre 2018 (dite loi EGAlim).
Dans ce cadre, sont notamment engagés au niveau national :
- Un soutien de l’ordre de 10 millions d’euros par an à des projets de recherche et de déploiement (ECOPHYTO, CASDAR, ANR, PPR-CPA), hors soutien des entreprises ;
- La stratégie d’accélération « systèmes agricoles durables et équipements agricoles contribuant à la transition agroécologique » de France 2030, d’un montant de 428 millions d’euros, portant parmi ses priorités le soutien à l’essor du biocontrôle ; cette stratégie s’inscrit dans la continuité des programmes d’investissement d’avenir (PSPC, concours i-Nov, Démonstrateurs, Investissements territoires d’innovation) ayant permis en 2021 de financer, pour 10 millions d’euros, 10 projets d’entreprises ;
- La mise en place grâce au plan France Relance d’un dispositif d’accompagnement des TPE / PME porté par la Banque publique d’investissement intitulé « Diagnostic biocontrôle » et du projet ABA PIC, « accélération du biocontrôle et des agroéquipements pour la protection intégrée des cultures », en 2021 ;
- Divers travaux règlementaires au niveau national : consolidation de la définition française du biocontrôle, facilitation du recours aux pièges à phéromones pour la surveillance et la lutte contre les insectes ravageurs des cultures, révision de la règlementation des macro-organismes utiles à la protection des plantes
- Implication des autorités françaises pour une définition européenne du biocontrôle, dans le cadre de la révision de la directive « SUD » d’utilisation durable des pesticides.
Plus d’informations sur la stratégie nationale de déploiement du biocontrôle.
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Pour pouvoir figurer sur la liste biocontrôle, le produit doit remplir les critères précisés par le décret n° 2022-35 du 17 janvier 2022 accessible via ce lien.
Ils portent sur l’origine de la substance, qui doit être naturelle ou issue de la synthèse mais identique à l’extrait naturel, et sur le niveau de risque : seuls les produits phytopharmaceutiques à risque faible pour l’environnement et la santé peuvent figurer sur la liste des produits de biocontrôle.
En outre, il doit disposer d’une autorisation de mise sur le marché, délivrée au niveau national par l’ANSES. Dans ce cadre, l’ensemble des substances actives entrant dans la composition du produit doivent avoir été approuvée au niveau de l’UE.
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Le ministère en charge de l’agriculture est compétent pour inscrire un produit phytopharmaceutique (autorisé par l’Anses) sur la liste des produits phytopharmaceutiques de biocontrôle mentionnées aux articles L. 253-5 et L. 253-7 du code rural et de la pêche maritime. La liste est actualisée chaque mois par note d’information publiée au bulletin officiel du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.
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Les conditions d’utilisation des produits phytopharmaceutiques, y compris les produits de biocontrôle, sont accessibles via ce lien.
Pour les identifier, les produits phytopharmaceutiques de biocontrôle sont accompagnés d’un pictogramme spécifique (le «coccifeuille»).
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Pour les agriculteurs, les ventes se font essentiellement via les coopératives et les entreprises de négoce agricole. Les professionnels des espaces verts ont leurs propres centrales d’achat.
Pour les particuliers, ces ventes se font principalement dans les jardineries, les grandes surfaces, les établissements de libre-service agricole et sur Internet.
Tous les établissements distributeurs de produits phytopharmaceutiques, pour les particuliers comme pour les professionnels, doivent être agréés à cet effet par le ministère chargé de l’agriculture.
Attention, seuls les produits comportant la mention « emploi autorisé dans les jardins » peuvent être achetés et utilisés par les particuliers.
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Comme pour tous les produits phytopharmaceutiques à usage professionnel, l’utilisation, la vente et l’achat de produits phytopharmaceutiques de biocontrôle sont soumis à la détention d’un certificat d'aptitude intitulé Certiphyto.
Il existe 3 façons d'obtenir un certificat :
- être détenteur d’un diplôme (obtenu dans les 5 ans précédant la demande) ;
- passer une formation intégrant la vérification des connaissances ;
- réussir un test de connaissances.
Pour plus d’informations sur les démarches à suivre.
Pour les particuliers, la détention du Certiphyto n’est pas obligatoire.
Dans tous les cas, il convient pour utiliser correctement un produit de se référer aux modalités d’utilisation figurant sur l’étiquetage et de respecter les bonnes pratiques d’utilisation.
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Le biocontrôle s’appuie sur les principes généraux de la protection intégrée des cultures (PIC) listés à l’annexe III de la directive européenne n°2009/128/CE. Les méthodes de la PIC doivent être combinées pour obtenir une protection efficace des cultures.
Plus d’information sur le portail EcophytoPIC.
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La formation qui conduit à la délivrance du Certiphyto (voir question 12) comporte un module dédié au biocontrôle.
Les lycées agricoles ont intégré des séquences de la formation initiale des futurs agriculteurs au biocontrôle, comme par exemple en Normandie.
Il en va de même dans l’enseignement supérieur agricole et agronomique, où certaines Ecoles – à l’instar d’AgroParisTech/Université Paris-Saclay, l’Institut Agro Montpellier, l’ISA de Lille ou l'Institut Agro Rennes-Angers – proposent des formations spécifiques sur le biocontrôle depuis le milieu des années 2010.
Pour les particuliers et professionnels, l’ACTA dispense des formations payantes intégrant la thématique du biocontrôle, comme celle prévue en septembre 2023 sur le thème « Utiliser le biocontrôle dans une démarche de protection intégrée ».
Pour favoriser le développement des formations relatives au biocontrôle, IBMA France a fondé en 2013 l’Académie du biocontrôle et de la protection biologique intégrée, association indépendante qui réunit aujourd’hui l’UPJ et plus de vingt experts du biocontrôle, et dont l’une des principales missions actuelles est de proposer à tous un programme de formations clé en main (formations inter-entreprises) ou à la carte (formations intra-entreprises).
Végéphyl, en partenariat avec l’Académie du biocontrôle et de la protection biologique intégrée, a ainsi programmé en 2023 une session de formation sur la mise en place de bonnes pratiques d’utilisation des produits de biocontrôle.
Des Instituts techniques agricoles, des organisations d’agriculteurs, des prescripteurs, des distributeurs, etc. développent également des formations sur le biocontrôle.
Enfin, la plateforme “my green training box” propose des formations digitales en accès libre sur son site, financées par le plan Ecophyto 2.
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Il n’existe pas de définition européenne du biocontrôle. Des discussions sont toutefois en cours à la suite de la publication le 22 juin 2022 d’un projet de règlement du Parlement et du Conseil concernant une utilisation des produits phytopharmaceutiques compatible avec le développement durable, qui introduit et définit la notion de « protection biologique » (biological control).
Voir aussi
Le biocontrôle, des solutions pour réduire l'utilisation des produits phytosanitaires conventionnels
08 novembre 2024Transition agroécologique
Quels sont les produits de biocontrôle ?
08 novembre 2024Transition agroécologique
Qu’est-ce que le biocontrôle ?
08 novembre 2024Transition agroécologique