20 décembre 2019 Publication

Évolution de l’élevage dans le Massif central

  • François Colas
  • Alain Mangeol
  • Christophe Patier
  • Frédéric Poisson

Le CGAAER a été chargé d'étudier les conditions de la pérennité de l’élevage des ruminants à l’herbe dans le Massif central.

Rapport de mission de conseil n°18104

Septembre 2019

Mots-clés : Massif central, élevage, ruminant, bovin allaitant, politique agricole commune, haute valeur environnementale, territoire

Enjeux

Dans le Massif central, la prairie, permanente ou temporaire, les landes et parcours sont autant de surfaces agricoles riches de leur biodiversité, économes en eau, structurantes pour les paysages. Préserver ces surfaces de l’embroussaillement et d’une reforestation incontrôlée en s’assurant du maintien de l’élevage est un enjeu environnemental majeur.

L’élevage extensif, qui entretient ces espaces, fournit des produits agricoles de qualité. Il entretient aussi le tissu économique local par les emplois qui lui sont liés en amont et en aval. Cependant le marché n’est souvent pas en mesure de rémunérer les productions du Massif en dépit de tous les efforts commerciaux et promotionnels à l’œuvre et qui méritent d'être poursuivis.

La pérennité de cet élevage dépend de l’efficacité des aides publiques qu’il reçoit dans le cadre de la PAC. Légitimer les financements et les rendre plus efficients, ainsi que faire connaître les effets bénéfiques de cet élevage auprès du consommateur constituent un fort enjeu.

Méthodologie

La mission a exploité une abondante documentation préexistante, des traitements statistiques réalisés pour l’occasion par la DRAAF Auvergne-Rhône-Alpes et des données fournies par le service « études et références » de Cerfrance.
Elle a également réalisé de nombreux entretiens sur place ou à Paris, avec des éleveurs et avec les représentants ou les personnels des institutions concernées ; État, collectivités territoriales, établissements publics, organisations professionnelles, entreprises.

Résumé

Les systèmes d’élevage du Massif central sont divers, mais dans leur très grande majorité il s’agit d’élevages extensifs de ruminants fondés sur les prairies, les landes et les parcours qui caractérisent l’agriculture du massif.

Les revenus moyens sont modestes. Les études prospectives récentes montrent qu’il est difficile de miser à court terme sur la conquête de marchés rémunérateurs pour encourager l’activité et assurer sa pérennité.

Cependant, les services environnementaux et culturels rendus par ces élevages sont reconnus. Les études et recherches montrent que l’élevage extensif à l’herbe présente des avantages sur le plan de la gestion des eaux, du maintien de la biodiversité, de la maîtrise du risque incendie.

Sur les plans culturel et économique, cet élevage permet de maintenir des paysages ouverts, des productions traditionnelles et des activités dérivées, qui fait l’objet d’une reconnaissance générale, matérialisée, par exemple, dans les chartes de parcs naturels régionaux, les deux « biens » Unesco (Causses et Cévennes, Chaîne des Puys) et tous les programmes de développement financés par l’Union européenne, l’État et les régions.
Il manque cependant une identification de ces services par le consommateur afin de l’engager à choisir ces produits et à les payer plus chers. En regard, le soutien public mobilisé pour cet élevage dans la cadre de la PAC apparaît non pas comme un moyen d’accroître le revenu des éleveurs, mais comme une ressource tout juste suffisante à leur survie.

La mission formule six recommandations relatives :

  • à la reconnaissance de la haute valeur environnementale des élevages à l’herbe de ruminants,
  • au pilotage technico-économique des élevages à l’herbe, à leur caractérisation des services environnementaux et culturels rendus localement,
  • à l’élaboration de projets agricoles de territoires sur la base de systèmes d’élevage faisant consensus du point de vue des services environnementaux,
  • au remplacement des aides actuelles de la PAC par une rémunération globale financée sur le FEADER,
  • et à l’approfondissement par les établissements de recherche et les services techniques compétents d’une méthode de calcul de cette rémunération.

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