25 octobre 2021 Publication

Évolution de la peste porcine africaine (PPA) en Chine et en Asie du Sud-Est et ses conséquences

  • Thierry De Ruyter
  • Olivier Lapôtre
  • Marie-Lise Molinier

Le CGAAER a été chargé d’analyser les répercussions politiques, économiques, commerciales et sociales au niveau mondial de l'épizootie de peste porcine africaine en Chine depuis 2018.

Beandeau de la lettre d'octobre 2021 du CGAAER
sanglier
agriculture.gouv.fr

Rapport de mission de conseil n° 20073

Juillet 2021

Mots-clés : peste porcine africaine (PPA), commerce, international

Enjeux

Aujourd’hui, la peste porcine africaine (PPA) est présente en Europe, en Asie et en Afrique où elle affecte des zones de production et de consommation majeures de viande de porc. Cette ampleur internationale inégalée est d’autant plus marquée que la Chine, 1er producteur, consommateur et importateur mondial de porc, est touchée depuis 2018.

Les restrictions à l’importation se multiplient, même lorsque les seules populations de sangliers sont touchées. Si les filières porcines sont les plus impactées, la PPA affecte également d'autres filières viande notamment, par effet de substitution chez le consommateur. Cela se traduit par des effets déstabilisateurs sur les productions et leurs marchés qui pourraient encore s'accroître dans le temps en fonction de l'évolution de la maladie, en particulier en Europe. Il en résulte une perturbation des marchés internationaux, communautaires et nationaux en volume comme en valeur. Cette situation devrait perdurer quelques années en dépit des initiatives fortes de la Chine pour reconstituer son cheptel et restructurer sa filière.

Dans ce contexte, l’enjeu est d’identifier les conséquences à moyen terme sur les flux commerciaux, les orientations de production, les habitudes alimentaires et le comportement des principaux pays producteurs, afin d’établir, pour la France, la meilleure stratégie à l'horizon des cinq à sept années à venir. Telle est la mission confiée au CGAAER.

Méthodologie

La mission a analysé les informations issues de base de données, d’études sanitaires et économiques, des travaux des organismes internationaux (OIE, FAO). Elle a conduit plus de 40 entretiens (en distanciel) avec les principaux acteurs impliqués : DGPE, DGAL, OIE, FranceAgriMer, interprofessions, syndicats d’opérateurs, entreprises, organismes internationaux, professionnels de la santé animale, ainsi que les conseillers spécialisés des ambassades de France dans les pays concernés.

Résumé

Endémique en Afrique, la PPA a touché la Géorgie en 2007. De là, elle s’est progressivement étendue en Eurasie. Des cas (faune sauvage et élevage) ont ensuite été recensés dans l’Union européenne dès 2014 (Pays Baltes et Pologne). Elle a atteint la Belgique en 2018 puis l’Allemagne en 2020. Depuis la Russie européenne, la PPA s’est propagée vers l’est pour atteindre en août 2018 le nord-est de la Chine. La PPA s’est répandue en Chine et vers d’autres pays d’Asie en 2019 et 2020. Aujourd'hui, plus de 30 pays sont atteints dont certains sont des producteurs ou des consommateurs majeurs de viandes de porc.

La maladie, inoffensive pour l’homme mais mortelle chez les suidés, frappe les porcs domestiques comme les sangliers et autres suidés sauvages. L’absence actuelle de vaccin implique une lutte uniquement sanitaire (biosécurité), ce qui explique les difficultés à enrayer sa progression. La PPA se répand par les mouvements d’animaux vivants mais aussi par les denrées et le matériel contaminés, le virus étant très résistant dans le milieu extérieur.

La Chine est le premier producteur et le premier consommateur de viande de porc. On estime que la PPA a réduit de 40 % son cheptel porcin. Premier importateur mondial, le pays a réagi en augmentant fortement ses importations pour satisfaire la demande intérieure de cette viande très prisée par sa population. Les restrictions à l’exportation qui affectent d'importants pays producteurs (Allemagne, Pologne) et la forte demande chinoise ont bouleversé les circuits commerciaux, ouvrant pour les pays indemnes de PPA de nouvelles perspectives et générant pour d’autres des difficultés d’approvisionnement et/ou de coûts.

Sur la base de l’analyse de la situation sanitaire et des flux commerciaux, de l’étude des stratégies déployées par les grands pays concernés, et à l’aide de trois scénarios, la mission a élaboré une stratégie d’adaptation de la filière porcine française. Cette stratégie s'appuie sur cinq recommandations impliquant plusieurs thématiques :

  • la biosécurité et la stratégie vaccinale dans la perspective d’une mise sur le marché d’un vaccin efficace,
  • les systèmes de veille et d’information, ainsi qu’un plan prévisionnel de communication,
  • la définition d’une stratégie d’exportation,
  • l’intérêt de conforter et de compléter le plan filière pour améliorer la compétitivité coût et hors coût,
  • l’importance d’améliorer la gouvernance de la filière en sécurisant le financement de l’interprofession et en créant les conditions d’émergence de consensus.

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