Étude d’évaluation de la contribution du dispositif MCAE-GIEE à la transition agroécologique, financée par les fonds CASDAR
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La Loi d’Avenir pour l’Agriculture, l’Alimentation et la Forêt de 2014 avait pour ambition d’engager l’agriculture française sur la voie de la transition agroécologique, pour atteindre l’objectif de triple performance, économique, environnementale et sociale des exploitations agricoles et de la Ferme France. Le dispositif des Groupements d’Intérêt Économique et Environnemental (GIEE) constituait un pilier majeur au service de ce projet. La labellisation de groupes d’agriculteurs volontaires, conduisant leur projet propre inscrit dans cette transition, visait deux objectifs complémentaires : provoquer un renouveau de l’agriculture de groupe et d’un développement « par la base » inscrit dans un schéma d’éducation populaire ; s’appuyer sur les résultats de ces groupes pionniers pour produire les références nécessaires à la généralisation de leurs expériences. Ce document rend compte d’une évaluation qualitative de ce dispositif, conduite sur un échantillon exploratoire de 20 groupes « exemplaires et expérimentés », dans différents types de production et différentes régions. Son but était de comprendre les mécanismes qui permettent à ces groupes de répondre effectivement aux objectifs fixés par cette politique publique.
Concernant le premier de ces objectifs, le déploiement de groupes de développement effectivement engagés dans la transition agroécologique et capables de produire des résultats chez leurs participants leur permettant d’accéder à la triple performance, l’étude montre qu’il est en effet atteignable, sous certaines conditions. La plus essentielle tient à la dynamique du groupe et à sa cohésion. Celle-ci dépend fortement du processus d’appropriation du projet commun par les participants, dont on a pu voir qu’il était étroitement contingent de son histoire collective préalable. La mise en place du « GIEE en émergence », phase courte pendant laquelle un collectif se construit autour de la rédaction d’un projet, peut éviter que le GIEE ne soit efficace que quand il concerne des agriculteurs inscrits dans une histoire commune longue. La labellisation, par la légitimité qu’elle procure aux groupes auprès de leurs pairs et des institutions qui les entourent, a un effet cohésif très favorable, pour peu que ces groupes soient en effet déjà soudés autour d’une problématique (généralement d’ordre technique mais pouvant être plus large) et de valeurs communes, structurant une vision partagée de l’avenir auquel ils aspirent. Les crédits d’animation et le fléchage de certaines aides sur ces GIEE, sont apparus indispensables pour assurer la dynamique du groupe et garantir qu’il produise les résultats attendus. Ceci invite à ce que les deux procédures, labellisation et financement, soient confondues.
Concernant le second objectif, produire des références pour les autres praticiens à partir de l’expérience de ces groupes, le succès du dispositif GIEE est plus contestable. La transition agroécologique implique une remise en cause et un changement en profondeur des logiques de production actuelles qui n’est accessible qu’à travers une approche systémique, ce dont les agriculteurs des GIEE ont parfaitement conscience. Le passage d’une expérience systémique produisant des savoirs et des résultats dépendants des situations où ils ont été obtenus à des connaissances génériques exige une capacité réflexive et des compétences méthodologiques inaccessibles pour les groupes, qui ne peuvent produire au mieux que des récits circonstanciés de leur expérience. Passer de ceux-ci à des ensembles de connaissances génériques ne peut être le fait que de professionnels aguerris dédiés à cette tâche, réunis dans un dispositif qui, pour le moment, n’existe pas. Pour que le GIEE devienne producteur de références, il faut soit construire un tel dispositif de production de préconisations génériques mobilisables dans les systèmes actuels de conseil agricole, soit reconsidérer cette question de la généricité et admettre que les récits produits par le GIEE soient directement mobilisés comme des sources d’inspiration dans des processus plus dialogiques d’accompagnement, où agriculteurs et techniciens animateurs produiraient leurs propres objectifs et leurs propres règles de décisions. Une seconde option qui imposerait de reconsidérer l’organisation actuelle et les buts des systèmes de conseil.
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