En Vendée, la méthanisation, source d'énergie durable : le pari de Denis Brosset
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En Vendée, Denis Brosset et son associé Jean-Louis Vrignaud, au GAEC du Bois Joly, se sont lancés dans la méthanisation par voie sèche. Un grand projet qui aboutit aujourd’hui à une source renouvelable d’énergie et à un système pionnier.
Dans la méthanisation, tout est bon !
Sourire aux lèvres, Denis Brosset est toujours disponible pour raconter la “success story” de son exploitation, le GAEC du Bois Joly. Il s’est lancé dans la méthanisation par voie sèche en 2006. Une décision prise pour mieux renoncer à la mise aux normes « qui demandait un trop lourd investissement. Et puis je trouvais ça aberrant de dépolluer les eaux tout en polluant l’air », commente l’agriculteur vendéen de 46 ans. Avec son associé Jean-Louis Vrignaud, il préfère réfléchir à une solution. Mais laquelle ? « J’avais entendu parler de méthanisation à la radio en 1999 », se rappelle-t-il.
Il adhère alors au groupe de recherche pour une agriculture durable et autonome de Vendée (Grapea), contacte l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et ne cesse de discuter de son projet. On lui parle des procédés en Allemagne où la méthanisation se fait par voie liquide avec du lisier. « C’était encore trop cher de faire une fosse à lisier et je voulais laisser mes animaux sur la paille », argumente Denis. Soucieux de préserver l’environnement, l’agriculteur passe en système herbager en 2001 et trouve enfin une solution en 2006, avec le bureau d’études Aria. C’est décidé, une unité de méthanisation par voie sèche sera installée au Bois Joly. Une première en France pour un projet de cette envergure. Coût de l’équipement : 316 000 euros. Quatre digesteurs, un récupérateur de jus et une cogénératrice sont implantés sur l’exploitation. Un vocabulaire très technique qui aurait pu faire peur à l’agriculteur. « Je n’ai qu’un BEP agricole mais je travaille beaucoup avec des ingénieurs et des techniciens. Et puis, ma seule motivation c’est mes enfants. Je ne veux pas que les générations futures payent nos dégâts. »
1 300 tonnes de matières composées
Aujourd’hui, Jean-Louis Vrignaud, l’associé, s’occupe des 50 vaches, taurillons et génisses, pendant que Denis assure le “côté méthanisation” de la ferme et l’élevage de lapins. Pour remplir ses silos, Denis fait son mélange. Il introduit dans les digesteurs 1 300 tonnes de matières composées de son fumier, celui de deux voisins, des déchets (fruits, légumes…) d’une plate-forme de supermarché et des tontes de la pelouse. Cette “préparation” mijote pendant trois mois dans les digesteurs et produit du biogaz. Celui-ci est exploité par un moteur de 30 kW qui le transforme en électricité. Le processus ne lui demande qu’une journée de travail toutes les trois semaines. Le temps de charger la matière (nommée aussi substrat) et décharger le digestat, sorte de fumier noir compressé sans odeurs, sans mauvaises graines ni agents pathogènes, prêt à être épandu.
Fier d’être agriculteur
Grâce à la méthanisation, Denis fait des économies. Les charges liées à la structure (maintenance, main d’œuvre…) représentent 26 000 euros par an, mais la chaleur produite par la cogénération (système qui transforme le biogaz en énergie thermique et électrique) permet de chauffer son habitation, celle de son collègue et les bâtiments d’élevage. Il revend son électricité à EDF, ce qui lui rapporte 28 000 euros par an. Un échange de paille contre du digestat lui permet de réduire sa facture de 6 000 euros par an.
Aujourd’hui, Denis est comblé : « je suis beaucoup plus fier d’être un agriculteur en 2011 qu’il y a dix ans car j’ai pu conserver mon activité tout en prenant soin de la planète qui nous nourrit. » Peu avare de son temps, l’exploitant fait visiter son installation toutes les semaines à des élus, des agriculteurs, des écoles… Un projet mené avec la société Biocité, qui propose aux agriculteurs des solutions pour faire de la méthanisation par voie sèche. A travers cette technique, Denis souhaite promouvoir la méthanisation “à la française”.