#EGalim: Discours de lancement des États généraux de l’alimentation
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"Nous sommes réunis aujourd’hui, sous l’autorité du Premier ministre, pour honorer un des grands engagements du Président de la République : organiser dès cet été 2017 le lancement des Etats Généraux de l’Alimentation.
Je vous remercie, Monsieur le Premier ministre, d’avoir accepté d’ouvrir ces Etats Généraux, de votre implication et de celle de l’ensemble des membres du gouvernement. Car ces Etats Généraux sont un moment majeur, le symbole de notre engagement collectif à nous unir pour trouver les voies d’avenir de l’agriculture française, de son secteur agroalimentaire, de celui de la pêche. Il s’agit d’un chantier clef pour le dynamisme de l’agriculture, de la pêche et de l’agroalimentaire français.
Ensemble, nous devrons trouver les compromis nécessaires pour faire vivre nos modèles agricoles, tous nos modèles agricoles.
Car ces modèles agricoles sont divers et complémentaires.
Ces modèles agricoles sont à l’image de nos territoires, et, ensemble, ils constituent une mosaïque de paysages, une mosaïque de productions.
Ces modèles agricoles sont aussi et surtout une mosaïque d’opportunités.
Je ne sais pas si un pays qui compte plus de fromages que de jours dans l’année est ingouvernable ? (Peut-être que le Premier Ministre voudra bien répondre – ou pas – à cette question ?).
Ce que je sais c’est que cette diversité qui va des grandes exploitations céréalières de plaine aux petites exploitations de montagne.
Cette diversité qui fait cohabiter les plus grandes industries de transformation laitière du monde avec les petites coopératives fruitières de vente directe.
Cette diversité qui dote notre pays d’un réseau de distributeurs, de l’épicerie solidaire de quartier aux très grandes surfaces commerciales.
Cette diversité qui nous place à la pointe de la recherche et de l’enseignement constitue autant d’atouts exceptionnels pour relever les défis de l’alimentation de demain.
Si ces atouts sont incontestables, je sais, nous savons tous que des difficultés existent et perdurent. Si je devais ne retenir qu’un chiffre, ce serait celui du résultat net par actif qui a baissé de 21,9 % par rapport à 2015. La « valeur ajoutée brute de la branche agricole » a baissé de 8,4 % en 2016 par rapport à 2015. Un recul très marqué, alors que ce taux était positif sur les deux dernières années
La succession des crises, parfois conjoncturelles, souvent structurelles, fragilise de nombreux acteurs dans les filières et cela altère l’attractivité des métiers. Ces crises et les conséquences économiques, environnementales et sociales qui en résultent hypothèquent aussi gravement notre capacité à relever le défi du renouvellement des générations.
S’il n’y a pas de partage de la prospérité, il ne peut y avoir d’attractivité. L’enjeu social doit donc aussi être au cœur de nos préoccupations pour chacun des maillons des filières.
C’est dans ce contexte que nous lançons ces états généraux. C’est aussi dans ce contexte que je souhaite affirmer une conviction forte.
- Sans production il n’y a pas de mise en marché,
- Sans marchés il n’y a pas de création d’emplois ni répartition de richesse,
- Sans qualité des produits il n’y a pas de fidélisation des consommateurs et des clients
Enfin, sans agriculteurs …il n’y a pas de vitalité dans les territoires ruraux.
C’est fort de cette conviction qui doit être partagée par tous ici que nous devrons travailler pour construire des compromis solides et acceptés.
Le compromis, c’est une démarche et c’est l’idée – juste - que dans tout accord il ne doit y avoir que des gagnants. Ces Etats Généraux, nous les voulons gagnants pour les territoires, pour les hommes et les femmes qui vivent de ces métiers, pour les jeunes qui en rêvent, pour notre industrie et ses exportations, pour l’image de la France à l’international et aussi tout simplement pour les consommateurs que nous sommes chaque jour.
Si nous sommes réunis aujourd’hui, et vous représentez dans cette salle l’ensemble des maillons de la chaîne – pas seulement alimentaire- mais aussi solidaire, c’est que la situation nous oblige et que les défis à relever sont grands. Il nous faut donc partager les diagnostics, échanger, confronter nos points de vue pour parvenir à construire ensemble les solutions qui garantiront sa place à l’agriculture française, à l’agroalimentaire et à la pêche française au cœur d’une mutation majeure, celle de la transition écologique et durable de nos modèles, de tous nos modèles.
Alors pour concrétiser cette démarche, je vous dirai que ces Etats généraux se dérouleront sur près de cinq mois, avec quatre objectifs principaux :
- relancer la création de valeur et en assurer l’équitable répartition ;
- permettre aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail par le paiement de prix justes ;
- accompagner la transformation des modèles de production afin de répondre davantage aux attentes et aux besoins des consommateurs ;
- promouvoir les choix de consommation privilégiant une alimentation saine, sûre et durable.
Producteurs, industriels du secteur agroalimentaire, distributeurs, consommateurs, professionnels de la restauration collective, élus, partenaires sociaux, acteurs de l'économie sociale et solidaire et de la santé, organisations non gouvernementales, associations caritatives et d'aide alimentaire à l'international, banques et assurances, services de l’Etat et de ses opérateurs, experts : au fil de cette journée de lancement, nous allons échanger sur quatre grands thèmes permettant une mise en perspective commune des enjeux :
- les habitudes de consommation alimentaire ;
- la santé économique des principales filières ;
- les évolutions dans la distribution ;
- la promotion d’une agriculture durable facilitant la transition écologique.
Le but est d’impulser une dynamique commune nous permettant d’entrer ensemble dans deux grands chantiers, structurés au niveau national en quatorze ateliers.
Les ateliers du premier chantier, sur la création et la répartition de la valeur, se mettront en place fin août. Il s’agira de redonner de la force au triptyque distributeurs / transformateurs / producteurs.
Un point de rendez-vous important se situera à la fin du mois de septembre pour de premières préconisations avant le début des traditionnelles négociations commerciales. De quoi espérer déjà des avancées gagnants-gagnants.
Le second chantier, qui débutera début octobre nous conduira fin novembre et sera consacré à une alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous.
Les ateliers travailleront sur les problématiques liées à l’ensemble des enjeux, qu’il s’agisse par exemple :
- de rendre les prix d’achat des produits agricoles plus rémunérateurs pour les agriculteurs ;
- d’adapter la production agricole aux besoins des différents marchés et des transformateurs ;
- de conquérir de nouvelles parts de marché en Europe et à l’international pour faire rayonner l'excellence du modèle alimentaire français ;
- d’améliorer les relations commerciales et contractuelles entre producteurs, transformateurs et distributeurs ;
- de mieux répondre aux attentes des consommateurs en termes de qualités nutritionnelles et environnementales, d'ancrage territorial, de bien-être animal et d'innovations ;
- ou d’assurer la sécurité sanitaire de l’alimentation française dans une économie agro-alimentaire mondialisée, dans un contexte de changement climatique tout en prévenant notamment les contaminations chimiques et en renforçant le lien santé-environnement.
Un dernier atelier, transversal, collationnera les pistes d’avenir identifiées dans les autres ateliers et sera chargé d’en proposer d’autres : quels investissements ? Quel accompagnement technique ? Quelle recherche pour une plus grande performance économique, sociale, environnementale, sanitaire ?
Que devons-nous attendre de ces ateliers ? Des propositions concrètes et pédagogiques visant par exemple à faciliter l'adoption par tous d'une alimentation favorable à la santé et respectueuse de l’environnement, à lutter contre le gaspillage, mais aussi contre l'insécurité alimentaires.
De quoi renforcer l’attractivité des métiers de l’agriculture et des filières alimentaires et inciter à développer la formation des jeunes.
Au-delà du diagnostic et de la compréhension des enjeux, les membres des ateliers seront appelés à trouver des voies de progrès acceptables par tous. Le président de chacun des ateliers aura pour mission de fédérer les participants autour de cet objectif commun. Chaque atelier remettra un rapport récapitulant ses éléments de constat et des propositions d'actions à court, moyen et long terme impliquant les différentes parties prenantes.
Dès aujourd‘hui, en amont donc de la mise en place des ateliers, nous lançons aussi une consultation publique via une plateforme internet afin de permettre au plus grand nombre de contribuer au débat et de proposer des pistes d’action, en interaction avec les travaux des ateliers.
C’est une grande première dans nos secteurs, que je tiens à saluer. Il s’agit d’un exercice de démocratie participative inédit au service d’un projet collectif autour de l’alimentation.
Enfin, parallèlement aux travaux des ateliers, des débats pourront également être organisés à l’échelle régionale, soit sur l’une des thématiques des ateliers, soit sur le questionnement proposé par la consultation publique.
Une restitution globale de l’ensemble des travaux et des contributions sera organisée avant la fin de l’année. L’ensemble des parties prenantes sera alors invitée à s’engager dans la mise en œuvre de l’agenda des solutions qui s’en dégagera.
Le Gouvernement, vos propos en attestent, Monsieur le Premier ministre, croit en une ambition renouvelée pour l’alimentation en France, à l’excellence de ses filières et à la richesse de ses modèles agricoles, à sa capacité à investir et à innover pour construire son avenir. Cet avenir, nous le voulons, nous l’espérons sous le sceau de la quadruple performance économique, sociale, environnementale et sanitaire, au service d’un projet de société plus juste et plus prospère.
Nous avons l’agriculture la plus belle et plus performante du monde. Nous croyons dans les hommes et les femmes qui chaque jour donnent de leur vie pour produire, distribuer, nourrir. Nous croyons en tous les modèles agricoles qui grandissent dans nos territoires.
Nous ne les opposons pas les uns aux autres. Nous voulons les aider à s’épanouir, dans la préservation de notre environnement, dans les meilleures conditions de respect de notre santé. Cet avenir nécessite une compétitivité retrouvée, une montée en puissance de l’innovation et de l’investissement.
Ces états généraux doivent nous donner demain la fierté retrouvée de nos filières, en garantissant le revenu de nos producteurs et en offrant la plus belle et la plus vraie des images de la « Ferme France ».
Faisons ensemble le pari de l’audace et portons l’optimisme de la volonté."
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