Développer un pôle agricole au cœur de l'Amazonie
Partager la page
A la frontière du Suriname et du Brésil, Maripa-Soula est la plus vaste commune de France mais aussi une des plus enclavées. Du fait de l'urbanisation, l'agriculture vivrière ne suffit plus aux besoins de la population. Aussi, la ville, avec de nombreux partenaires, notamment le Parc amazonien de Guyane, met en place un pôle agricole pour 2020.
A Maripa-Soula, à deux jours de « pirogue » de Cayenne, l'agriculture sur brûlis est traditionnellement pratiquée. Cette technique, qui permet d'enrichir les sols grâce à la cendre, n'est plus adaptée au contexte actuel. « Les terres brulées sont cultivées sur une courte durée et ensuite laissées au repos une quinzaine d'années afin qu'elles retrouvent leur fertilité », explique Lucie Berthet, coordinatrice du projet de pôle agricole. Ce système de rotation longue est adapté à l'environnement lorsque la population ne dépasse pas un certain seuil. Mais lorsqu'elle augmente, elle contraint les agriculteurs à exploiter le même champ sans lui laisser le temps de se régénérer.
Du brûlis à l'agroécologie
Pour subvenir aux besoins alimentaires des habitants, toujours plus nombreux, tout en préservant la forêt, de nouvelles pratiques agricoles sont nécessaires, par exemple l'agroécologie. « De nombreuses techniques sont envisagées, comme le paillage : la décomposition des résidus végétaux disposés autour des plantations permet d'apporter de la matière organique, d'étouffer les herbes nuisibles et de maintenir l'humidité nécessaire à l'activité biologique de la terre », détaille Lucie Berthet. La richesse des sols est en effet primordiale pour assurer l'autonomie alimentaire de Maripa-Soula, et limiter autant que possible les importations d'aliments transformés et onéreux.
Favoriser l'installation d'une nouvelle génération d'agriculteurs
Pour développer une filière agricole locale, le pôle agricole de 33 hectares a pour objectif de favoriser l’installation agricole. « Du foncier sera mis à disposition de porteurs de projets, sur le modèle d'un espace-test agricole, afin qu’ils puissent tester la rentabilité de leurs projets sans engager beaucoup d’investissements », indique Lucie Berthet. Une coopérative d'activité et d'emploi, favorisera l’installation administrative des futurs agriculteurs (n° SIRET, Mutuelle sociale agricole). D’autres dispositifs d'accompagnement sont prévus, comme un terrain dédié à la recherche agronomique, ou une pépinière composée d’espèces locales prêtes à être cultivées (légumineuses, arbres fruitiers).
Faciliter la logistique pour les agriculteurs
Le pôle agricole permettra de structurer une offre alimentaire adaptée au contexte guyanais. En effet, deux autres projets sont en cours sur la commune : un atelier d’agro-transformation, ainsi qu’un marché couvert, permettant de faciliter l’écoulement des produits.
Maripa-Soula manquait jusqu'à aujourd'hui de moyens logistiques pour permettre aux récoltes d'être amenées jusqu'au bourg et aux agriculteurs d'accéder à leurs parcelles. « Les véhicules de transport sont rares car ils arrivent par pirogues », indique Lucie Berthet. Aussi, ce type de matériel a été récemment commandé afin de développer un système de transport local.
Galerie d'images
Voir aussi
Les départements d'Outre-mer, une agriculture riche et variée
27 février 2020Production & filières
Le wassaï, la petite baie qui monte !
27 juin 2018Consommer frais et local
La Guyane, une région agricole tropicale et florissante
15 juin 2018Ministère