
Amélie Azam : « J’ai l’impression d’être dans le vrai, dans le juste »
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Éleveuse de veaux sous la mère dans la Creuse, Amélie Azam est une authentique passionnée qui mène deux vies de front : celle d’exploitante agricole et celle de mère de famille. Avec, en permanence, l’obligation de faire des choix.
« Pour tout femme cheffe d’entreprise, la gestion entre la vie professionnelle et la vie personnelle est très difficile. Et c’est encore plus vrai dans l’élevage. » Éleveuse de bovins et maman de trois enfants de seize, dix et quatre ans, Amélie Azam n’y va pas par quatre chemins lorsqu’elle évoque son organisation au quotidien. Elle raconte sans tabou la difficulté qu’elle éprouve à tout concilier, sans rien négliger.
Tout d’abord, un petit retour en arrière : originaires du Midi toulousain, Amélie Azam et son mari, Pierre-Alexandre Bec, se sont installés dans la Creuse en 2011 et produisent des veaux « élevés sous la mère », un mode d’élevage traditionnel sous Label rouge.

« On est polyvalents »
Associés à parts égales dans l’entreprise, Amélie et Pierre-Alexandre se partagent les tâches : à elle le soin des animaux, la production animale, à lui la partie foncière et les cultures. « Mais on reste polyvalents », précise-t-elle, « on doit pouvoir se remplacer si besoin. »
Les journées sont intenses pour le couple. Dès 6h du matin, tout est mené tambour battant : tétée des veaux jusqu’à 8h, trajets à l’école avec les enfants, tâches administratives en rentrant, entretien des parcelles… « J’essaie d’anticiper les repas », raconte-t-elle. « Je fais des viandes mijotées à l’avance pour qu’on puisse mettre les pieds sous la table ! »

Au sujet de la vie familiale, Amélie admet que la maternité l’a « obligée à être plus inventive, plus efficace au travail ». Sa fille Alice, diagnostiquée malentendante, a besoin d’une adaptation scolaire quotidienne et doit être conduite à des rendez-vous médicaux à plus d’une heure de route. « Il faut faire des choix, on ne peut pas réussir partout », reconnaît Amélie. « Parfois j’ai le sentiment de me louper, mais les enfants ne me reprochent rien, je les trouve heureux et équilibrés. »
Ces difficultés sont d’ailleurs compensées par la joie d’exercer ce métier d’éleveuse, d’avoir cette « relation totalement privilégiée avec les animaux, d’être à leur contact, de les toucher, d’en prendre soin… J’ai l’impression d’être dans le vrai, dans le juste. »
"Dans le cadre professionnel, seules les compétences comptent"
En tant que femme entrepreneuse, la philosophie d’Amélie Azam est assez simple : « Dans le cadre professionnel, il n’y a pas d’hommes ou de femmes, seules les compétences comptent. Je combats les clichés, et je m’efforce aussi de garder les questions de féminité dans le cadre privé. »
Et si elle reconnaît que l’agriculture fait de plus en plus de place aux femmes, elle constate que certains blocages persistent : « Quand on est mère d’enfants, surtout les premières années, on est découragée de prendre des postes à responsabilité, d’exister dans le monde agricole. Ça doit encore évoluer. »
L'exploitation d'Amélie Azam en chiffres :
- Installation hors-cadre familial dans la Creuse en 2011
- 120 mères de race limousine
- 270 hectares de prairies permanentes ou temporaires, mais aussi de maïs ensilage et lupin
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