Viande bovine : stop à la baisse injustifiée de la rémunération de la production, la filière doit réagir et répondre à la détresse des éleveurs
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Au moment où plus de 20 millions de repas quotidiens, qui étaient habituellement pris dans la restauration collective, le sont à domicile, du fait du confinement des Français, je suis alerté par la situation dramatique des éleveurs bovins allaitants.
L’évolution de la consommation, déjà à l’œuvre avant la crise liée au Covid, le montre : la part du steak haché dans la valorisation d’une carcasse s’accélère, pour se monter aujourd’hui à 70%.
Mieux évaluer la part du prix payé par le consommateur sur le steak haché qui revient à l’éleveur devient donc un enjeu majeur.
Cette évolution nous impose de nous questionner sur la construction de ce prix, qui doit impérativement parvenir à couvrir le coût de production de l’éleveur. A défaut, nous endosserons tous la responsabilité de la disparition de notre élevage allaitant de qualité. Personne ne peut durablement poursuivre une production qui, à chaque kilo produit, lui coûte de l’argent au lieu de lui permettre de vivre décemment.
Cette situation inadmissible n’est hélas pas nouvelle, dans la filière bovine. Mais la rémunération s’est encore dégradée lors de ces deux derniers mois. Pire, dans le contexte actuel de crise, alors que les achats des ménages augmentent et se portent davantage sur la viande hachée fraiche (+ 35%) ou surgelée (+ 55%), les cotations entrées abattoirs proposées aux éleveurs baissent encore, avec des intensités différentes qu’il s’agisse de races à viande ou de vaches laitières réformées.
Cette mécanique perdante n’est ni admissible, ni soutenable pour les éleveurs, comme pour toute la filière viande française à très court terme.
Depuis le début de la crise sanitaire, l’agriculture française, les entreprises agro-alimentaires, comme celles de la grande distribution, avec les différents ministères concernés, réussissent l’exploit de maintenir l’approvisionnement de la chaîne alimentaire, en partageant les difficultés, en trouvant des solutions opérationnelles au fur et à mesure, en faisant vivre concrètement des Etats Généraux de l’Alimentation permanents et pratiques. Je les en remercie.
Je veux donc croire qu’ils pourront trouver une solution pour répondre à la détresse des éleveurs.
J’ai demandé aux responsables d’Interbev Bovin, de réunir des données pour pouvoir objectiver la situation :
- sur la réalité de la consommation, semaine après semaine, et les à-coups des achats de nos concitoyens ;
- sur les chiffres des abattages et des exports ;
- sur le nombre d’animaux stockés en ferme.
Ces données, officielles, permettent de partager les informations avérées, et d’éviter la diffusion de fausses informations qui biaisent la perception, et influent sur les décisions économiques et les cours.
Je réunirai dans les jours qui viennent l’ensemble des acteurs de la filière pour partager ces données, et voir comment, la transparence, et les efforts faits par chacun des maillons de la chaîne auront comme conséquence une meilleure répartition de la valeur, en permettant aux éleveurs de vivre décemment de leur travail.
Cette crise, plus violente qu’à l’accoutumée, doit également servir de prise de conscience collective. La filière bovine française joue son avenir.
Elle doit impérativement faire évoluer son modèle. Il est faux de laisser croire que l’intervention publique, quelle que soit sa forme, puisse pallier à une organisation économique structurellement déséquilibrée. Mais les pouvoirs publics ont leur mot à dire, et je vais le dire avec force à l’ensemble des acteurs, sur l’organisation d’une filière aussi stratégique pour l’alimentation de nos concitoyens.
La chaîne alimentaire a montré depuis 2 mois qu’elle sait jouer collectif pour nourrir les Français. Je veux croire à la résilience de notre filière viande, qui sait mettre des produits de grande qualité dans nos assiettes.
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