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Cheick Saidou / agriculture.gouv.fr

26 janvier 2017 Actualité

Un peu d'histoire : surveillance sanitaire en forêt et naissance du réseau des correspondants observateurs

La bonne santé des forêts est implicitement liée à toute idée de production forestière sur un site. Mais les épidémies d'insectes ravageurs, les maladies dues à des champignons, les aléas climatiques ont existé de tous temps. Retour sur l'histoire du DSF et la naissance du réseau des observateurs.Retour sur l'histoire du DSF et le réseau des correspondants observateurs.

Des temps anciens à la deuxième moitié du 20e siècle

Les épidémies d'insectes ravageurs, les maladies dues à des champignons, les aléas climatiques comme les sécheresses, les tempêtes... ont existé de tous temps. Confrontés aux épidémies d'insectes, l'homme était autrefois relativement démuni... ce sont les petites mains des enfants qui étaient mises à contribution par exemple pour la récolte des vers blancs. Au cours du 19ème siècle la pathologie et l'entomologie forestière gagnent leurs lettres de noblesse en tant que disciplines scientifiques à part entière, enseignées dans les écoles forestières. Dans la première moitié du 20ème siècle, les premiers envahisseurs exotiques apparaissent : dendroctone de l'épicéa, encre du châtaignier, oïdium du chêne... Des grande crises se succèdent: une tempête très violente qui touche l'est de la France en 1902, des scolytes pullulent dans les pessières et sapinières des montagnes de l'Est. En 1921, une grande sécheresse s'abat sur la France, peu de temps après, des pullulations de chenilles (bombyx disparate, processionnaire du chêne...) ravagent les chênaies qui dépérissent. Au début des années 1950, à la suite d'une nouvelle sécheresse qui dure plusieurs années (1947-49), les scolytes déciment à nouveau les pessières et sapinières du Jura et des Vosges. En 1956, le grand gel de février entraîne des mortalités très importantes. Peu après, le premier réseau d'observation national d'un insecte ravageur forestier, la processionnaire du pin, voit le jour
Pour alléger les chercheurs impliqués dans des programmes de recherche au long cours, qui ne peuvent répondre aux questionnements immédiats des forestiers à la suite d'aléas, un nouveau dispositif (de 3 personnes) phytosanitaire forestier est mis en place au début des années 1970 au sein du Cemagref. C'est à cette époque que la graphiose est introduite en Europe: en une dizaine d'années, elle élimine la presque totalité des ormes sur le territoire.

Les années troublées précédant la création du DSF

Au début des années 1980, les chênaies dépérissent un peu partout en France, en particulier la prestigieuse forêt de Tronçais. A la fin des années 1970, la rumeur alarmiste d'un dépérissement nouveau atteignant les forêts de l'Europe de l'Est se propage. En cause: les pluies acides. Se met alors en place dès 1983 le premier réseau de placettes d'observation de la santé des forêts appelé "réseau bleu" et un vaste programme pluridisciplinaire sur les dépérissements qui conclut qu'il n'y a pas un dépérissement généralisé des forêts mais de multiples situations aux facteurs causaux variés. C'est dans ce contexte de questionnements sur la santé des forêts que la décision est prise en 1986 d'étoffer le dispositif de surveillance de la santé des forêts existant. Le DSF est créé en 1989.

1989-1999, Une première décennie d'état des lieux et de mise au point méthodologique

Le principe de fonctionnement du dispositif est basé sur trois niveaux. Au premier niveau l'observation d'un dommage réalisée par des forestiers de terrain: les correspondants-observateurs. Les permanents du DSF assurent un deuxième niveau pour le diagnostic, le conseil, l'enregistrement des données et l'animation du réseau. Enfin à un troisième niveau la recherche (Cemagref ou Inra) intervient en appui pour les cas complexes. Les 200 CO sont recrutés au sein de l'administration (Serfob, DDAF) ou des établissements publics forestiers (ONF, CRPF) . Au cours de cette décennie, plusieurs événements majeurs ont marqué les forêts françaises: une sécheresse intense et surtout durable de l'automne 1988 à l'automne 1991, deux tempêtes (Vivian et Wiebcke), des pullulations d'insectes se sont développés (scolytes, chenilles défoliatrices du chêne...) et de nombreux cas de dépérissements sont apparus sur de très nombreuses essences. Au cours de ces 10 premières années d'existence, le DSF a réalisé un état des lieux complet et détaillée du paysage sylvosanitaire transcrit dans des bilans annuels régionaux et nationaux (Cahiers du DSF).

Depuis 2000, émergence de nouvelles questions

Les aléas de ce début de siècle causent des dommages très importants dans toutes les forêts. Ils sont de taille: décembre 1999, deux tempêtes Lothar et Martin; 2003, une sécheresse-canicule de 2003, 2009, une nouvelle tempête (Klaus)... Ces évenements mettent en exergue le rôle primordial de l'aléa sécheresse dans le déclenchement des dépérissements. Il souligne le rôle fondamental de la gestion dont les choix au cours de la vie du peuplement se répercutent sur la vulnérabilité des essences aux aléas. En parallèle des changements climatiques, d'autres changements dans l'écosystème forestier sont mis en évidence avec l'émergence de nouveaux parasites dont certains sont déjà présents depuis plusieurs décennies (puceron lanigère du peuplier, maladie des bandes rouges des pins...) alors que d'autres sont totalement nouveaux et font suite à une introduction à partir de l'étranger (cynips du châtaignier, chalarose du frêne...).

Depuis 2005, un dispositif de suivi de la santé des forêts en évolution

Après 15 ans de recueil standardisé de l'information sylvosanitaire, il est apparu que plus de 900 causes de dommages avaient été mises en évidence. Cependant sur ces 900 causes, 40 d'entre elles représentent 70% des signalements et probablement plus de 90% des dommages . La stratégie actuelle se décline en 3 axes: suivre spécifiquement les problèmes principaux, faire une veille sylvosanitaire des forêts et suivre les organismes réglementés et envahissants. Aujourd'hui, le DSF réalise plus de 10 000 observations par an.

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