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Pascal Xicluna / agriculture.gouv.fr

24 mars 2016 FAQ

Questions - Réponses sur l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB)

  • L’ESB est une maladie animale qui touche les bovins (elle appartient au groupe des encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles (ESST). Il s’agit de maladies dégénératives du système nerveux central qui sont dues à des agents appelés "prions pathogènes". L’ESB se caractérise par l’apparition de symptômes nerveux sur des animaux adultes.

  • Cela signifie que le statut de la France, au regard de cette maladie auprès de l'OIE (Organisation mondiale de la santé animale), sera modifié. L'ESB fait partie des maladies dites à « déclaration obligatoire » devant être notifiées au niveau international. Selon les pays, les conditions d'exportation des bovins français peuvent être modifiées.

    Cela signifie que dans les parties d'animaux écartées de la consommation humaine, la liste de ces parties qui devront aller directement à l'incinération va être étendue. La liste de ces produits s'appelle techniquement MRS (Matériel à risque spécifié).
    Vont aujourd'hui systématiquement à l'incinération, quelle que soit l'origine des bovins, les MRS suivant : cervelle, moelle épinière, yeux et amygdales des bovins de plus de douze mois.

    La confirmation de ce cas d’ESB entraînera, en plus :

    • la mise à l'incinération des colonnes vertébrales des bovins de plus de 30 mois et des amygdales quel que soit l'âge des bovins, alors qu'ils n'étaient plus considérés comme MRS pour les animaux nés et élevés en France ou provenant de pays à risque « négligeable ».
    • la mise à l'incinération des quatre derniers mètres de l'intestin grêle + cæcum + mésentère de tous les bovins quel que soit leur âge alors qu'ils n'étaient plus considérés comme MRS pour les animaux nés et élevés en France ou provenant de pays à risque « négligeable ».
  • Ce bovin euthanasié sur l'exploitation a été testé à l'équarissage (traitement des animaux morts en exploitation ou de manière suspecte et n'entrant pas dans la chaîne alimentaire) dans le cadre des mesures d'épidémiosurveillance nationale. En France, tous les bovins âgés de plus de 48 mois sont systématiquement testés dès lors qu'ils sont à l'équarrissage.

  • Les diagnostics permettant d’établir avec certitude la présence du prion pathogène responsable de l’ESB sont pratiqués après la mort ou l’euthanasie de l’animal et reposent :

    • soit sur un examen histopathologique permettant de mettre en évidence des lésions spongiformes de l’encéphale caractéristiques,
    • soit, comme c'est le cas aujourd'hui, sur un test de laboratoire (Western BLOT) permettant de détecter la présence de la protéine prion anormale.

    Les tests sont effectués dans des laboratoires agréés par l’État. En cas de retour positif de l'un de ces laboratoires, une confirmation est systématiquement effectuée par le laboratoire national de référence de l'Anses à Lyon puis par le laboratoire de référence de l'Union européenne situé au Royaume-Uni.

  • Les symptômes caractéristiques de la maladie sont des modifications du comportement et des troubles locomoteurs. Mais le diagnostic ne peut être établi qu’après la mort de l’animal.

  • La cause de l’ESB est vraisemblablement la mutation d’une protéine appelée prion, présente sous sa forme normale dans les cellules cérébrales, vers une forme anormale (appelée alors prion pathogène). Le prion est une protéine de très petite taille dont le rôle est de transmettre des messages entre les cellules. Elle est ensuite détruite par des enzymes (substances protéiques permettant des réactions biochimiques). Pour des raisons encore inconnues, cette protéine peut connaître une modification de sa structure. Elle devient alors pathogène et résistante à l’action des enzymes. Elle s’accumule autour des cellules cérébrales provoquant des cavités. La protéine pathogène offre également une grande résistance à la chaleur, à l’irradiation et aux réactions chimiques.

    L’ESB, qui a été diagnostiquée pour la première fois au Royaume-Uni en 1986, avait débouché sur la « crise de la vache folle » de 1996 à 2002. Les études épidémiologiques de cette crise avaient conclu à une contamination des aliments pour bovins préparés à partir de tissus animaux comme le cerveau et la moelle épinière, qui étaient contaminés par l’agent responsable de l’ESB. Depuis 2002, il est interdit de nourrir des ruminants avec toutes protéines animales.

    Le cas isolé diagnostiqué aujourd'hui nécessite une enquête approfondie dès lors qu'il ne présente aucun lien avec les sources épidémiologiques actuellement connues.

  • Le prion n'est pas transmissible entre animaux (contact direct...).
    A ce jour, les seules voies épidémiologiques documentées sont celles rappelées à la question ci-dessus (alimentation par des protéines animales contaminées).

  • La dénomination ancienne de « farines animales » renvoyait à des protéines issues de cadavres d'animaux impropres à la consommation alimentaire. Ces farines animales ont été mises en avant lors de la crise de la « vache folle » entre 1996 et 2002 comme responsables de la contamination des bovins.

    Aujourd’hui, et depuis 2002, il n’est plus possible, quelle que soit l’espèce animale, de nourrir ses animaux avec des farines issues de cadavres d’animaux impropres à la consommation.

    On entend parler aujourd’hui de « réintroduction de farines animales », ce qui est faux. Ce qui est vrai est que l’UE a autorisé en 2013 l’utilisation de protéines animales transformées (P.A.T.) MAIS uniquement pour l’alimentation des poissons. Il ne s'agit pas d'une question de vocabulaire mais bien de deux sujets différents.
    Les PAT ne sont pas les « farines animales » :

    • elles n'ont pas la même origine puisqu'elles sont issues de morceaux d’animaux sains,
    • elles ne peuvent être fabriquées qu’à partir d'animaux qui ne sont pas des ruminants (bovins, ovins, caprins).

    Au-delà de cette différence technique il est important de rappeler que les règles européennes INTERDISENT le « cannibalisme » (on ne pourra jamais donner des P.A.T. de porc à un porc…) et INTERDISENT l’alimentation de tous les ruminants avec des protéines animales depuis la dernière crise de la « vache folle » .

  • Plusieurs niveaux de mesures sont en place :

    • La surveillance des signes cliniques d’ESB : elle s’appuie sur le réseau national d’épidémiosurveillance visant à repérer tout bovin vivant présentant des troubles neurologiques suspects. Tout bovin présentant ces signes suspects est euthanasié et testé.
    • L’épidémiosurveillance réalisée sur les bovins dits « à risque » : elle consiste en un dépistage systématique de la maladie chez les bovins âgés de plus de 48 mois morts sur exploitation ou euthanasiés pour cause de maladie ou d’accident.

    Par ailleurs, les bovins accidentés abattus de plus de 48 mois sont également systématiquement testés à l’abattoir. Leur carcasse est consignée jusqu'au retour des résultats des tests. Ils ne peuvent rejoindre la chaîne alimentaire que si les résultats sont négatifs.

    Enfin, tous les bovins nés avant le 1er janvier 2002 (date d'interdiction européenne de toute alimentation des ruminants par des protéines animales) présentés à l’abattoir en vue d’entrer dans la chaîne alimentaire font l’objet d’un dépistage systématique de l’ESB. Comme pour les bovins accidentés, ils ne peuvent entrer dans la chaîne alimentaire qu'après résultat négatif.

    A titre d’information, un peu plus de 220 000 bovins sont testés à l’équarrissage chaque année et environ 18 000 bovins « à risque » sont testés à l’abattoir.

    Les mesures lors d'une suspicion d'ESB :

    • l’euthanasie et le prélèvement de l’encéphale du bovin suspect (en cas de suspicion clinique),
    • le recensement et la séquestration du cheptel de l’exploitation (dans tous les cas, mesures adoptées le 22/03/2016 pour le cas présent),
    • l’enquête épidémiologique afin de déterminer le mode de contamination (dans tous les cas, mesures adoptées le 22/03/2016 pour le cas présent).

    Les mesures en cas de confirmation :

    • l’abattage des bovins du troupeau nés de un an avant à un an après l’animal atteint ainsi que sa descendance née dans les deux ans précédant la mort de l'animal. On appelle cette technique l'abattage de la « cohorte ». Pour le cas présent, il s'agit donc des animaux nés entre avril 2010 et avril 2012 dans l'exploitation concernée, ainsi que tous les veaux de la vache confirmée positive nés entre mars 2013 et mars 2015,
    • la destruction des cadavres par incinération,
    • l’indemnisation des éleveurs concernés.
  • Il n 'y a aucun risque à consommer de la viande bovine ou des abats. La protection du consommateur est assurée par le retrait systématique à l’abattoir des parties de l'animal susceptibles de transmettre la maladie.