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Aurélie Bouvet © DSF

10 juillet 2017 Info +

Première observation de Phytophthora ramorum sur Mélèze en France

En mai 2017, le Département de la santé des forêts a identifié pour la première fois Phytophthora ramorum sur mélèze du Japon. En France, dans le milieu naturel, le phytophthora était jusqu’alors signalé sporadiquement, uniquement en sous-étage, essentiellement sur rhododendron. Les dégâts occasionnés sur les mélèzes en Angleterre ces dernières années suggèrent un développement identique sur la côte occidentale de la France.

Quels sont les symptômes ?

Les symptômes de ce pathogène dépendent beaucoup de l’espèce hôte. Sur mélèze du Japon, les symptômes observés en Bretagne sont des descentes de cimes, des mortalités de branches, des croissances anormales de nouvelles pousses en réaction à l'infection, ainsi que des jaunissements et des rougissements d’aiguilles. Lorsque l'infection prend de l'ampleur (comme en Angleterre), des nécroses noirâtres, des chancres et des écoulements de résine apparaissent sur les branches et les troncs.

Quelle est la cause ?

Ces symptômes sont dus à l’attaque du pathogène Phytophthora ramorum. C’est un agent très polyphage qui attaque de nombreuses espèces ligneuses forestières et ornementales (environ 120 espèces). Il se transmet principalement par le vent et de proche en proche par le biais de gouttes d’eaux infectées. En Europe, ce phytophthora a été détecté sur le mélèze du Japon en Angleterre en 2009. On a parlé à l’époque de « saut d’hôte » car le mélèze ne faisait pas partie de la liste des hôtes sensibles. En France, P. ramorum a été détecté pour la première fois en 2002 dans de nombreuses pépinières en Bretagne et Pays de la Loire sur rhododendron et viorne, puis en milieu naturel en sous-étage de peuplements forestiers en 2007 en Bretagne et en Normandie. En 2017, il est trouvé sur mélèze du Japon dans un peuplement du Finistère d’une cinquantaine d’années.

D’où vient-il ?

L’origine de ce pathogène est encore inconnue, bien que l’on suppose qu’il vienne d’Asie. Il existe plusieurs lignées : les lignées présentes aux Etats-Unis, et responsables de la mort subite du chêne ou SOD (Sudden Oak Death), ne sont pas présentes en Europe. Dans l’état actuel des connaissances, il n’y a donc pas de risque sur chêne en Europe. En Europe, le mélèze et le châtaignier sont actuellement les hôtes forestiers à plus grand risque. En France, aucun cas n’a été signalé sur châtaignier.

Quel est son impact ?

P. ramorum est un pathogène qui induit des symptômes différents selon les types d'hôtes : un « hôte foliaire » n’est pas tué mais il a un fort pouvoir de multiplication des spores, et un « hôte terminal », est infecté et tué mais il produit généralement peu de spores. Le rhododendron est un hôte foliaire typique en Europe. Le mélèze a la grande particularité de jouer le rôle à la fois d'hôte foliaire et d'hôte terminal permettant une épidémie très efficace. Les mélèzes meurent en quelques mois après l'infection. Au Royaume-Uni et en Irlande, P. ramorum a décimé 17 000 à 20 000 ha de mélèzes du Japon.

Gestionnaires, ouvrez l’œil !

P. ramorum a besoin d'humidité pour réaliser son cycle : l'humidité favorise la production de spores, leur dispersion, leur germination et l'infection des végétaux. En France, les régions Bretagne, Normandie, Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine ont un climat tout à fait favorable. Tout arbre suspect dans ces quatre régions doit être signalé au correspondant-observateur de votre secteur.

Que faire ?

Il n’existe à l’heure actuelle aucun moyen de lutte. Les mélèzes atteints sont supprimés selon un plan de gestion de foyer spécifique. Compte tenu du caractère épidémique et agressif de la maladie observé au Royaume-Uni, il est déconseillé de procéder à de nouveaux programmes de plantations forestières de mélèze du Japon dans une large zone côtière du sud-ouest au nord-ouest de la France et sur les contreforts ouest du Massif central. Les expérimentations conduites sur mélèzes d'Europe et mélèze hydride en GB ne permettant pas de conclure à leur résistance, il est également recommandé, en attendant des résultats complémentaires sur leur sensibilité et sur la lignée de P. ramorum présente en Bretagne, de ne plus planter de mélèze hybride et d'Europe dans ces régions.