Photo d'un capricorne asiatique
Michael Bohne, USDA Forest Service, Bugwood.org

05 juillet 2022 Info +

Les capricornes asiatiques, de dangereux ravageurs pour les feuillus

Le capricorne asiatique (Anoplophora glabripennis) et le capricorne asiatique des agrumes (Anoplophora chinensis) figurent parmi les ravageurs des feuillus les plus dangereux au monde. Ces grands coléoptères s’attaquent à de nombreuses espèces de feuillus vivants : érable, orme, peuplier, bouleau, saule, pommier, poirier, agrumes, frêne, hêtre, etc. Ils entraînent l’affaiblissement des arbres, leur dépérissement et leur mort. Comment contribuer à sa surveillance et à son éradication ? Toutes les informations dans cet article.

L’infestation commence généralement par les plus grosses branches. Les galeries creusées dans les tissus des branches entraînent un flétrissement des feuilles et celles creusées dans le bois de cœur des branches et du tronc affaiblissent l’arbre le rendant sensible à certaines maladies et aux dégâts dus au vent, et peuvent même entraîner la mort totale de l’arbre.

Les capricornes asiatiques sont-ils présents en Europe ?

Oui, le capricorne asiatique (Anoplophora glabripennis) est présent en Europe et en France depuis 2001. Depuis lors, des contaminations et foyers d’infestations isolés sont régulièrement signalés en Allemagne, en France, en Italie, aux Pays-Bas, en Suisse ou en Angleterre. En France, un premier foyer a été détecté en 2003 dans le Loiret. Depuis, quatre autres foyers de capricorne asiatique ont été déclarés dans différentes régions. Trois ont été éradiqués avec succès, à Sainte-Anne-sur-Brivet (Loire-Atlantique en 2010), à Strasbourg (Bas-Rhin en 2019) et en Haute-Corse (Bastia, Furiani, Biguglia en 2022), et deux font l'objet de mesures d’enrayement (Loiret, foyer découvert en 2003 et Ain, détecté en 2016).

Le capricorne asiatique des agrumes (Anoplophora chinensis) est beaucoup moins répandu dans le monde que le capricorne asiatique. Sa première colonisation en Europe a été découverte en Italie en 2000. Ce ravageur a ponctuellement été détecté aux États-Unis, dans d’autres régions d’Italie et en Suisse. Un foyer de ce capricorne découvert en juillet 2018 est en cours de gestion en Charente Maritime par les services de l’État avec l’aide de la commune de Royan. Des signaux encourageants montrent à ce stade que ce foyer est en régression significative.

Comment les identifier ?

Les deux coléoptères sont très grands, entre 20 et 37 mm de long.

De couleur noire, les deux espèces présentent de 10 à 20 taches blanches, mais le capricorne asiatique peut en compter jusqu’à 60 et leur couleur peut varier considérablement.

Les symptômes observables sont les suivants :

  • Présence de sciure à la base du tronc ou dans les fourches des arbres ;
  • Incisions et encoches de ponte ;
  • Trous d’émergence parfaitement circulaires (diamètre 10-15 mm) généralement à la base du tronc, dans l’écorce et/ou les renforts racinaires ;
  • Suintements de sève au niveau des perforations ;
  • Écorce décapée sur les jeunes rameaux ;
  • Dépérissement et dessèchement de certaines branches voire de l’arbre entier.

Que faire en présence du coléoptère ? Qui contacter ?

En cas d’observation de symptômes de la présence du ravageur, il faut marquer les arbres et les signaler rapidement aux services compétents de la DRAAF. Des inspecteurs de l’État ou de la structure d’appui mandatée par l’État (FREDON - Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) seront alors susceptibles de venir confirmer la suspicion et le cas échéant de coordonner la lutte qui devra être mise en œuvre.

Affiche sur les capricornes asiatiques de la campagne "Plantes en danger"

Quelles actions pour enrayer sa propagation ?

Mesures préventives

La principale mesure préventive consiste à empêcher l’introduction d’organismes de quarantaine en respectant les dispositions en matière d’importation et de contrôles. Dans le cas présent, il s’agit des :

  • Dispositions d’importation pour les emballages en bois : norme internationale pour les mesures phytosanitaires 15 (norme NIMP-15). Le bois d’emballage (palettes notamment) doit être soumis à un traitement thermique afin d’éliminer tous les organismes nuisibles puis marqué selon cette norme.
  • Dispositions d’importation pour les plantes vivantes :
    • L’importation en provenance de pays situés en dehors de l’UE de toute plante est soumise à une règlementation stricte. En particulier, certaines espèces végétales sont interdites d’entrée dans l’UE, toutes celles autorisées doivent être accompagnées d’un certificat phytosanitaire qui sera exigé à l’entrée dans l’Union européenne.
    • À l’intérieur des frontières de l’UE, le mouvement de jeunes arbres ou de tout plant végétal ne peut s’effectuer qu’accompagné d’un Passeport Phytosanitaire (étiquette officielle), émis sous couvert de chaque ministère chargé de l’agriculture en Europe.

Surveillance annuelle

Les services de l’état mettent en œuvre chaque année des prospections ciblées des végétaux hôtes sur le territoire national. Cette surveillance consiste en des inspections visuelles des arbres potentiellement hôtes de ces nuisibles, y compris au moyen de jumelles ou de nacelles élévatrices, en cas de suspicion.

Si l’on reconnaît ces insectes ou si l’on a un doute sur leur identification, il faut le capturer et s’adresser rapidement à votre direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF), en envoyant une photo, en précisant le lieu de l’observation et la plante concernée.

Mesures de lutte

Un arbre portant les symptômes d’attaques de l’un de ces capricornes doit être abattu dans les plus brefs délais et brûlé (dans la mesure du possible).

Dans les zones avec des foyers en cours de gestion les inspections visuelles sont renforcées et s’accompagnent de campagnes de recherche à l’aide de chiens renifleurs spécialisés. Cette lutte s’effectue sous le contrôle des agents de l’État ou de son délégataire (FREDON).

Voir aussi